Smart Cities Luxembourg - n°12
Le 12ème numéro du trimestriel de la ville intelligente. Infos et contact : secretariat@livinggreen.lu
Le 12ème numéro du trimestriel de la ville intelligente. Infos et contact : secretariat@livinggreen.lu
- No tags were found...
Create successful ePaper yourself
Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.
ÉDITO<br />
3<br />
Les jeux olympiques d’hiver 2022,<br />
une aberration climatique<br />
Malgré le discours rassurant du Comité International Olympique<br />
(CIO) affirmant que « les principes de soutenabilité<br />
avaient été intégrés à toutes les étapes de la préparation des<br />
JO pour minimiser les impacts négatifs des jeux et maximiser<br />
les effets positifs », les Jeux olympiques d’hiver de Pékin de<br />
2022, organisés en Chine du 4 au 20 février, n’en demeurent<br />
pas moins une aberration écologique dénoncée par les experts.<br />
Déjà pointée du doigt pour le non-respect des droits de<br />
l’Homme, boycottée diplomatiquement par plusieurs pays à<br />
cause du génocide des Ouïghours, la Chine n’échappe pas aux<br />
critiques concernant la protection de l’environnement. Elle est<br />
loin l’image de carte postale des sommets enneigés des premiers<br />
Jeux olympiques d’hiver à Chamonix, en 1924. Presque<br />
un siècle après, les épreuves de ski alpin se déroulent sur un<br />
tapis de neige 100% artificielle. La carte postale actuelle se résume<br />
à quelques rubans de blanc au milieu d’un océan de brun.<br />
« Organiser des JO dans cette région est une aberration, c’est irresponsable<br />
» regrette la géographe Carmen de Jong, de l’Université<br />
de Strasbourg. Pour remédier à un climat refusant de se plier à<br />
l’agenda olympique et blanchir quelque neuf kilomètres de pistes<br />
pour la compétition, il a fallu utiliser 100 générateurs de neige et<br />
300 canons. 185 millions de litres d’eau ont été nécessaires, soit<br />
l’équivalent de 800 piscines olympiques selon un rapport de<br />
l’ONG China Water Risk. Ce prélèvement d’eau dans une région<br />
aride a de quoi inquiéter, d’autant plus que les autorités chinoises<br />
comptent promouvoir la pratique du ski et attirer chaque année<br />
plus de 300 millions de Chinois sur les différents sites olympiques.<br />
Même si les autorités chinoises s’en défendent en affirmant organiser<br />
des jeux durables et propres qui utilisent exclusivement<br />
de l’électricité verte issue d'éoliennes et de panneaux photovoltaïques,<br />
ainsi que des transports propres, le constat cinglant<br />
ne fait que nous questionner sur le bienfondé de ces grandsmesses<br />
sportives à dimension planétaire qui coûtent cher et<br />
fragilisent davantage l’environnement. Si la Chine entretient<br />
son image de puissance sur l’échiquier mondial en organisant<br />
les Jeux olympiques d’hiver à grands frais, c’est surtout l’attitude<br />
du Comité International Olympique et ses choix quant aux<br />
pays organisateurs qui posent question. Les critères de sélection<br />
sont-ils uniquement politiques et économiques au détriment<br />
des impératifs climatiques ?<br />
Dans ses principes directeurs, le CIO place la durabilité au<br />
deuxième rang de ses préoccupations, mais il est regrettable<br />
de constater que sur le terrain de la réalité il n’en est rien. Les<br />
Jeux olympiques d’hiver 2022 de Pékin se terminent en laissant<br />
un goût amer malgré la beauté du spectacle. Le show<br />
doit se poursuivre, les aberrations climatiques aussi. Le Qatar<br />
accueillera le mondial de football au mois de décembre<br />
prochain dans des stades totalement climatisés à cause de la<br />
chaleur. La facture environnementale risque d’être lourde et<br />
les instances sportives mondiales telles que le CIO ou la FIFA<br />
semblent imperméables à la catastrophe climatique pourtant<br />
annoncée. Décidément, le prestige politique et les impératifs<br />
économiques ont encore plus de poids que les préoccupations<br />
d’ordre écologiques.<br />
Par R. Hatira