AUTEURS LATINS - latin, grec, juxta

48 æneis. liber iv.
Dicere. Suscipiunt famulæ, collapsaque membra
Marmoreo referunt thalamo, stratisque reponunt.
At pius Æneas, quanquam lenire dolentem
Solando cupit, et diis avertere curas,
Multa gemens, magnoque animum labefaus amore,
Jussa tamen Divum exsequitur, classemque revisit.
Tum vero Teucri incumbunt, et litore celsas
Deducunt toto naves : natat una carina ;
Frondentesque ferunt remos et robora silvis
Infabricata, fugæ studio.
Migrantes cernas, totaque ex urbe ruentes.
Ac veluti, ingentem formicæ farris acervum
Quum populant, hiemis memores, teoque reponunt.
It nigrum campis agmen, prædamque per herbas
Conveant calle angusto ; pars grandia trudunt
Obnixæ frumenta humeris ; pars agmina cogunt,
Castigantque moras : opere omnis semita fervet.
Quis tibi tunc, Dido, cernenti talia sensus ?
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et cherchant en vain à lui répondre. Ses femmes la soutiennent, la
portent mourante dans ses appartements, et la déposent sur sa couche.
Énée, attendri, voudrait adoucir la douleur de la reine, et calmer son
déseoir par des paroles consolantes ; il gémit, il soupire, et l’amour
en mourant fait chanceler son cœur : mais, résolu d’obéir aux dieux,
il s’éloigne, il va visiter sa flotte. Sa présence redouble l’ardeur des
Troyens ; ils s’empressent de faire descendre les navires des hauteurs du
rivage ; déjà les carènes flottent sur les ondes. On apporte de la forêt des
rames encore couvertes de feuillage, des mâts à peines façonnés, tant est
grande leur ardeur de fuite ! On les voit s’échapper en foule de tous les
quartiers de la ville. Telles s’empressent les fourmis quand, prévoyant
les besoins de l’hiver, elles ravagent un vaste amas de blé, et courent
emplir leurs magasins. Leur noir essaim cheminant à travers la plaine,
charrie le butin par un long sentier qu’elles tracent dans les herbes ; les
unes poussent de tous leurs efforts d’énormes grains de froment ; les
autres dirigent la marche et gourmandent les plus paresseuses ; tout est
mouvement sur la route.
Et toi, Didon, quelles étaient tes pensées en voyant ce eacle ?
et parantem dicere multa.
Famulæ suscipiunt,
referuntque
thalamo marmoreo
membra collapsa,
reponuntque stratis.
At pius Æneas,
quanquam cupit
lenire dolentem solando,
et avertere curas diis,
gemens multa,
labefausque animum
magno amore,
exsequitur tamen
jussa divum,
revisitque classem.
Tum vero Teucri
incumbunt,
et deducunt litore toto
naves celsas :
carina una natat ;
feruntque silvis
remos frondentes
et robora infabricata,
studio fugæ.
Cernas migrantes,
ruentesque ex tota urbe.
Ac veluti,
quum formicæ populant
ingentem acervum farris,
memores hiemis,
reponuntque teo :
nigrum agmen
it campis,
conveantque prædam
per herbas
calle angusto ;
pars trudunt
grandia frumenta
obnixæ humeris ;
pars cogunt agmina,
castigantque moras :
omnis semita fervet opere.
Quis sensus
tibi tunc, Dido,
cernenti talia !
Quosve gemitus
énéide. livre iv. 49
et se préparant à dire beaucoup de choses.
Ses suivantes la soutiennent,
et reportent
dans sa chambre ornée-de-marbre
ses membres défaillants,
et la posent sur sa couche.
Mais le pieux Énée,
bien qu’il désire
adoucir Didon désolée en la consolant,
et écarter ses chagrins par ses paroles,
gémissant beaucoup,
et ébranlé dans son cœur
par un grand amour,
exécute cependant
les ordres des dieux,
et va-revoir sa flotte.
Mais alors les Troyens
s’appliquent au travail,
et font descendre du rivage tout entier
les vaisseaux élevés :
la carène enduite flotte sur l’eau ;
et ils rapportent des forêts
des rames garnies-de-feuillage
et des chênes non-façonnés,
par empressement de la fuite.
Tu pourrais les voir émigrant,
et se précipitant hors de toute la ville.
Et comme,
lorsque les fourmis pillent
un grand monceau de blé,
se souvenant de (songeant à) l’hiver,
et déposent ce blé dans leur demeure :
la noire troupe
va (marche) dans les champs,
et elles tranortent leur butin
à travers les herbes
dans un sentier étroit ;
une partie pousse
de gros grains
faisant-effort des épaules ;
une partie rassemble les bataillons,
et châtie les retards :
tout le sentier s’échauffe par l’ouvrage.
Quels sentiments
étaient à toi alors, Didon,
voyant de tels travaux !
Ou quels gémissements