Zermatt Magazin 2015

Einheimische Produkte | Zermatt Magazin 75
des oreillers en laine de mouton.
Et nous vendons des couvertures et
de la laine à tricoter.
La viande est-elle également utilisée
dans votre entreprise?
Nous ne vendons pas un seul kilo de
viande de mouton. Nous utilisons
dans nos restaurants 4 tonnes de
viande séchée.
Les Julens ne sont donc pas des amis
des loups, si?
La question ne se pose pas pour un
berger passionné. Les moutons et
les loups ne vont pas ensemble.
Nous, les bergers, ne trouvons le
loup en rien sympathique.
Où est le problème?
Je ne comprends pas que notre gouvernement
cantonal en particulier
se montre aussi coopératif pour la
réintroduction du loup. Nous devons
nous occuper des terrains qui
ont nourri nos ancêtres. Sans l’agriculture
de montagne, nous ne serions
pas là.
Est-il possible de protéger sérieusement
des troupeaux sur nos alpages avec des
chiens ou des enclos contre les loups?
Absolument impossible. C’est une
utopie complète. On veut retourner
aux temps anciens, où les enfants et
une main-d’œuvre bon marché accompagnaient
les troupeaux sur les
alpages. En outre, la Confédération
a décidé que nous devions faire
paître les moutons à l’alpage en
troupeaux de 300 à 400 bêtes en les
surveillant.
Quelles seraient les conséquences?
En menant de grands troupeaux de
moutons à plus de 3000 m d’altitude
sur nos alpages, nous détruisons
l’herbe. Cela ne peut pas être
le but d’une exploitation moderne
de l’alpage.
Faut-il estiver sur chaque alpage
perdu et oublié?
Surement pas. Une étude demandée
par le gouvernement valais
montre que, rien que dans notre
canton, 150 alpages ont été taxés
comme nuls, comme inutilisables et
exclus car impossibles à protéger
pour le menu bétail. Les éleveurs de
moutons régionaux devraient donc
faire estiver ensemble leurs bêtes rassemblées
en grands troupeaux sur
des alpages pouvant être protégés.
Cela ne correspond quand même
pas au sens et au but de la conservation
de la biodiversité et du paysage.
«Les moutons et les loups
ne vont pas ensemble.»
Cela signifie que ce sont
les alpages et non les moutons
qui doivent être protégés?
Dans diverses régions, des zones
rouges ont été exclues. Les moutons
n’ont plus le droit d’y pâturer l’été.
Les herbages avec de l’herbe morainique
sont devenus des zones méritant
d’être protégées. Depuis des
siècles, les moutons y paissent et font
en sorte que ces pâtures existent encore.
Alors pour ce changement? C’est
ainsi qu’on détruit encore plus ce que
l’on voudrait conserver. Au lieu de
faire monter peu de bêtes à l’alpage,
nous devons en faire monter encore
plus, afin de contrebalancer la forte
sous-exploitation de nos alpages.
Comment évaluez-vous la signification
de l’élevage de moutons pour le
tourisme dans une station de villégiature
comme Zermatt?
L’élevage de moutons dans le
Haut-Valais ne doit pas être sous-estimé.
Nous avons ici une énorme
culture du mouton. Elle est étroitement
liée à l’agriculture de montagne.
De cette valeur profite aussi
le tourisme. Tous les jours j’ai des
demandes d’achats de moutons.
Mon fils organise régulièrement des
visites de l’étable en plusieurs langues.
Dans notre restaurant d’alpage
sur le Stafelalpe, des groupes
ou des tables entières s’inscrivent
chez ma femme pour apprendre à
fabriquer le fromage d’alpage. Lors
de voyages en Asie, les gens nous
demandent régulièrement de raconter
la promenade des chèvres dans
la Bahnhofstrasse de Zermatt et
sont passionnés. Un motif de photo
est également de la culture.
Cela signifie?
Le tourisme et l’agriculture ont une
signification énorme pour un lieu
touristique. Ce n’est pas artificiel,
ce sont nos racines. Et nous transmettons
ces valeurs aux touristes.
Les gens ne viennent pas pour un
«rösti» à Zermatt, mais pour le
monde haut-alpin, la nature exceptionnelle
qui est justement conservée
par l’agriculture de montagne.
La faune et la flore sont les véritables
atouts du tourisme estival.
Des remontées de ski, des téléphériques
et des pistes, il y en a partout.
Le gros bétail est-il également
un thème pour vous?
Bien sûr, et nous n’en parlons pas
seulement, nous agissons aussi. À
Zermatt, il n’y actuellement plus
qu’un seul alpage de vaches utilisé
et il atteint ses limites. C’est pourquoi
nous avons décidé que l’été
prochain, nous nous occuperons de
l’élevage de vaches en plus des moutons.
Cela permettra d’augmenter la
population de gros bétail à Zermatt.
Les premières vaches que nous ferons
estiver sur le Stafelalpe arriveront
avant la fin de l’année.
Culture signifie engagement
et responsabilité. Transmettez-vous
ce bien culturel?
Nous faisons de notre mieux. C’est
notre devoir de transmettre aux
jeunes, à la prochaine génération, ce
bien culturel de manière durable. zm