AUTEURS LATINS - latin, grec, juxta

34 æneis. liber iv.
Si te nulla movet tantarum gloria rerum,
Nec super ipse tua moliris laude laborem ;
Ascanium surgentem et es heredis Iuli
Reice, cui regnum Italiæ Romanaque tellus
Debentur. » Tali Cyllenius ore locutus,
Mortales visus medio sermone reliquit,
Et procul in tenuem ex oculis evanuit auram.
At vero Æneas adeu obmutuit amens,
Arreæque horrore comæ, et vox faucibus hæsit.
Ardet abire fuga, dulcesque relinquere terras,
Attonitus tanto monitu imperioque Deorum.
Heu ! quid agat ? quo nunc reginam ambire furentem
Audeat affatu ? quæ prima exordia sumat ?
Atque animum nunc huc celerem, nunc dividit illuc,
In partesque rapit varias, perque omnia versat.
Hæc alternanti potior sententia visa est.
Mnesthea, Sergestumque vocat, fortemque Cloanthum :
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des hautes destinées qui t’attendent, si tu te refuses aux travaux
qui doivent te couronner de gloire, vois du moins, vois croître
le jeune Ascagne, et songe aux grandes eérances d’un si cher
héritier : souviens-toi que l’empire de l’Italie et la terre de Rome
lui sont dus. » Ayant ainsi parlé, Mercure, se dérobant aux
regards mortels, diaraît au loin comme une vapeur légère.
À cet ae, Énée se trouble et demeure interdit ; ses cheveux
se dressent d’horreur sur sa tête, sa voix expire sur ses
lèvres. Effrayé de cet avis céleste et de l’ordre des dieux, il brûle
de partir et d’abandonner en fugitif une contrée si chère. Mais,
hélas ! que faire ? Comment préparer à ce départ une amante en
fureur ? Que lui dire, et par où commencer ? Son erit agité
prend et rejette au même instant mille résolutions contraires,
tourne et flotte au hasard sans pouvoir se fixer. Après avoir
longtemps balancé, il croit enfin devoir s’arrêter à ce parti. Il
mande Mnesthée, Sergeste, et le vaillant Cloanthe ; il leur ordonne
d’équiper la flotte en silence, de rassembler
tantarum rerum
movet te,
nec ipse
moliris laborem
super tua laude ;
reice Ascanium
surgentem,
et es
Iuli heredis,
cui regnum Italiæ
tellusque Romana
debentur. »
Cyllenius locutus
tali ore,
reliquit visus
mortales
medio sermone,
et evanuit procul ex oculis
in auram tenuem.
At vero Æneas adeu
obmutuit amens,
comæque arreæ
horrore,
et vox hæsit faucibus.
Ardet abire fuga,
relinquereque
terras dulces,
attonitus tanto monitu
imperioque deorum.
Heu ! quid agat ?
quo affatu audeat nunc
ambire reginam
furentem ?
quæ prima exordia sumat ?
Atque dividit
animum celerem
nunc huc, nunc illuc,
rapitque in partes varias,
versatque
per omnia.
Hæc sententia
visa est potior
alternanti.
Vocat Mnesthea
Sergestumque,
fortemque Cloanthum ;
taciti
énéide. livre iv. 35
de si grandes choses (destinées)
ne touche toi,
et si toi-même
tu n’entreprends pas de travail
pour ta propre gloire ;
regarde vers (songe à) Ascagne
qui grandit,
et vers les eérances
d’Iule ton héritier,
à qui le royaume d’Italie
et la terre romaine
sont dues. »
Le dieu du-Cyllène ayant parlé
d’une telle bouche (en ces termes),
quitta les regards (se déroba à la vue)
mortels (du mortel Énée)
au milieu de son discours,
et s’évanouit loin de ses yeux
en une vapeur légère.
Mais au contraire Énée à cette vue
demeura-muet hors-de-lui,
et ses cheveux se dressèrent
d’horreur,
et sa voix demeura-attachée à son gosier.
Il brûle de s’en aller par une fuite,
et d’abandonner
ces terres douces (chéries),
frappé d’un si grand avertissement
et d’un tel ordre des dieux.
Hélas ! que fera-t-il ?
par quel entretien osera-t-il maintenant
circonvenir (préparer) la reine
tranortée-par-la-passion ?
quel premier début de son discours prendra
Et il partage (il porte) [t-il ?
son erit rapide
tantôt ici, tantôt là,
et l’entraîne de côtés divers,
et le tourne (le fait passer)
par toutes les résolutions.
Cet avis-ci
parut le meilleur
à lui allant-de-l’un-à-l’autre.
Il appelle Mnesthée
et Sergeste,
et le vaillant Cloanthe :
que se taisant (sans rien dire)