AUTEURS LATINS - latin, grec, juxta

24 æneis. liber iv.
Hæc tum multiplici populos sermone replebat
Gaudens, et pariter faa atque infea canebat :
Venisse Ænean Trojano a sanguine cretum,
Cui se pulchra viro dignetur jungere Dido ;
Nunc hiemem inter se luxu, quam longa, fovere¹,
Regnorum immemores turpique cupidine captos.
Hæc passim Dea fœda virum diffundit in ora.
Protinus ad regem cursus detorquet Iarban,
Incenditque animum diis, atque aggerat iras.
Hic Ammone satus rapta Garamantide² Nympha,
Templa Jovi centum latis immania regnis,
Centum aras posuit, vigilemque sacraverat ignem,
Excubias Divum æternas, pecudumque cruore
Pingue solum, et variis florentia limina sertis.
Isque amens animi, et rumore accensus amaro,
Dicitur ante aras, media inter numina Divum,
Multa Jovem manibus supplex orasse supinis :
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ou de vérités. Alors l’affreuse déesse prenait plaisir à répandre mille
bruits divers parmi les peuples, disant également et ce qui était, et ce qui
n’était pas : qu’Énée, prince du sang troyen, était arrivé à Carthage ; que
la belle Didon daignait le choisir pour époux ; qu’ils passaient tous deux
les longues heures de l’hiver dans la mollesse et les plaisirs, oubliant l’un
et l’autre le soin de leur empire, et s’endormant au sein d’une honteuse
volupté. Tels sont les bruits que l’odieuse déesse fait circuler de bouche
en bouche.
Bientôt elle dirige son vol vers le roi Iarbas ; et, par ses discours, elle
allume le ressentiment dans son âme, et l’embrase d’un noir courroux.
Iarbas, fils d’Ammon et d’une nymphe du pays des Garamantes, avait
élevé à Jupiter, dans ses États, cent temples immenses, et cent autels
où le feu sacré, nuit et jour allumé, brûlait sans jamais s’éteindre, et
veillait éternellement en l’honneur des dieux. Sans cesse la terre y
fumait, arrosée du sang des viimes ; des guirlandes toujours fleuries
en ornaient les portiques. On dit qu’éperdu et hors de lui-même, à cette
nouvelle qui réveille toute sa jalousie, Iarbas courut au pied des autels,
et que là, en présence des dieux, et levant les mains au ciel, il exhala ces
plaintes amères :
Hæc replebat tum populos
sermone multiplici,
gaudens,
et canebat pariter
faa
atque infea :
Ænean venisse,
cretum a sanguine Trojano,
cui pulchra Dido
dignetur se jungere viro ;
nunc fovere hiemem,
quam longa,
inter se luxu,
immemores regnorum,
captosque cupidine turpi.
Dea fœda
diffundit passim hæc
in ora virum.
Protinus
detorquet cursus
ad regem Iarban,
incenditque animum
diis,
atque aggerat iras.
Hic, satus Ammone,
nympha Garamantide
rapta,
posuit Jovi
centum templa immania
latis regnis,
centum aras,
sacraveratque
ignem vigilem,
excubias æternas divum,
solumque pingue
cruore pecudum,
et limina florentia
sertis variis.
Isque amens animi,
et accensus
rumore amaro,
dicitur
orasse multa Jovem,
supplex manibus supinis,
ante aras,
inter media numina
divum :
énéide. livre iv. 25
Elle remplissait alors les peuples
de bruits multipliés,
se réjouissant,
et chantait (annonçait) pareillement
les choses faites
et les choses non-faites :
un Énée être venu,
issu du sang troyen,
à qui la belle Didon
daignait s’unir pour époux ;
maintenant eux passer l’hiver,
autant qu’il est long (tout entier),
entre eux dans la mollesse,
perdant-le-souvenir de leurs royaumes,
et épris d’une passion honteuse.
La déesse hideuse
répand çà et là ces bruits
dans les bouches des hommes.
Sans-s’arrêter
elle détourne sa course
vers le roi Iarbas,
et enflamme son cœur
par ses paroles,
et amasse ses colères.
Celui-ci, engendré par Hammon,
la nymphe Garamantis
ayant été enlevée,
établit en l’honneur de Jupiter
cent temples immenses
dans son vaste royaume,
cent autels,
et avait consacré
un feu vigilant,
veilles éternelles des dieux,
et un sol gras
par le sang des brebis,
et des portes fleuries
de guirlandes variées.
Et lui éperdu dans son erit,
et enflammé
par ce bruit amer (fâcheux),
est dit
avoir prié beaucoup Jupiter,
suppliant les mains penchées-en-arrière,
devant les autels,
au milieu des divinités (des statues)
des dieux :