dernier numéro de décembre - ALBA

EAD EA
Conférence de Samir Nicolas Saddi
Culture et Musées : le Monde arabe
Samir Nicolas Saddi
Depuis 35 ans, Samir Nicolas Saddi
exerce le métier d’architecte spécialisé
dans le domaine de la conception,
de la recherche et la photographie
d’architecture. International, il travaille
au Liban, en Côte d’Ivoire, au Canada
et dans plusieurs pays du Golfe dans
la gestion de la conception et la
construction de nombreux projets
culturels. A son actif, il compte entre
autres le Musée d’art islamique d’Ieoh
Ming Pei (ouvert fin 2008) et le Musée
national de Jean Nouvel (en cours de
construction) au Qatar, ou le Musée du
Louvre à Abu Dhabi de Jean Nouvel.
Il travaille également sur des projets
de musées comme le Centre du Roi
Abdulaziz pour la culture mondiale
en Arabie Saoudite, ou le Musée des
civilisations en Égypte.
En 1976, il fonde ARCADE (Atelier
de Recherche et de Communication
sur l’Architecture Durable et
l’Environnement), plateforme de
recherche et de communication sur
l’architecture vernaculaire et le design
de l’environnement. La plateforme vise,
à travers la recherche et la publication,
à promouvoir une architecture durable
et éco-responsable. Elle a récolté et
gère une immense collection d’images
sur les architectures du monde arabe
et a participé à de nombreux projets
de recherches sur les architectures
vernaculaires et contemporaines en
Afrique de l’Ouest, du Golfe et du
Moyen-Orient.
Site internet d’Arcade :
http://www.arcadenet.org/
Photo : Abraham Kaloussian
« Tout indique que le monde arabe traverse, au début de ce 3ème
millénaire, une période décisive de son histoire et sa culture.
D’une part nous sommes en train de perdre graduellement et d’une
façon irrémédiable notre patrimoine architectural ainsi que notre
identité culturelle. Ceci est dû, d’une part, à l’impact des guerres
destructives qui, coïncidence ou pas, se sont embrasées dans certains
pays du Moyen-Orient, spécifiquement les mêmes qui ont vu naître les
premières civilisations comme le Liban, l’Iraq, le Yémen, l’Egypte, la Syrie,
pour ne parler que de ceux-là. L’absence de toute planification ainsi que
l’ignorance ont accéléré cette perte, sans parler des développements
urbains sans précédent dans les monarchies du Golfe et l’implantation
de projets à caractère spéculatif dans plusieurs pays arabes souvent
financés par la manne du pétrole et du gaz naturel et qui, dans de
nombreux cas, ne correspondent à aucun besoin réel. Ajoutons à tout
cela les nouveaux modèles architecturaux qui sont importés chaque
jour, contribuant à juste titre, à confirmer ce que Stein a dit : « Quand
on arrive là-bas, il n’y a plus de là-bas, là-bas.”
Un autre phénomène est significatif, celui de la naissance et de la
recrudescence sans précédent des musées et centre culturels dans
les pays du Golfe : citons à titre d’exemple et au Qatar le Musée d’Art
Islamique de Pei inauguré en 2008, ainsi que le Nouveau Musée National
avec Jean Nouvel, en cours de construction. Abu Dhabi, de son côté,
est en train de construire les plus grands musées au monde : le Louvre
Abu Dhabi avec Jean Nouvel, le Zayed National Museum avec Foster, le
Musée Guggenheim avec Frank Gehry ainsi que le Musée Maritime avec
Tadao Ando, entre autres. Par ailleurs, l’Arabie Saoudite construit en
ce moment le Centre du Roi Abdulaziz pour la Culture Mondiale avec
Snohetta architectes.
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