dernier numéro de décembre - ALBA

Aujourd’hui, la technique ayant évolué, nous utilisons deux murs séparés par un isolant thermique, ceci assure
une protection contre la chaleur durant le jour mais ne permet pas l’effet de refroidissement durant la nuit puisque le
pont thermique est coupé.
Dans le cas de la ville de Hassi Messaoud, j’ai opté pour le parpaing de brique rouge trouée remplie avec de l’adobe
(boue mélangée à des matières organiques et de la paille) pour enlever tout l’air (car l’air fait passer la chaleur) avec
un enduit étanche à l’extérieur. Ce système permet l’isolation de jour et le rafraîchissement de nuit. C’est en gros la
différence entre architecture durable et architecture bioclimatique.
Deux rangées de maisons sont reliées par une double voûte créant ainsi un réseau de ruelles piétonnes. La première
paroi, extérieure, arrête la température directe du soleil. L’eau s’évapore par des fontaines sous la voûte, des
brumisateurs la dispersent. Les 18.000 maisons ne sont donc pas rafraîchies individuellement, c’est dans les ruelles que
l’air frais est produit. Il rentre dans les demeures à travers des ouvertures côté ruelles et un système de tirage par effet
de cheminée du côté opposé.
Le concept étant global, les maisons sont équipées de murs épais dans la partie exposée au soleil et de toits
végétalisés, des pergolas, autres moyens de protection et des palmiers dattiers sont plantés dans les rues et autour
des maisons…
Au total, il était prévu de planter 60.000 arbres, à raison de 100 à 150 kg de dattes par arbres, payées 5$/kg sur le
marché, on pouvait rembourser les frais d’épuration de l’eau pour toute la ville…
Au bout du compte, on n’avait théoriquement pas besoin de puiser dans les nappes phréatiques (situées sous la ville)
puisque l’eau utilisée provenait du traitement des eaux domestiques et on économisait toute l’électricité des airs cos
(sauf 15 jours par an).
La norme exigeait de rafraîchir l’air à 24° durant 365 jours par an, et avec ce système, entièrement naturel, on arrivait à
350 jours par an à cette température. Les logements et équipements communs de cette ville pouvaient se passer pour
95% du temps d’air conditionné.(Vérification des échanges thermodynamiques faites chez WSP-Londres.)
Mais mon projet n’a pas été accepté. J’y vois plusieurs raisons : une norme à respecter à 100%, et peu de support en
interne pour un projet pilote.…
En bref, ce projet qui fut présenté deux ans avant Masdar City et qui était estimé à un coût total de 10.5 milliards de $
n’a jamais vu le jour…»
Cécile Galia
Illustrations: Propriété de Dar al Handasah
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