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dernier numéro de décembre - ALBA

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Le métier d’ingénieur du son<br />

« Je me définis comme un praticien et je pratique <strong>de</strong>puis<br />

quasi 40 ans.<br />

C’est génial ce métier : en cinéma on travaille tout seul, on<br />

prend totalement en charge le travail, on se succè<strong>de</strong> sur un<br />

film, <strong>de</strong>ux personnes à la prise <strong>de</strong> son, une au montage et<br />

une au mixage et on ne se croise jamais, c’est quand même<br />

incroyable, et la seule personne qui peut prendre tout ça<br />

en charge, c’est le réalisateur. Hitchcock ou Lynch sont<br />

connus pour ça et saviez-vous que Tati faisait lui même<br />

ses bruitages ?<br />

Les techniques sont différentes selon les médias : pour<br />

la musique, on met les micros sur pied, pour le cinéma,<br />

on les déplace, c’est ce en quoi la prise <strong>de</strong> son est une<br />

représentation du mon<strong>de</strong>.<br />

En théâtre, c’est différent. Par exemple, chez Beckett, il n’y<br />

a pas <strong>de</strong> son d’ambiance, or qu’est-ce qu’un vélo sans bruits<br />

<strong>de</strong> la rue ? On produit <strong>de</strong>s sons qui ren<strong>de</strong>nt préhensible<br />

matériellement, on fabrique une réalité <strong>de</strong> l’imaginaire, on<br />

la matérialise.<br />

Par exemple, dans « Jours <strong>de</strong> fête », j’ai découvert après<br />

30 visions le caquètement <strong>de</strong>s poules qu’on entend tout<br />

au long du film, on ne les voit pas, mais elles travaillent<br />

inconsciemment notre interprétation <strong>de</strong> la scène, et là<br />

on se dit « On est vraiment chez les pécores, en France<br />

profon<strong>de</strong> ! »<br />

La transmission…<br />

« Lors <strong>de</strong> séminaires, j’apprends aux gens à écouter.<br />

Pour cela, je leur montre plein <strong>de</strong> films, par exemple ceux<br />

<strong>de</strong> Fritz Lang pour leur expliquer la construction du récit<br />

avec le son.<br />

Je me souviens, lors d’un séminaire à Lussas en 2006,<br />

avoir passé un extrait <strong>de</strong> films aux gens et à la fin <strong>de</strong> la<br />

projection ils me <strong>de</strong>mandaient « Vous pouvez me dire<br />

ce qu’il fallait écouter car on n’a rien entendu ? ». Je leur<br />

faisais alors tout réécouter en leur désignant les choses et<br />

là, ça <strong>de</strong>venait évi<strong>de</strong>nt.<br />

Ici à l’Alba, j’ai ramené une soixantaine <strong>de</strong> films. Le cours<br />

s’intitule « Entendre le cinéma » et porte sur la question <strong>de</strong><br />

l’écriture du son.<br />

L’an <strong><strong>de</strong>rnier</strong>, j’avais donné le cours durant 3 jours aux<br />

réalisateurs <strong>de</strong> 4ème année, mais cette année, j ’ai aussi<br />

<strong>de</strong>s 1ère année. C’est bien <strong>de</strong> prendre ceux qui débutent,<br />

ils sont dans la passion, avec les 4ème aussi, ça tombait à<br />

pic, j’amenais la cerise sur le gâteau.<br />

J’enseigne <strong>de</strong>puis 1989, durant 10 ans aux Beaux-Arts <strong>de</strong><br />

Paris et aujourd’hui à la FEMIS (NDLR : Ecole Nationale<br />

Supérieure <strong>de</strong>s Métiers <strong>de</strong> l’Image et du Son) mais je<br />

travaille le son <strong>de</strong>puis 1974. Je donne aussi <strong>de</strong>s conférences<br />

et <strong>de</strong>s séminaires partout dans le mon<strong>de</strong>, après Beyrouth,<br />

je pars au Canada.<br />

Pour enseigner, on doit penser... La question, c’est d’arriver<br />

à faire émerger sa pensée ; pour pouvoir enseigner aux<br />

autres, il faut arriver à se poser les questions qu’on ne<br />

s’est jamais posées en travaillant et y répondre. Dès qu’il<br />

s’agit d’expliquer, <strong>de</strong> donner <strong>de</strong>s pistes, il faut travailler<br />

longuement.<br />

Pour ça, l’écriture est idéale. Mon premier bouquin, j’ai mis<br />

4 ans à l’écrire, tout était mélangé dans ma tête et j’écrivais<br />

tout ce qui me venait à l’esprit sur <strong>de</strong>s petits papiers que je<br />

mettais par terre… peu à peu je me suis mis à faire les liens,<br />

et ça a donné <strong>de</strong>ux ouvrages. »<br />

Daniel Deshays est auteur <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux livres :<br />

« Pour une écriture du son » (2006, Klincksieck)<br />

« Entendre le cinéma » (2010, Klincksieck)<br />

Cécile Galia<br />

Ces ouvrages sont disponibles à la bibliothèque <strong>de</strong> l’Alba.<br />

Films basés sur le son recommandés par Daniel Deshays :<br />

Alain Cavalier « Libera me »<br />

Fritz Lang « M le Maudit » « Le Testament du Docteur<br />

Mabuse »<br />

Jean Rouch « Moi, un noir » (pour la voix off)<br />

Jacques Tati « Les Vacances <strong>de</strong> M. Hulot » « Mon oncle »<br />

Robert Bresson « Un condamné à mort s’est échappé »<br />

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