LES CEUX DE - Archives et musée de la littérature
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î)6 Les ceux <strong>de</strong> chez nous.<br />
carrée, <strong>et</strong> elle pleurait avec, en faisant un long wignement tout<br />
fin, <strong>et</strong> en frappant son ¡sied à terre comme un cheval. Et ma<br />
tante s'est encore fâchée plus fort <strong>et</strong> criait :<br />
— Si vos breyez co si <strong>la</strong>id, ji v'kipitte foû d'chal. Nos n'estans<br />
nin âx Lollâx èdon sûrmint. Ennocinne biesse, qu'ass' mèsâxhe<br />
<strong>de</strong> gueuy comme on pourçai qu'on z'ahorre?<br />
— Aw<strong>et</strong> djan, vos avez co raison, que <strong>la</strong> femme dit en<br />
ressuyant ses yeux avec son tabilier.<br />
— Mains c'est mi èfant, parét, binameye gins, tusez on pau.<br />
Et i'm'fât n'aller po <strong>de</strong>s saminnes pace qui mi homme a r'pris<br />
l'ovrèche <strong>et</strong> qui l'anneye passeye nos avans à pône fait bouffe<br />
pace qui gn'aveu ine âbe, les briques ni souévè nin, <strong>et</strong> nos avans<br />
rim'nou.<br />
— Ti l'a déjà dit, èwareye. Cours èvoye à c't'heure.<br />
— Qui l'bon Diu v'bènihe <strong>et</strong> voss t'homme avou, qu'elle dit<br />
<strong>la</strong> femme en partant, <strong>et</strong> comme elle me voit tout près <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />
porte, elle veut m'embrasser <strong>et</strong> elle crie :<br />
— Qui bènihe co cint côps voss binamé p'tit croie val<strong>et</strong> !<br />
Mais moi, je n'ai pas besoin <strong>de</strong> ça <strong>et</strong> je m<strong>et</strong>s mon cou<strong>de</strong><br />
<strong>de</strong>vant ma figure, je ne veux pas une baise après qu'elle a été<br />
embrasser les crapes, moi. C'est Trîn<strong>et</strong>te qui a pris l'enfant,<br />
<strong>et</strong> qui va dans <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ce <strong>et</strong> revient en arrière en le faisant aller<br />
<strong>et</strong> sauter dans ses mains comme pour faire une grosse boul<strong>et</strong>te<br />
<strong>de</strong> hoch<strong>et</strong> avec. Et elle chante sur une bête air qu'elle invente :<br />
Lâââ, lâââ, volà qu'c'est tôt. Et l'enfant s'arrête <strong>de</strong> chouler<br />
pour tâcher <strong>de</strong> comprendre ce qu'elle raconte. Il est aussi<br />
bête qu'elle.<br />
— C'est tôt l'mainme on bai èfant, qu'elle dit Trîn<strong>et</strong>te en le<br />
tenant au bout <strong>de</strong> ses <strong>de</strong>ux bras pour le regar<strong>de</strong>r, puis elle<br />
se tourne vers ma tante :<br />
— N'èdonc?<br />
— Aw<strong>et</strong> çou<strong>la</strong>, po on bai èfant, on l'pou dire, que ma tante<br />
répond en s'arrêtant <strong>de</strong> tricoter <strong>et</strong> m<strong>et</strong>tant une main toute<br />
p<strong>la</strong>te contre sa joue, comme si elle avait mal aux <strong>de</strong>nts, mais<br />
c'est pour mieux tûser en regardant le p'tit.<br />
— Et vos donc, Moncheu, qu'enne è d'héve? crie-t-elle<br />
Trîn<strong>et</strong>te, en v'nant tout près <strong>de</strong> mon oncle qui raccommo<strong>de</strong>