LES CEUX DE - Archives et musée de la littérature
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î)6 Les ceux <strong>de</strong> chez nous.<br />
recommence, moi je regar<strong>de</strong> <strong>de</strong> tous les côtés dans <strong>la</strong> campagne<br />
où que je n'ai pas venu souvent.<br />
Il y a le chemin <strong>de</strong> fer là, un peu plus loin ; il y a un remb<strong>la</strong>i<br />
tout jaune, qui tourne <strong>et</strong> va dans les arbres où on ne 'voit<br />
plus rien. Et justement voici un convoi qui passe. Il a l'air si<br />
comique <strong>de</strong> loin, tout p<strong>et</strong>it, <strong>et</strong> il semble qu'il va si lentement.<br />
On dirait qu'il est mis tout légèrement sur le haut remb<strong>la</strong>i<br />
jaune, <strong>et</strong> on voit si bien toutes les roues tourner, parce qu'il<br />
y a <strong>de</strong>rrière un grand morceau <strong>de</strong> ciel.<br />
Quand le convoi tourne, il fait une p<strong>et</strong>ite fumière b<strong>la</strong>nche,<br />
<strong>et</strong> bien longtemps après, seulement, on entend un tout p<strong>et</strong>it<br />
coup <strong>de</strong> siffl<strong>et</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> machine û û û ût! Je fais comme elle, je<br />
m<strong>et</strong>s mes cou<strong>de</strong>s contre mon corps en faisant tourner mes<br />
poings, puis, après que j'ai tûtlé comme le siffl<strong>et</strong> û û û ût,<br />
je pars tout lentement d'abord en faisant <strong>de</strong>s méchants yeux<br />
<strong>et</strong> en frottant mes pieds. Tch, tch, tch!<br />
— Djan, vinré-ve on po m'aidî, baligand, el pièce d'allouer<br />
vos soles qui c'est mi qui les paye !<br />
Mon oncle a commencé à marquer <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ce pour sa ten<strong>de</strong>rie.<br />
Il me fait tenir les piqu<strong>et</strong>s pendant qu'il donne les premiers<br />
coups <strong>de</strong> marteau <strong>de</strong>ssus pour les enfoncer. Chaque fois qu'il<br />
maque fort, il fait une <strong>la</strong>i<strong>de</strong> grimace comme s'il venait d'avaler<br />
quelque chose <strong>de</strong> mauvais. D'abord les quatre piqu<strong>et</strong>s aux<br />
quatre coins <strong>de</strong> <strong>la</strong> ten<strong>de</strong>rie. Puis il mesure avec <strong>de</strong>s ascoheies,<br />
<strong>et</strong> il fait une marque dans <strong>la</strong> terre avec <strong>la</strong> pointe <strong>de</strong> son sabot,<br />
comme quand on cherche un foyan (taupe). C'est <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ce<br />
pour les p<strong>la</strong>nch<strong>et</strong>tes où que le croc <strong>de</strong>s bouçons vient tourniquer<br />
<strong>de</strong>dans. C'est fort déficile <strong>de</strong> bien les m<strong>et</strong>tre, les p<strong>la</strong>nch<strong>et</strong>tes,<br />
parce que quand elles sont justes <strong>de</strong>vant l'autre, les<br />
bouçons se rencontrent quand on tire le herna, <strong>et</strong> ça fait une<br />
tunnel par où que les oiseaux se sauvent.<br />
Quand elles sont chassées en terre à <strong>la</strong> bonne p<strong>la</strong>ce, mon<br />
oncle essaie un peu, pour voir, avec <strong>la</strong> lignoule tinglée sur les<br />
<strong>de</strong>ux bouçons. Ça ne va pas fort bien, il y a un bouçon qui<br />
ne veut pas rester couché malgré les coups <strong>de</strong> pied, <strong>et</strong> il se<br />
relève toujours parce que <strong>la</strong> p<strong>la</strong>nch<strong>et</strong>te est trop à ras. Il