LES CEUX DE - Archives et musée de la littérature
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î)6 Les ceux <strong>de</strong> chez nous.<br />
Maintenant, c'est l'après-midi, <strong>et</strong> mon oncle <strong>et</strong> ma tante<br />
sont partis avec leurs plus beaux costumes <strong>et</strong> leurs meilleures<br />
affaires pour aller jouer aux cartes (à matche) chez le vieux<br />
M. Lamburquin, un vieux riche homme qu'a pour faire, <strong>et</strong><br />
reste dans le quartier <strong>de</strong> maître <strong>de</strong> <strong>la</strong> cinse Mayeur. Moi, on<br />
ne me prend plus avec, parce qu'une fois le vieux monsieur<br />
m'avait dit <strong>de</strong> lui dire ce que ma tante avait dans son jeu,<br />
pour frawtigner, <strong>et</strong> moi j'avais regardé les cartes, puis j'avais<br />
été lui dire dans son oreille : « elle a trois hasses », mais ma<br />
tante l'a entendu <strong>et</strong> m'a dèfoutriqué <strong>de</strong>vant tout le mon<strong>de</strong>,<br />
<strong>et</strong> donné <strong>de</strong>s coups <strong>de</strong> parapluie sur <strong>la</strong> route en revenant.<br />
Alors on ne me prend plus avec.<br />
Et j'ai resté tout seul avec Trîn<strong>et</strong>te qui ren<strong>et</strong>toie les sales<br />
assi<strong>et</strong>tes du dîner.<br />
— Trîn<strong>et</strong>te, que je dis, je m'embête que pour assoti.<br />
— Taihive, vireux. Rattin<strong>de</strong>z n'gotte qui j'aye rin<strong>et</strong>ti les<br />
M<strong>et</strong>tes, <strong>et</strong> vos vinrez avou mi è m'chambe.<br />
— Pourquoi faire donc?<br />
— So Vtimps qui j'va m'apponti, vos s'crirez n'i<strong>et</strong>te por mi,<br />
pace qui j'm'a justumint coihi è <strong>de</strong>ugt.<br />
Elle dit toujours ça qu'elle s'a coupé dans son doigt quand<br />
c'est qu'il lui faut écrire ou faire les comptes. Mais c'est parce<br />
qu'elle ne sait pas lire <strong>et</strong> pas écrire <strong>et</strong> elle ne veut pas qu'on<br />
l'voye.<br />
Un peu après, nous avons monté en haut, tous les escaliers,<br />
puis encore <strong>la</strong> p<strong>et</strong>ite hall<strong>et</strong>te par où qu'on arrive à <strong>la</strong> chambre<br />
<strong>de</strong> Trîn<strong>et</strong>te.<br />
D'un côté du mur, il y a son grand jaune coffre avec ses<br />
affaires. Il est jaune tout c<strong>la</strong>ir avec <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ssins dans <strong>la</strong> couleur<br />
qu'il ressemble à une gran<strong>de</strong> fricassée quand les œufs<br />
ne sont pas encore bien cuits <strong>et</strong> qu'on commence seulement<br />
à les chipoter. En <strong>de</strong>dans, son coffre est tapissé avec du papier<br />
gris à lignes, le même qu'il y a dans le colidor <strong>et</strong> le commodité.<br />
Trîn<strong>et</strong>te a encore une p<strong>et</strong>ite commo<strong>de</strong> qu'on ouvre les tiroirs<br />
en poussant son doigt dans le trou où qu'il y avait une serrure<br />
avant. Et puis <strong>de</strong>ux ou trois chaises, pas pareilles <strong>et</strong> que <strong>la</strong><br />
paille stiche <strong>de</strong>hors, un p<strong>et</strong>it miroir au mur, qu'un coin a tombé