LES CEUX DE - Archives et musée de la littérature
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Vive <strong>la</strong> fête. 185<br />
— Habeye âx ous mes èfants, que <strong>la</strong> vieille crie, en mê<strong>la</strong>nt<br />
ses sales cartes.<br />
J'arrive dans le pré <strong>de</strong> <strong>la</strong> fête, il est tout bourré <strong>de</strong> gens qui<br />
poussent pour entrer, pour sortir, pour aller d'une baraque à<br />
l'autre ou sur les carrousels. Le beau gros carrousel est<br />
ouvert <strong>et</strong> on a presque mal aux yeux quand il tourne, tellement<br />
qu'il y a <strong>de</strong>s dorures sur les étoffes, <strong>et</strong> beaucoup <strong>de</strong>s<br />
miroirs qui tournent avec, <strong>de</strong>s barres <strong>de</strong> cuivre <strong>et</strong> <strong>de</strong>s ronds<br />
<strong>de</strong> métal cousus sur les draperies.<br />
C'est un cheval vivant qui le fait tourner ; on ne voit pas<br />
sa tête, cachée <strong>de</strong>rrière l'étoffe qui est <strong>de</strong>rrière les miroirs ;<br />
on voit son corps <strong>et</strong> ses pattes, <strong>et</strong> là où il tourne toujours, il a<br />
déjà écrasé les herbes <strong>et</strong> fait un p<strong>et</strong>it sentier tout dur.<br />
Je monte sur un cheval b<strong>la</strong>nc avec <strong>de</strong>s taches grises : un<br />
autre garçon vou<strong>la</strong>it me pousser bas, pour avoir ce cheval,,<br />
mais je m'ai tenu fort à <strong>la</strong> barre <strong>de</strong> cuivre. On part <strong>et</strong> l'homme<br />
qui est avec le cheval s'est fâché <strong>de</strong>ssus <strong>et</strong> l'a frappé, en jurant<br />
<strong>et</strong> courant avec : alors le carrousel tournait si vite que j'avais<br />
peur, surtout quand on passait <strong>de</strong>vant le gros orgue avec <strong>de</strong>s<br />
tromp<strong>et</strong>tes, <strong>et</strong> tromboles, <strong>et</strong> tambours, qui fait tant <strong>de</strong> bruit<br />
qu'on <strong>de</strong>vient sot. J'étais tournisse quand c'était fini <strong>et</strong> je n'ai<br />
pas eu fort bon, je ne m'ai pas amusé <strong>et</strong> il m'a fallu donner<br />
cinq centimes.<br />
Allons à Mareye, c'est meilleur marché <strong>et</strong> puis si on fait<br />
« raws », on va un tour pour rien. Et puis on peut pousser poulie<br />
faire tourner <strong>et</strong> quand il est bien « énondé » on fait le reste<br />
du tour pour rien. C'est ainsi que je commence, il y a justement<br />
un cheval en <strong>de</strong>dans qui n'a personne pour pousser.<br />
Alors, je prends un air hardi, il faut ça avec elle, <strong>et</strong> je dis à<br />
Mareye qui tricote un bas rouge en surveil<strong>la</strong>nt le carrousel.<br />
— Mareye, dji m'va, tchôqui là, wisse qui mâque ine homme.<br />
— Aw<strong>et</strong>, va fanai-cou, tchèque qu'arège, tchèque tu l'âme<br />
fou <strong>de</strong> coerfs.<br />
Je vais près du cheval <strong>et</strong> j'attends un p<strong>et</strong>it peu, pendant<br />
qu'elle va lever les cennes <strong>de</strong> ceux qui montent sur le tourniqu<strong>et</strong>.<br />
Dans une barqu<strong>et</strong>te, il y a une p<strong>et</strong>ite fille avec un tout<br />
p<strong>et</strong>it enfant sur ses genoux ; il ne comprend rien <strong>et</strong> regar<strong>de</strong>