LES CEUX DE - Archives et musée de la littérature
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Mal mes <strong>de</strong>nts. 103<br />
exprès : «je n'ai pas eu mal, tiens ! » malgré que ça pique fort,<br />
<strong>et</strong> qu'il me faut frotter beaucoup, <strong>et</strong> même tirer <strong>la</strong> peau <strong>de</strong><br />
ma tête en haut, par mes cheveux, pour faire partir le mal.<br />
— Qu'est-ce qui faut faire donc, Trîn<strong>et</strong>te, quand on a un<br />
<strong>de</strong>nt qui barloque comme ça ?<br />
— Vos n'polez mâ. Djan, il n'a co non risse dè mori c'cop chai.<br />
Qui dirîz-ve donc, si on d'véve vi côper n'jambe, ou kteyi d'vins<br />
les boyais comme à Bavîre? Et l'marchand d'coss<strong>et</strong>s donc, li<br />
houlé Nicaise, qù'ine irôye Va si bin hagni, è pogne qu'on-z-a<br />
d'vou li r'côper treus <strong>de</strong>ugts <strong>et</strong> brouler Vp<strong>la</strong>ye avou on roge<br />
fier. Et Vgrand Hinri donc, qu'as t'avu on côp d'pid di ch'vâ<br />
qu'a hiné dè. cou es stâ qui li a bouhi on boqu<strong>et</strong> foû <strong>de</strong>l tiesse!<br />
Et l'homme d'âx Six-Pires, donc lu, qu'a stu rosti à crahai<br />
qwand s'mohonne a broûlé ! Corez èvoye avou voss dint ; vos<br />
n'polez co mâ, allez !<br />
— Mais j'ai mal quand même, moi, que je crie en donnant<br />
<strong>de</strong>s coups <strong>de</strong> pied à terre. Je voudrais si bien jurer tout plein<br />
<strong>de</strong>s n... d... D... comme un houyeux, mais il m'faudrait aller<br />
l'dire à confesse au gros vicaire, qui me barbotera encore une<br />
fois tout haut comme l'autre fois.<br />
— Djan, Trîn<strong>et</strong>te, dites un peu quoi est-ce qu'il faut faire ?<br />
— M<strong>et</strong>tez on pau dè pèk<strong>et</strong> d'su avou vous <strong>de</strong>ugt.<br />
Et elle va au gré <strong>de</strong> <strong>la</strong> cave pour me vi<strong>de</strong>r un peu du pèk<strong>et</strong><br />
dans un p<strong>la</strong>teau <strong>de</strong> tasse (soucoupe).<br />
Je vais me m<strong>et</strong>tre à <strong>la</strong> p<strong>et</strong>ite fenêtre où qu'on voit sur <strong>la</strong><br />
route où qu'il passe <strong>de</strong> temps en temps un grand long « bennai »<br />
<strong>de</strong> charbon tout noir <strong>et</strong> étroit, avec trois chevaux qui tirent si<br />
fort que leur « gorai » remonte <strong>et</strong> qu'ils font aller leur tête en<br />
remuant les «roudjons» pendant que l'homme, tout sale,<br />
avec un p<strong>et</strong>it comique tablier b<strong>la</strong>nc, crie <strong>et</strong> c<strong>la</strong>pe. Il passe<br />
aussi <strong>de</strong>s charr<strong>et</strong>tes <strong>de</strong> messagers, avec <strong>de</strong>s hautes « f<strong>la</strong>hes »<br />
<strong>et</strong> une toile grise avec <strong>de</strong>s pièces b<strong>la</strong>nches sur <strong>de</strong>s « cèkes »<br />
ronds pour faire le toit. Et <strong>de</strong>rrière, <strong>la</strong> toile est tinglée avec<br />
une cor<strong>de</strong> dans l'ouhl<strong>et</strong> avec <strong>de</strong>s plis en rond comme le chose<br />
d'une poule. En <strong>de</strong>ssous <strong>de</strong> <strong>la</strong> charr<strong>et</strong>te, il y a une gran<strong>de</strong> p<strong>la</strong>te<br />
caisse qui pend entre les roues, avec <strong>de</strong>dans tout plein <strong>de</strong>s<br />
affaires <strong>et</strong> un chien qui dort sur <strong>de</strong>s cliquottes.