Production Maintenance 82

MANAGEMENT
ENTRETIEN
« L’objectif de la sous-traitance en
maintenance est de rendre son client
plus performant »
Auteur d’un ouvrage édité chez Dunod, Rabah Achemaoui, ancien directeur des contrats de maintenance
chez Endel, revient dans cet entretien sur les bénéfices en matière de sous-traitance des interventions de
maintenance, mais aussi les points de vigilance et les bonnes pratiques à adopter.
Rabah Achemaoui
Directeur du développement de la
maintenance et digitalisation chez
Fouré Lagadec (groupe SNEF),
Rabah Achemaoui est également
représentant de l’Afim pour la région
Normandie.
Pourquoi en France la soustraitance
de la maintenance
est-elle si importante ?
Au fil du temps, la filière maintenance
s’est professionnalisée, faisant émerger
des acteurs majeurs avec, à l’opposé,
une constellation de petites entreprises
intervenant également sur une partie de
la palette de services en maintenance. Ce
marché ne cesse de croitre d’année en
année car les clients industriels continuent
de se recentrer sur leur cœur de métier qui
demeure la base de leurs développements.
L’objectif principal de la sous-traitance est
d’être globalement plus performante tout
en évitant une dilution des ressources et
un manque de synergies entre des activités
trop éloignées les unes des autres.
Quel point de vue général portezvous
sur la maintenance soustraitée
?
Mon point de vue est forcément très positif
au regard des enjeux actuels (efficacité
énergétique, décarbonation, productivité,
efficacité, etc.). L’objectif de la sous-traitance
en maintenance est de rendre son
client plus performant. Ce dernier doit
aussi augmenter la profitabilité de ses
fournisseurs en partageant une partie
des gains générés par ses partenaires.
Quelles sont les limites de
l’externalisation de la maintenance
et ses principaux atouts ?
Les limites sont définies au cas par cas
en fonction des besoins des clients, des
stratégies adoptées et de l’environnement
technique et commerciale de l’industriel.
Quant aux principaux atouts de
la sous-traitance, retenons la flexibilité
des ressources humaines, l’accès à des
experts métiers, la synergie des moyens
matériels ou encore les méthodes proposées
et la productivité des équipes
d’intervention, etc. Enfin, il n’y a pas de
contrat « magique » ; ma préconisation
Couverture de
l’ouvrage de
Rabah Achemaoui,
paru fin 2022,
intitulé La
maintenance soustraitée,
Bénéfices,
points de vigilance
et bonnes
pratiques, aux
éditions Dunod
est de de co-construire le contrat entre
client et fournisseur car c’est la meilleure
solution pour amplifier la créativité et
faciliter la coopération.
D’après vous, doit-on poursuivre
la tendance vers plus de soustraitance
des métiers de la
maintenance ou prendre le chemin
inverse ?
Personnellement, je pense que les industriels
vont continuer à sous-traiter tous
les services périphériques à leur cœur
de métier. La plus grande difficulté
aujourd’hui est de trouver et de garder
les bonnes compétences pour réaliser la
maintenance car il y a une vraie pénurie.
En effet, on ne forme pas suffisamment
de soudeurs, de tuyauteurs, d’électromécaniciens,
etc. pour répondre au besoin
du marché ●
Propos recueillis par Olivier Guillon
36ı PRODUCTION MAINTENANCE • N°82 • juillet - août - septembre 2023