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LES CEUX DE - Archives et musée de la littérature

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J'écris une belle l<strong>et</strong>tre. 121<br />

hors du cadre, <strong>et</strong> puis, pour se <strong>la</strong>ver, une p<strong>et</strong>ite basse table<br />

avec un crameu, du vert savon dans un morceau <strong>de</strong> gaz<strong>et</strong>te<br />

<strong>et</strong> encore <strong>de</strong>s autres affaires <strong>et</strong> son lit avec une courte-pointe<br />

<strong>de</strong> toutes les couleurs.<br />

Elle n'a plus qu'une toute courte cotte <strong>de</strong> moutonne <strong>et</strong> sa<br />

chemise qu'on voit tous ses gros bras <strong>et</strong> tout autour <strong>de</strong> son<br />

hatrau.<br />

Avec ses mains <strong>et</strong> du savon, elle frotte <strong>de</strong> toutes ses forces<br />

qu'elle ne peut presque pas respirer, elle fait voler l'eau hors<br />

du crameu, tellement qu'elle remue ses mains pour hurer sa<br />

figure <strong>et</strong> ses bras avec <strong>la</strong> samneure. Mais il lui p<strong>la</strong>ît encore <strong>de</strong><br />

chanter pendant ce temps-là, <strong>et</strong> elle doit s'arrêter à tout moment<br />

à cause <strong>de</strong> l'eau qu'elle pousse sur son grognon, <strong>et</strong> moi<br />

je m'ai assis sur le jaune coffre <strong>et</strong> avec mes talons je maque<br />

<strong>de</strong>ssus en mesure pour chanter avec :<br />

Vous ignorez, je le vois bien, mon nomg,<br />

Mais ratten<strong>de</strong>z, vous allez me r'connaiwe,<br />

Regar<strong>de</strong>z-moi, je suis Napoléong,<br />

Et vous allez me fusiller peut-être.<br />

Maintenant Trîn<strong>et</strong>te commence à se rispâmer ; elle a sa<br />

figure dans l'eau du crameu, il m'faut attendre un peu.<br />

Quant' j'ai voulu déposer ra vot' pied<br />

C<strong>et</strong>te n'épée que vous voyez, cher Guillôme,<br />

Vous avez dit que vous préfériez l'homme<br />

A c<strong>et</strong>te n'épée ici que vous voyez. (Bis.)<br />

Trîn<strong>et</strong>te rattend un peu, parce qu'elle a poussé l'essuie-main<br />

roulé au fond <strong>de</strong> son oreille; puis quand elle l'a r<strong>et</strong>iré elle a<br />

regardé quoi est-ce qu'il avait.<br />

A c<strong>et</strong>te n'épée ici que vous voyez (*)<br />

Puis elle veut recommencer avec les mêmes mots.<br />

— Halte, Trîn<strong>et</strong>te, pas celle-là. C'est une air trop tris-se.<br />

— Bin justumint, j'ainme, mi, les trissès airs. On z'a si bon<br />

dè chanter ine pasqueye annoyeuse.<br />

— Djan, une autre, Trîn<strong>et</strong>te, pas <strong>de</strong>ux fois <strong>la</strong> même, c'est<br />

trop bête.<br />

{*) Une <strong>de</strong>s nombreuses «comp<strong>la</strong>intes», inspirées (!) par <strong>la</strong> capitu<strong>la</strong>tion<br />

<strong>de</strong> Sedan <strong>et</strong> venues jusqu'en Wallonie, où l'accent local achève<br />

<strong>de</strong> les défigurer grotesquement.

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