REPORTAGE SUR UN CAS DE SINISTRE L’art de rebondir Fox Hardegger est un battant. Il y a six ans, après avoir tout perdu pour la deuxième fois de sa vie, il ouvre un atelier de torréfaction de café à Horgen. Mais le sort s’acharne: la COVID, d’abord, vient lui mettre des bâtons dans les roues, suivie de près par un incendie. Texte Simona Altwegg Photos Marco Vara P ousser la porte du café de la brûlerie des Seehallen, à Horgen, est une invitation au voyage: baigné de réconfortants effluves de café, le lieu à la décoration cosy est parsemé de plantes qui lui donnent des allures de jungle: Bali ou les Philippines ne sont pas loin. L’ambiance décontractée et intimiste est propice aux discussions. Près du comptoir, le gérant Philipp – Fox, comme il aime se faire appeler – Hardegger observe l’activité de son établissement. L’homme dégage calme et charisme. Pourtant, son parcours n’a rien d’un long fleuve tranquille. Victime d’une fraude de plusieurs millions Le Bernois d’origine avait déjà monté deux entreprises – une au Vietnam et une à Singapour – employant plus de 1000 personnes, et par deux fois il a tout perdu. Il sait donc de quoi il parle quand il déclare: «Le plus important est de se relever.» L’ancien multimillionnaire est à deux reprises reparti de zéro: la dernière en date, c’était il y a six ans, lorsqu’il est rentré en Suisse sans un franc sur son compte avec son épouse Anh et leur fille. Le business plan pour la brûlerie qu’il comptait ouvrir à Los Angeles était prêt, la vente de son entreprise à des investisseurs pour plusieurs millions de francs était actée. Hélas, les investisseurs étaient des escrocs, et Fox n’a jamais vu la couleur de son argent. Il a dépensé ses économies en frais d’avocat, mais son dossier n’a jamais abouti. Même aux heures les plus sombres, Fox Hardegger n’a jamais baissé les bras. Et plutôt qu’aux États-Unis, c’est dans son pays natal qu’il a choisi de créer son atelier de torréfaction. Son <strong>Mon</strong> <strong>Entreprise</strong> Dans la brûlerie des Seehallen, à Horgen, qui propose aussi de la petite restauration, Fox Hardegger et son équipe de douze personnes torréfient du café bio issu du commerce équitable sous la marque Onesto, qui est distribué par Migros et Coop, par des partenaires en ligne comme Digitec Galaxus, Brack ou Farmy, et par le propre site Web de l’entreprise. onesto.ch Avec le code promotionnel «AXA», les lectrices et lecteurs de <strong>Mon</strong> <strong>Entreprise</strong> peuvent bénéficier d’une réduction de 10% sur leur commande (jusqu’au 30 septembre <strong>2023</strong>). cercle d’amis l’a aidé à trouver des investisseurs suisses. Le concept: ouvrir la première brûlerie de Suisse climatiquement neutre et qui ne propose que du café bio et équitable. «Nous avons la conviction que les Suisses ont les moyens de consommer du café durable, et que cela devrait même être la règle. Si cela n’arrive pas en Suisse, cela ne se fera nulle part», dit-il. À peine la jeune entreprise avait-elle vu le jour que Fox et Anh Hardegger se heurtaient à un nouvel obstacle: la COVID et la fermeture de leur commerce, un gros coup dur si peu de temps après son ouverture. Mais ils ont tenu bon, et la clientèle est revenue. L’entreprise a enfin pu déployer ses ailes. Le couple cherchait inlassablement les meilleurs mélanges de crus, peaufinait la commercialisation et torréfiait les grains les plus aromatiques dans l’atelier qui jouxte le café et dont il n’est séparé que par une vitre. Jusqu’à ce que le destin frappe encore, un lundi après-midi de juillet 2021. Incendie dans le torréfacteur La journée se termine, Anh Hardegger s’apprête à éteindre le torréfacteur quand elle remarque une forte odeur de brûlé. En y regardant de plus près, elle constate que de la fumée s’échappe du récipient qui recueille les déchets de la torréfaction – de fines pellicules de café. Elle en informe immédiatement l’équipe et alerte les pompiers. Ceux-ci déploient un impressionnant dispositif et évacuent le bâtiment. En plus de la brûlerie, le complexe Seehallen de Horgen accueille des bureaux et des commerces répartis sur quatre étages. «Ce n’est qu’une fois dehors que j’ai pris la mesure de la situation. ▶ <strong>Mon</strong> ENTREPRISE 22 02/<strong>2023</strong>
REPORTAGE SUR UN CAS DE SINISTRE 1 2 Photo: Michael Trost 1 – Fox et Anh Hardegger ne baissent pas les bras facilement. 2 – La machine d’où est parti le dégagement de fumée. 3 – Les pompiers ont vite maîtrisé la situation. 4 – Le café de la brûlerie n’a heureusement subi aucun dommage. 3 4 02/<strong>2023</strong> 23 <strong>Mon</strong> ENTREPRISE