Olive Senior - PEN International
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DES PAROLES ... DÉCOUVERT EN TRADUCTION<br />
FOUND IN TRANSLATION<br />
DÉCOUVERT EN TRADUCTION<br />
DESCUBIERTO EN TRADUCCIÓN<br />
SPONSORED BY<br />
Made possible with support from Bloomberg, ‘Found in Translation’ features<br />
at least one story, excerpt, poem or essay per issue, newly rendered from<br />
any source language into English, French or Spanish. The works will have<br />
never before been published in these languages, or will have been previously<br />
published for a limited readership only.<br />
S. Y. Agnon<br />
Les bougies<br />
Traduit de l’hébreu par Rita Sabah<br />
Je décidai de prendre le temps d’aller à la plage. J’étais bien trop occupé pendant la<br />
semaine pour penser à me baigner, mais la veille du shabbat, dans l’après-midi, je me<br />
libérai de toutes mes obligations, pris une liquette propre et partis me baigner.<br />
En chemin, je rencontrai monsieur Apropo. C’était un homme d’une taille<br />
inférieure à la moyenne, avec un gros ventre tout rond ou peut-être carré, le dos<br />
courbé et la tête posée sur le cœur, le visage toujours gai et un sourire figé sur les<br />
lèvres. C’est ce sourire qui m’attira, même si je savais qu’il ne m’était pas adressé.<br />
Je lui fis un signe de tête et lui dis bonjour. Après m’avoir salué à son tour, il me<br />
demanda si j’allais prier chez les kabbalistes. J’acquiesçai en silence, mais sans même<br />
prononcer un mot je lui avais menti. Je ne voulais pas lui mentir mais il m’était<br />
difficile de ne pas être du même avis que lui. J’étais gêné, comme à chaque fois<br />
que je rencontrais monsieur Apropo, car je savais que je ne lui donnais pas entière<br />
satisfaction, sans doute parce que j’avais regardé sa fille alors qu’elle ne m’était pas<br />
destinée.<br />
Je finis par le suivre et rentrai avec lui dans une maison que je ne connaissais<br />
pas. Tout y était prêt pour le shabbat, mais les gens de la maison vaquaient à leurs<br />
occupations comme s’il s’agissait d’un jour de semaine. Il y avait là un homme qui<br />
vendait des livres écrits en samaritain. Je les feuilletai et, à ma grande surprise, je<br />
compris tout ce que je lisais. J’eus l’impression que ces pages m’étaient connues, soit<br />
parce que je les avais écrites moi-même et qu’elles avaient été retranscrites dans<br />
cette langue, soit parce que j’avais voulu les écrire, en vain parce que ma plume ne les<br />
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