LES CEUX DE - Archives et musée de la littérature
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î)6 Les ceux <strong>de</strong> chez nous.<br />
quand il s'a encore une fois sali <strong>et</strong> dép<strong>la</strong>qué. Elle le prend<br />
sur ses genoux, <strong>et</strong> le m<strong>et</strong> que sa tête pen<strong>de</strong> à l'envers <strong>et</strong> il<br />
reste comme ça sans être fournisse ni avoir mal au cœur, <strong>et</strong><br />
alors elle ôte <strong>de</strong>s épingles, elle déroule les fahes <strong>et</strong> on voit qu'il<br />
a un gros p<strong>et</strong>it ventre tout bodé avec une grosse botroûle<br />
qui sort. Et elle embrasse <strong>de</strong>ssus en riant, elle fait comme<br />
pour le manger tout.<br />
— Hein ! binamé p'tit voleûr, ji t'magn'reu vormint.<br />
Et le p'tit rie si drol<strong>de</strong>ment en faisant une gran<strong>de</strong> bouche<br />
sans <strong>de</strong>nts, puis il fait <strong>de</strong>s p<strong>et</strong>ites biqu<strong>et</strong>tes comme s'il avait<br />
avalé une pîr<strong>et</strong>te. C'est rire, ça, pour lui ; mais quand elle ne<br />
le chatouille plus <strong>et</strong> le frotte fort, ses jambes <strong>et</strong> son dos, pour<br />
le ren<strong>et</strong>toyer, il fait presque <strong>la</strong> même figure, mais c'est pour<br />
pleurer. Qu'il est bête. Et moi, je vais un peu plus loin, pour<br />
regar<strong>de</strong>r, <strong>et</strong> je bouche mon nez avec mon poing parce qu'il<br />
sent mauvais, mais Trîn<strong>et</strong>te est fâchée quand on fait ça.<br />
— Allez-ès, affronté ; vos avez s'tu ainsi avou <strong>et</strong> vos f<strong>la</strong>iriz<br />
bin pé, ji mèn'ès rappelle foert bin.<br />
Et moi ça me fait enrager qu'on dise ça <strong>et</strong> qu'on me fasse un<br />
pareil affront ; alors je me j<strong>et</strong>te sur Trîn<strong>et</strong>te <strong>et</strong> je <strong>la</strong> pince tant<br />
que je peux <strong>et</strong> je lui donne <strong>de</strong>s coups <strong>de</strong> pied dans les mustais<br />
pour lui faire <strong>de</strong>s bleus en me tenant à sa cotte.<br />
Quand on lui donne à manger, c'est presque encore plus <strong>la</strong>id;<br />
y a-t-il rien <strong>de</strong> plus dégoûtant que sa bouteille <strong>de</strong> <strong>la</strong>it avec un<br />
tuyau <strong>et</strong> un tûturon tout noir.<br />
On dirait le pé <strong>de</strong> notre noire vache, <strong>et</strong> lui il m<strong>et</strong> ça dans<br />
sa bouche <strong>et</strong> il tire tant qu'il peut jusqu'à ce que <strong>la</strong> bouteille<br />
soit vi<strong>de</strong>, <strong>et</strong> puis il ne veut jamais lâcher le tûturon, il pleure<br />
parce qu'on lui prend parce qu'il n'y a plus rien à boire tellement<br />
qu'il est pensâ. Alors, pour l'attraper, on lui donne<br />
un autre tûturon avec pas <strong>de</strong> tuyau ni <strong>de</strong> bouteille, <strong>et</strong> il<br />
t<strong>et</strong>te du vent pendant bien longtemps, en faisant aller sa<br />
bouche <strong>et</strong> ses joues pour le bon, que moi je rie <strong>de</strong> tout mon<br />
cœur tellement qu'il est bête.<br />
Mais on commence aussi à lui donner à manger <strong>de</strong>s boleies<br />
pour lui apprendre sans doute à manger comme tout le mon<strong>de</strong>,<br />
sans ce<strong>la</strong> il ne saurait pas comment on fait, <strong>et</strong> il resterait