CONTRE L'E.D.N. - La Guerre de la liberté
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3 Introduction<br />
volonté <strong>de</strong> changement universel et <strong>la</strong> recherche<br />
indéfectible <strong>de</strong>s possibilités <strong>de</strong> ce changement.<br />
Si nous avons choisi <strong>de</strong> concentrer notre critique<br />
sur l’exemple particulier d’un groupe d’influence<br />
comme l’E.d.N., ce n’est pas parce qu’il serait, à<br />
proprement parler, le plus déroutant ou le plus<br />
dérangeant. C’est tout bonnement que, par tout son<br />
modérantisme, il représente à notre sens le juste<br />
milieu du situationnisme contemporain. L’E.d.N.<br />
réalise ainsi le discours le plus susceptible <strong>de</strong> s’attirer<br />
les éléments égarés <strong>de</strong> <strong>la</strong> contestation «.radicale.» qui<br />
souffrent <strong>de</strong> ne plus trouver <strong>de</strong> maîtres à penser. Elle<br />
n’est pas le côté détestable <strong>de</strong> <strong>la</strong> société mo<strong>de</strong>rne,<br />
mais le complément parfaitement respectable <strong>de</strong> sa<br />
négation.: elle va nier là où on lui dit <strong>de</strong> nier. Et dans<br />
ce rôle, elle ne se différencie <strong>de</strong> <strong>la</strong> «.bonne conscience<br />
<strong>de</strong> gauche.», non par un style <strong>de</strong> <strong>la</strong> négation, mais par<br />
une pose «.radicale.» que le spectacle veut bien lui<br />
concé<strong>de</strong>r. Elle assume ainsi mieux qu’un Sollers le<br />
détournement <strong>de</strong>s quelques velléités <strong>de</strong> révolte vers<br />
les impasses aménagées par l’ordre social dominant. Il<br />
faut donc que soit définie <strong>la</strong> situation réelle <strong>de</strong><br />
l’E.d.N. dans son temps.<br />
Enfin, comme nous entendons souvent, <strong>de</strong> <strong>la</strong> part <strong>de</strong><br />
ses détracteurs affichés, que c’est seulement le goût <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />
pratique qui lui aurait fait défaut, nous voulions rectifier<br />
le propos en rappe<strong>la</strong>nt qu’il n’en aurait rien été si elle<br />
avait eu aussi le goût <strong>de</strong> <strong>la</strong> théorie. Il s’agit, pour notre<br />
part, <strong>de</strong> <strong>la</strong> carence centrale qui détermine toutes les<br />
autres. Quand on abandonne jusqu’à <strong>la</strong> rigueur <strong>de</strong> penser<br />
et <strong>de</strong> comprendre le mon<strong>de</strong> <strong>de</strong> façon critique, pourquoi<br />
resterait-il une volonté pratique <strong>de</strong> l’abattre.? L’une ne va<br />
pas sans l’autre. D’autre part, ce ne sont pas quelques<br />
«.trucs.» purement rhétoriques qui peuvent faire office <strong>de</strong><br />
concepts théoriques. L’E.d.N. s’imagine posée sur on ne<br />
sait quelle cime <strong>de</strong> <strong>la</strong> pensée critique pour avoir ba<strong>la</strong>ncé<br />
allègrement tout le meilleur <strong>de</strong> <strong>la</strong> théorie révolutionnaire<br />
<strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux <strong>de</strong>rniers siècles et pour lui préférer une<br />
réflexion antiprogressiste et antitechnologique dont les<br />
fon<strong>de</strong>ments théoriques ont plus d’une affinité avec <strong>la</strong><br />
pensée réactionnaire. Il n’y a cependant pas <strong>de</strong> théorie<br />
critique en <strong>de</strong>hors <strong>de</strong> <strong>la</strong> théorie révolutionnaire, et pas <strong>de</strong><br />
théorie révolutionnaire donnée d’avance pour l’ensemble<br />
<strong>de</strong>s temps. Il y a un mouvement théorico-pratique qui se<br />
lie à l’histoire et qui ne se reconnaît <strong>de</strong> vérité que dans ce<br />
mouvement même. Si nous dissertons donc longuement<br />
sur cette idéologie française que constitue l’E.d.N., ce<br />
n’est pas pour offrir quelque recette théorique, clefs en<br />
main, qui lui serait préférable, mais pour rappeler que le<br />
premier propos <strong>de</strong> tout effort théorique conséquent est <strong>de</strong><br />
dénoncer en premier lieu les supercheries idéologiques<br />
qui voudraient réduire <strong>la</strong> théorie à une simple consommation<br />
d’idées. Nous croyons surtout que d’utiles leçons<br />
peuvent être tirées <strong>de</strong> cette critique. Nous <strong>la</strong>issons libre à<br />
chacun l’usage qui ne manquera pas d’être découvert<br />
d’une telle réflexion.