Désolé j'ai ciné #8
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14/11<br />
Avant même que le film n’ai le droit à une<br />
quelconque bande-annonce ou teaser,<br />
le projet «Suspiria» de Luca Guadagnino<br />
soulevait bien des interrogations et des<br />
frayeurs. Celui qui a attiré tous les regards en<br />
début d’année avec son fabuleux «Call me<br />
by your name» revient en cette fin d’année<br />
«Suspiria» du même nom que celui de<br />
1977 réalisé par Dario Argento et qui s’est<br />
rapidement hissé au rang d’incontournable<br />
pour les <strong>ciné</strong>philes les plus aguerris. De quoi<br />
effrayer encore plus les fidèles amoureux<br />
de la version d’Argento. Pour sa version<br />
2018, Luca Guadagnino reprend les mêmes<br />
ingrédients (même histoire) pour réussir à y<br />
insuffler sa patte. Radicalement différent.<br />
Et si le secret était que Luca Guadagnino était<br />
fan du «Suspiria» de Dario Argento ? Loin<br />
de vouloir simplement surfer sur le nom de<br />
ce chef-d’oeuvre, le réalisateur italien qui a<br />
découvert le film lorsqu’il avait 6 ans nous<br />
en offre sa propre vision. Certains éléments<br />
restent les mêmes : Susie Bannion, jeune<br />
danseuse américaine débarque à Berlin en<br />
espérant intégrer la prestigieuse compagnie<br />
de danse Helena Markos alors que de<br />
mystérieux évènements ont lieu au coeur<br />
de cette école où s’entremêlent intimement<br />
danse et sorcellerie.<br />
Ce qui démarquait le «Suspiria» de Dario<br />
Argento - et qui nous frappe encore<br />
aujourd’hui au visionnage du film - est sa<br />
sur-esthétisation avec ses saturations de<br />
couleurs et notamment de rouge ainsi que<br />
sa bande-son stridente qui nous pétrifiait<br />
dès les premières secondes. Guadagnino dit<br />
adieu à tout ça en y imposant sa patte assez<br />
semblable à «Call me by your name» avec<br />
des couleurs beaucoup plus douces voir<br />
parfois même absolument désaturées pour<br />
SUSPIRIA<br />
offrir un cadre beaucoup plus réaliste à<br />
Susie Bannion. Beaucoup moins agressif - à<br />
prendre dans le bon sens du terme - que son<br />
prédécesseur, «Suspiria» s’inscrit beaucoup<br />
plus dans un réalisme qui réussit à être<br />
tout aussi angoissant de par l’atmosphère<br />
distillée doublée par une BO de Thom Yorke<br />
(le leader de Radiohead rien que ça) qui,<br />
dans un tout autre style, sait parfaitement<br />
retranscrire cette angoisse grandissante qui<br />
naît en nous au fur et à mesure du film.<br />
Le réalisateur réussit le tour de main de se<br />
détacher totalement de l’oeuvre originale<br />
en déplaçant déjà son action à Berlin en