dernier numéro de décembre - ALBA

À en croire le discours obscurantiste tel que le
présenterait l’un de ces épiques illuminés, nous
- adeptes du D.A.R.K - ne serions que frivoles
ambassadeurs d’un néoromantisme magnifié.
N’auraient-ils donc pas vu se répercuter
l’inéluctable ricochet ? N’auraient-ils pas pu
académiquement sustenter la perversité souscutanée
de leurs propos pernicieusement
dubitatifs ? Pourquoi refuseraient-ils de
rehausser l’état des lieux, regarder la réalité en
face et bien dans les yeux ? Sans pour autant
dénier que : Tout ce qui est communément
accepté n’est pas bon. Tout ce qui ne se
contente que de fonctionner reste misérable.
Tout se qui dans la « forme » s’émancipe, se
rapproche - de façon asymptotique - d’une
incontestable Vérité ? Ne dormiraient-ils pas
sur les lauriers d’une vieillarde notoriété trop
glorifiée ?...
Pourquoi ne se douteraient-ils pas plutôt -
en bons partisans de la K.R.AD - que tout
enseignement de la pratique architecturale
qui nie tout progrès et nouveau savoir, est
irrémédiablement voué au fiasco ?!...
Si l’intérêt de notre Académie - et par
conséquent celui de notre ville, Beyrouth -
passe avant toute autre considération, rendons
courageusement au berceau académique sa
vocation primordiale de fertile substrat, de
levier activateur, de propulseur tout puissant.
Rattrapons nombreux cumuls et décalages,
sans cesse croissants. Ébranlons nos vieilles
certitudes bien poussiéreuses. Renouvelons
notre regard. Régénérons notre patrimoine.
Dégageons nos esprits de la dictature des
croyances, de la frilosité des anciennes valeurs,
de l’emprise des idées reçues et périmées.
Narguons toute réticence au changement.
Saisissons les dynamiques de notre contexte
en crise. Enlaçons notre amère réalité,
magnifique dans toute son âpreté et sa
cruauté. Hybridons nos vilaines petites
craintes; que de brillants croisements en
découleront. Projetons ardemment nos désirs,
nos visions les plus fantastiques sans l’ombre
d’une honte. Cultivons la diversité dans
l’ouverture. Ceci restera notre seul et unique
mérite de pédagogues.
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Armons-nous d’un idéalisme fort intransigeant.
Et à bas tout préjudice ! Réduisons nos
indices de conflictualités et d’irréductibilités,
nos divergences. À néant. Car rien n’est
indestructible. Chassons cet arrière-goût
attentatoire et incendiaire de toute critique
gratuite. Soyons intraitables avec nousmêmes.
Exorcisons cette dimension révélée trop
confortable voire douillette, de l’enseignement
académique. Ressuscitons vivement
l’âme à l’acte d’enseigner ! Visitons les
saignées encore inexplorées d’une vaste
expérimentation architecturale. Échappons
aux clichés blasants. Flirtons avec l’inconnu.
Défions la gravité. Défendons la part du
rêve. Osons risquer. Rien n’en est plus exquis.
Proclamons résistance acharnée à toute
forme hégémonique. Allons à l’encontre des
pièges et obstacles, afin d’entretenir notre
potentiel de combativité. Crachons sur tous
les médiocres palliatifs et compromis stériles.
Proliférons d’énergie créative, tentaculaire.
En foisonnement frénétique. Écartons le lourd
anathème de cette peur pathétique qui nous
pèse, paralytique. En un élan émotionnel,
transcendantal jusqu’au ciel.
Anéantissons les autocraties passéistes,
désormais révolues. Par le biais d’une série
de démonstrations poético-agressives.
Éjectons toute opposition à la diffusion des
idées progressistes. Abolissons recettes
banales et vieux rapports, pseudo canons et
autres modulors. Érigeons une armée d’anti
formules et de contre équations. Prônons
une architecture numérique aux portes de
l’ère cybernétique. Étreignons le présent pour
anticiper l’avenir ; ensemble. Pour notre bien,
et celui de ceux qui croient vraiment en notre
institution. Car rien n’est plus jamais comme
avant. Le futur imminent pointe au seuil du
présent.
Chers confrères, sachons déplaire. Réformons,
ne vous en déplaise !
Morale anti prophétique aux détracteurs
détraqués de la K.R.A.D - le monde vous
connaît - vous auriez beau passer vos belles
et lumineuses journées à rivaliser D.A.R.K…
vous vous y noierez de toute façon, une fois
la nuit tombée. Entretemps, contentez-vous
de jubiler au soleil tant que vous y baignez
encore.
Samer Eid - celui par qui vient, persiste et
s’acharne la controverse.