26.11.2018 Views

Désolé j'ai ciné #8

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

61<br />

scénariste (triple casquette qu’il occupe sur<br />

ses deux films) avec un véritable sens de<br />

l’écriture emplit d’intelligence et d’humour<br />

- les dialogues de «Mauvaises Herbes» sont<br />

à tomber -. Un début de filmographie qui<br />

se veut surtout très personnel là où dans<br />

«Nous trois ou rien» Kheiron portait à<br />

l’écran l’histoire de ses parents, «Mauvaises<br />

Herbes» s’inspire de ses quelques années<br />

en tant qu’éducateur.<br />

Dramédie sociale qui se veut optimiste<br />

(dixit Victor Hugo en début de film : Mes<br />

amis, retenez ceci, il n’y a ni mauvaises<br />

herbes ni mauvais hommes. Il n’y a que<br />

de mauvais cultivateurs.), Kheiron y<br />

incarne avec justesse et émotion un petit<br />

arnaqueur un peu en perdition alors qu’il<br />

est obligé de s’improviser éducateur pour<br />

une bande de jeunes probablement tout<br />

aussi paumés que lui. Comme dans son<br />

précédent film, «Mauvaises Herbes» rend<br />

un vibrant hommage à ces personnes du<br />

social capables du meilleur pour aider son<br />

prochain tout en mettant au premier plan<br />

cette idée d’apprentissage et de transmission<br />

d’autant plus nécessaire auprès de ces<br />

jeunes que le système rejette en bloc au<br />

lieu de les aider. Stage obligatoire pour les<br />

six jeunes, il se transformera rapidement<br />

en stage initiatique où l’on découvrira<br />

par parcimonie les problèmes et démons<br />

qu’ils rencontrent au quotidien pour mieux<br />

les déjouer et en ressortir plus grand. En<br />

parallèle le film explore habilement le passé<br />

de Waël à travers quelques flashbacks (qui<br />

nous rappelle à certains moments «Lion»<br />

avec Dev Patel) afin de mieux cerner le<br />

personnage et les épreuves qu’il a subit tout<br />

au long de sa jeunesse.<br />

En plus d’être entouré d’incroyables acteurs<br />

pour qui «Mauvaises Herbes» est leur<br />

première expérience au <strong>ciné</strong>ma - de quoi<br />

apporter un véritable vent de fraicheur<br />

moderne -, Kheiron est accompagné de deux<br />

monstres du <strong>ciné</strong>ma français : Catherine<br />

Deneuve et André Dussollier. Véritable<br />

moment d’échange, «Mauvaises Herbes»<br />

s’équilibre par des échanges que ce soit<br />

entre Waël et les jeunes, Waël et Monique ou<br />

encore Monique et Victor d’où se dessinent<br />

les prémices d’une histoire d’amour.<br />

«Mauvaises Herbes» c’est finalement un<br />

film sur le seconde chance, une seconde<br />

chance pour l’amour, une seconde chance<br />

pour la vie.<br />

Kheiron impressione et brille par<br />

l’intelligence de ses films. Populaire sans<br />

être grossier et touchant sans être pathos,<br />

«Mauvaises Herbes» est la belle surprise<br />

de cette fin d’année et confirme le statut<br />

de réalisateur de qualité à Kheiron, de quoi<br />

nous donner envie de le revoir rapidement<br />

derrière la caméra et en espérant que cette<br />

fois les Césars ne le snobera pas (une fois<br />

mais pas deux s’il-vous-plaît.<br />

Margaux Maekelberg

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!