LE LIVRE du PROBLEME - IREM de Strasbourg
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SOMMAIRE 92<br />
6. Notations<br />
Lorsqu'on veut comparer la valeur <strong>de</strong> quelques indivi<strong>du</strong>s, on commence par<br />
déterminer les critères (qualités et défauts) qui serviront à porter le jugement.<br />
On cherche alors à co<strong>de</strong>r ces qualités et défauts, on attribue un<br />
symbole mathématique (appartenant au co<strong>de</strong>) à chaque concurrent. Cette<br />
mathématisation <strong>de</strong>s aptitu<strong>de</strong>s (Cf. chapitre 6) est satisfaisante si la simple<br />
lecture <strong>du</strong> symbole donne une image fidèle <strong>du</strong> candidat.<br />
De nombreux travaux ont été consacrés à la docimologie, qui est l'art<br />
d'interpréter <strong>de</strong>s tests [53], [54]. Quelques institutions spécialisées cherchent<br />
à évaluer les aptitu<strong>de</strong>s et les connaissances <strong>de</strong>s élèves selon <strong>de</strong>s<br />
critères scientifiques [49]. Mais généralement, en France, la confection <strong>de</strong>s<br />
énoncés d'épreuves est fondée naïvement sur les principes <strong>de</strong> la "pifométrie".<br />
On affecte les copies <strong>de</strong> notes, calculées au "milliquart <strong>de</strong> point<br />
près", entre 0 et 20, sans se soucier <strong>de</strong> savoir ce qu'on mesure, ni<br />
pourquoi, ni comment.<br />
Dans l'armée, le codage se fait par gra<strong>de</strong>s, et la règle est simple: c'est le<br />
plus âgé dans le gra<strong>de</strong> le plus élevé qui a toujours raison.<br />
La tradition a fait adopter un modèle mathématique presque aussi<br />
expéditif dans nos examens et concours: on attribue à chaque candidat une<br />
note chiffrée unique et le classement s'effectue par notes décroissantes,<br />
avec éventuellement <strong>de</strong>s ex-aequo.<br />
Ce modèle est en opposition flagrante avec l'expérience: il est impossible<br />
<strong>de</strong> munir les candidats d'un préordre total, compatible avec leurs<br />
qualités (un ordre total lorsqu'il n'y a pas d'ex-aequo). On sait <strong>de</strong>puis<br />
Condorcet (Cf. [37], Christian Corne; Georges Glaeser et aussi Chapitre 6,<br />
exemple 2) que la relation <strong>de</strong>s indivi<strong>du</strong>s suivant leur valeur n'est même pas<br />
transitive. Enfin <strong>de</strong>s candidats classés ex-aequo peuvent avoir <strong>de</strong>s qualités et<br />
<strong>de</strong>s défauts variés, alors que la notation les rend indiscernables.<br />
En fait, les jurys disposent au départ d'une profusion <strong>de</strong> notes, portant<br />
sur <strong>de</strong>s matières différentes. Au lieu <strong>de</strong> traiter ces données scientifiquement<br />
pour améliorer la connaissance <strong>de</strong> la personnalité <strong>de</strong> ceux qu'ils ont à juger,<br />
les jurés s'empressent <strong>de</strong> transformer ces informations en une note unique.<br />
On effectue pour cela une moyenne pondérée, à l'ai<strong>de</strong> <strong>de</strong> coefficients<br />
choisis empiriquement. Prendre la moyenne est le procédé standard pour<br />
perdre <strong>de</strong> l'information, et c'est en négligeant volontairement tout ce qui<br />
fait l'originalité <strong>de</strong> chaque cas indivi<strong>du</strong>el que le verdict est ren<strong>du</strong>. Peut-on<br />
mettre sur le même plan un élève régulier, sans originalité, et un élève