dernier numéro de décembre - ALBA
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[ Diary of Dreams |<br />
Nekrolog 43 - Hypo)<br />
crypticK(al ]<br />
réduites en lambeaux. Déchéance y traîne.<br />
Éternelle vagabon<strong>de</strong>. Aux coins <strong>de</strong> ses rues<br />
- et dans leurs moindres recoins. Sur ses<br />
places désertes. Et ses friches abandonnées.<br />
Construction s’y propage. Violeuse sans<br />
scrupules du terroir. Impitoyable tueuse à gage.<br />
Exécutions en masse. Démesuré carnage.<br />
Commerces d’architectures. En effervescence<br />
quasi virulente. Marché calamiteux. En<br />
fléaux contagieux. Infiltrées jusque dans ses<br />
entrailles les plus sépulcrales, Beyrouth recèle<br />
en elle toutes les contradictions pleinement<br />
favorables à sa contemporanéité naissante.<br />
On la vit intensément, on le sait d’emblée.<br />
Davantage <strong>de</strong> saccage marquera sa postérité.<br />
Inévitablement.<br />
Et maintenant. Comment embrasser autant<br />
<strong>de</strong> lai<strong>de</strong>ur, d’incohérence et <strong>de</strong> tourment ?<br />
Combattre en nous une aversion chaque jour<br />
grandissante, vis-à-vis d’un univers <strong>de</strong> reliques<br />
désuètes qui nous entoure et nous opprime à<br />
tout niveau ? Pourquoi ne se débarrasseraiton<br />
pas <strong>de</strong> cette disposition fâcheuse et futile<br />
<strong>de</strong> toujours vouloir embellir - sinon abolir<br />
- les objets qui dérangent ? Pourquoi nous<br />
faut-il toujours spéculer, planifier, organiser,<br />
astiquer, étiqueter, rationnaliser les choses ?<br />
Pire, « systématiquement enseigner » cela aux<br />
générations ascendantes d’architectes-en<strong>de</strong>venir<br />
?! La peur ?<br />
Pour délivrer la Ville, il faudrait commencer<br />
à libérer l’Académie - champ expérimental<br />
premier par excellence - <strong>de</strong> maintes<br />
endémies. Il est temps <strong>de</strong> prendre possession<br />
<strong>de</strong> Beyrouth. Y transformer la désolation<br />
régnante en extrême fascination. Y<br />
condamner à perpétuité « la fausse esthétique<br />
collée comme un maquillage outrancier sur<br />
le visage <strong>de</strong> la médiocrité ». Il est temps…<br />
grand temps que les académiciens comateux<br />
se réveillent. Qu’ils décongèlent leurs esprits<br />
sclérosés et les décongestionnent. Et que les<br />
masques tombent ! Au « Grand Théâtre <strong>de</strong><br />
l’Anesthésie Généralisée et <strong>de</strong> l’Hypocrisie<br />
Intellectualisée». À l’« Auguste Temple <strong>de</strong><br />
la Fausse Dévotion ». Assez <strong>de</strong> ces sordi<strong>de</strong>s<br />
équivalences d’un rétrogra<strong>de</strong> Léon Krier, ainsi<br />
que <strong>de</strong> ces bien moins heureuses versions d’un<br />
Massimo Scolari !... Nos précieux étudiants<br />
doivent savoir que leur initiation académique<br />
- trop linéaire à tord, sinuosité à souhait - est<br />
indiscutablement loin d’ « être un long fleuve<br />
bien tranquille ». Et qu’à présent et plus que<br />
jamais, les temps <strong>de</strong> la désillusion suprême<br />
planent menaçants, au-<strong>de</strong>ssus <strong>de</strong> la « Vaste<br />
Esplana<strong>de</strong> <strong>de</strong>s Charognards ». Tensions<br />
constructives et tiraillements, tractations<br />
idéologiques et anti idéologiques. Culture<br />
<strong>de</strong> combat. Immense motivation. L’apathie,<br />
elle, n’est que l’argumentation passive <strong>de</strong> la…<br />
mort !<br />
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