Côte d’Ivoire
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8 EXPLOITATION MINIÈRE<br />
sont libres de creuser en l’absence de réglementation<br />
gouvernementale. En effet, les difficultés économiques,<br />
qui sont si souvent une conséquence des conflits, obligent<br />
fréquemment les personnes qui avaient auparavant<br />
une autre profession à passer à l’exploitation minière<br />
artisanale, comme mécanisme d’adaptation. Comme<br />
avec l’exploitation minière industrielle, les deux groupes<br />
rebelles et le gouvernement demandent souvent de<br />
l’argent aux mineurs artisanaux dans les zones de conflit,<br />
en échange de leur protection.<br />
L’évaluation du PNUE portait sur les mines industrielles<br />
et artisanales, même si l’accent était mis davantage sur<br />
les mines artisanales, qui ont proliféré pendant la crise<br />
et fonctionnaient sans surveillance du gouvernement<br />
ni contrôle de l’environnement.<br />
8.1 Mine d’or d’Ity<br />
La mine d’Ity est située à l’ouest de la <strong>Côte</strong> <strong>d’Ivoire</strong>, 700<br />
km au nord-ouest d’Abidjan, à la frontière libérienne. La<br />
géomorphologie de la région d’Ity est typique des zones<br />
de forêt tropicale. On dit souvent du paysage qu’il est en<br />
«demi-oranges» en raison de la succession de collines<br />
arrondies avec des pentes convexes séparées par un<br />
système de drainage bien développé. L’altitude varie<br />
entre environ 225 m et plus de 400 m, et la végétation<br />
se compose de forêt secondaire que l’on trouve sur les<br />
collines, et de garrigue, avec des terres agricoles cultivées<br />
sur les pentes. La rivière Cavally est située à environ 1 km<br />
des activités minières.<br />
Du cuivre et de l’or ont été découverts près du village d’Ity<br />
dans les années 1950 mais aucune estimation géologique<br />
n’a été effectuée de manière systématique avant 1970.<br />
La concession a été octroyée en 1987 et l’exploitation<br />
minière a commencé en 1991. Depuis, 600 000 onces<br />
d’or ont été produites. La mine compte trois puits à<br />
ciel ouvert (Flotouto, Zia et Mont Ity) et a plusieurs<br />
propriétaires : la Compagnie Minière Or (COMINOR,<br />
avec une participation de 45,9 pour cent), SODEMI<br />
(44,1 pour cent) et le Gouvernement ivoirien (10 pour<br />
cent). Au moment de l’étude, la mine employait environ<br />
400 employés et 200 entrepreneurs, et était exploitée par<br />
La Mancha, une société canadienne avec 21 pour cent<br />
de capitaux ivoiriens.<br />
La mine, qui s’étend sur 25 km2, est bien visible et peut être<br />
observée à partir d’images satellites (illustration 7). Elle<br />
recourt à l’extraction classique à ciel ouvert : la végétation<br />
de surface et la terre (appelées morts-terrains dans la<br />
terminologie de l’exploitation minière) sont d’abord<br />
retirées pour atteindre les couches du sol qui renferment<br />
les matières précieuses. Le minerai – la terre qui contient<br />
des quantités commercialement exploitables de métal<br />
précieux - est ensuite extrait par excavation ou dynamitage<br />
si nécessaire. Une fois que le minerai est extrait, on l’apporte<br />
dans une zone distincte où il est ensuite traité. Le minerai<br />
contient généralement moins de 2 pour cent de métaux<br />
précieux et 98 pour cent des matières extraites sont donc<br />
ensuite éliminées sous forme de résidus. La mine d’Ity a<br />
été ouverte avant qu’il ne soit obligatoire d’effectuer une<br />
évaluation d’impact environnemental ; aucun document<br />
de base fournissant des informations sur le profil<br />
écologique ou les répercussions sur l’environnement n’est<br />
donc disponible. Cependant, l’expérience internationale<br />
montre que les mines industrielles à ciel ouvert ont<br />
différentes répercussions sur l’environnement :<br />
création d’un accès à la mine, en particulier lorsque<br />
la mine est située une zone reculée ou sensible ;<br />
déforestation et défrichement des terres pour<br />
créer la mine et les installations connexes ;<br />
élimination des morts-terrains et des résidus<br />
miniers ;<br />
pollution chimique de l’air, de la terre et de l’eau en<br />
raison de la transformation de la mine et des résidus ;<br />
bruit et pollution par les poussières dues aux<br />
explosions, transport et broyage des minerais ;<br />
problèmes liés aux bureaux et aux logements<br />
du personnel (gestion des déchets, eaux usées,<br />
approvisionnement en eau) ; et<br />
répercussions sociales liées à l’établissement de<br />
camps<br />
La mine d’Ity existe depuis plus de deux décennies et<br />
son empreinte physique sur l’environnement est déjà<br />
bien établie ; l’évaluation du PNUE a donc porté sur<br />
les défis environnementaux actuels du site, les plus<br />
importants étant ceux qui sont associés au traitement<br />
des minerais. Les minerais sont traités par lixiviation en<br />
tas. Au cours de ce procédé, on saupoudre une solution de<br />
cyanure sur le dessus du tas; l’or contenu dans le minerai<br />
réagit avec le cyanure et il est transporté sous forme<br />
liquide et piégé par une membrane imperméable. La<br />
solution de cyanure qui contient l’or est ensuite récoltée<br />
dans un étang. L’or est extrait du lixiviat de cyanure par<br />
adsorption sur charbon actif, ce qui laisse la majeure<br />
partie du cyanure dans la solution. Cette solution est à<br />
nouveau pompée sur le dessus du tas de lixiviation et le<br />
processus se poursuit pendant 45 à 90 jours, jusqu’à ce<br />
que l’or commercialement récupérable ait été lessivé. On<br />
ajoute ensuite du minerai fraichement extrait sur le tas<br />
de minerai et le processus continue. L’or désorbé du<br />
charbon actif est ensuite récupéré grâce à un procédé<br />
électrolytique afin de produire des barres d’or pur.<br />
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