Zermatt Magazin 2015

ecouvrent les montagnes du Valais.
René Fux est alors au plus près de
son objectif, qui est d’exprimer le
plus de choses possible à partir
d’un minimum d’éléments. Il mélange
les couleurs pour obtenir des
nuances de gris qu’il appose sur la
toile par couches successives. Il a
également recours à l’acide pour
créer des ombres et des dégradés
inhabituels, en faisant apparaître
des structures et des effets de transparence
intéressants.
Les hameaux, les chapelles et les
constructions en bois de la vallée de
Zermatt sont des éléments expressifs
privilégiés de ces séries en noir
et blanc. René Fux les peint dans
des teintes très sobres qui se fondent
dans les paysages enneigés modelés
«La montagne
a jailli de la terre et
surgi de l’invisible.
C’est l’invisible
qui donne sa force
au visible.»
par les tempêtes hivernales. Ces
œuvres illustrent son aptitude remarquable,
saluée par les critiques
d’art et les galeristes, à créer des atmosphères
captivantes et mystiques
en usant d’outils picturaux minimalistes.
Il suscite de la sorte une réflexion
chez l’observateur et l’invite
à interpréter à son idée les motifs
représentés.
Durant l’hiver 2013/2014, René
Fux a créé sur ce modèle une série
– petite par la taille, mais très grande
par l’effet produit – dans laquelle
l’emblème de Zermatt est réduit au
rang d’une miniature incorporée
dans un mince ruban. Pour cela, il a
utilisé une peinture aux oxydes métalliques
additionnée d’acide afin
de lui donner un aspect de rouille.
Là encore, l’œuvre est dominée par
l’arrière-plan tout en nuances de
gris. La seule note rouge se trouve
sur le bord inférieur, où le nombre
4478 (l’altitude du Cervin) est apposé
en guise d’unique signature.
Ni cadres ni site Internet
L’été, René Fux travaille avec des
couleurs plus vives. Ses œuvres
actuelles, de petites dimensions,
traitent de la vie et du caractère
éphémère de l’existence. Ses compositions
sont émaillées d’illustrations
et de fragments d’écrits provenant
de publications anciennes.
Dans le cas des vues du Cervin, il
s’agit d’anciens timbres de la Poste
Suisse qu’il dispose sur le bord inférieur
ou sur le côté des toiles, en
y appliquant un cachet spécial qui
tient lieu de signature.
«Je peins chaque tableau pour moimême,
par envie de créer, affirme
René Fux. S’il s’avère ensuite que le
résultat plaît à un amateur d’art,
cela me réjouit doublement.» Il
conçoit ses œuvres de manière qu’il
ne soit pas nécessaire de les engoncer
dans un cadre. Ses tableaux font
volontiers quatre à neuf centimètres
d’épaisseur et sont en eux-mêmes
de véritables objets d’art. René Fux
ne peint que des originaux et refuse
toute reproduction de ses œuvres.
Une fois qu’il a achevé un tableau,
il s’efforce de l’effacer le plus rapidement
possible de son esprit afin
de laisser place à de nouvelles
sources d’inspiration. Ainsi, il ne
prend en règle générale aucune
photo de ses créations et renonce
systématiquement à toute mesure à
caractère publicitaire, qu’il s’agisse
d’expositions, de catalogues ou encore
de sites Internet. Il ne vend ses
tableaux que dans son atelier de
Zermatt où il est heureux d’accueillir
les amateurs d’art autour d’un
verre de vin.
zm