AUTEURS LATINS - latin, grec, juxta

54 æneis. liber iv.
Eruere inter se certant, it stridor, et alte
Consternunt terram, concusso stipite, frondes :
Ipsa hæret scopulis, et, quantum vertice ad auras
Æthereas, tantum radice in Tartara tendit :
Haud secus assiduis hinc atque hinc vocibus heros
Tunditur, et magno persentit peore curas ;
Mens immota manet, lacrymæ volvuntur inanes.
Tum vero infelix fatis exterrita Dido
Mortem orat ; tædet cæli convexa tueri.
Quo magis inceptum peragat lucemque relinquat,
Vidit, turicremis quum dona imponeret aris,
Horrendum diu ! latices nigrescere sacros,
Fusaque in obscenum se vertere vina cruorem
Hoc visum nulli, non ipsi effata sorori.
Præterea fuit in teis de marmore templum
Conjugis antiqui, miro quod honore colebat,
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l’attaquent de toutes parts et s’efforcent de le déraciner, l’air
siffle, le robuste tronc s’ébranle, et la terre est au loin semée de
ses feuilles diersées ; mais l’arbre demeure ferme sur son roc,
et autant sa tête s’élève dans les airs, autant par ses racines il
plonge dans le noir Tartare. Tel Énée est assailli de tous côtés
par les prières et les gémissements ; sa grande âme sent profondément
l’atteinte de la douleur, mais elle reste inébranlable, et
c’est en vain qu’autour de lui coulent les larmes.
Alors l’infortunée Didon envisage toute l’horreur de sa destinée,
elle invoque la mort ; elle ne peut plus supporter la lumière
des cieux, et, comme pour la pousser à son funeste dessein et
accroître son dégoût de la vie, elle a vu, tandis qu’elle offrait ses
dons et brûlait de l’encens sur les autels, elle a vu, présage affreux
! l’onde sacrée noircir, et les vins des libations se changer
en un sang impur. Cette vision effrayante, elle ne l’a dite à personne,
pas même à sa sœur. Ce n’est pas tout, il y avait dans son
palais un temple de marbre consacré à sou premier époux ; elle
l’honorait d’un culte particulier,
eruere flatibus
nunc hinc, nunc illinc,
quercum validam
robore annoso,
stridor it,
et frondes
consternunt terram
stipite concusso alte :
ipsa hæret
scopulis ;
et quantum tendit vertice
ad auras æthereas,
tantum radice
in Tartara :
haud secus
heros tunditur
hinc atque hinc
vocibus assiduis,
et persentit curas
magno peore ;
mens manet immota,
lacrymæ inanes
volvuntur.
Tum vero infelix Dido
exterrita fatis,
orat mortem ;
tædet tueri convexa cæli.
Quo peragat
magis
inceptum,
relinquatque lucem,
vidit,
quum imponeret dona
aris turicremis,
horrendum diu
latices sacros
nigrescere,
vinaque fusa
se vertere
in cruorem obscenum.
Effata hoc visum
nulli,
non sorori ipsi.
Præterea fuit in teis
templum de marmore
antiqui conjugis,
quod colebat
énéide. livre iv. 55
à déraciner par leurs souffles
tantôt d’ici, tantôt de là,
un chêne robuste
par un tronc chargé-d’années,
le sifflement va (se fait entendre),
et les feuilles
jonchent la terre
tombant du tronc ébranlé profondément :
mais le chêne lui-même reste-attaché
aux rochers ;
et autant qu’il s’étend (s’élève) par sa tête
vers les airs éthérés,
autant par sa racine
il s’étend (s’enfonce) vers le Tartare :
non autrement
le héros est battu
d’ici et de là
par des paroles continuelles,
et sent-profondément des chagrins
dans son grand cœur ;
son erit reste inébranlable,
des larmes inutiles
sont roulées (tombent) de ses yeux.
Mais alors l’infortunée Didon
épouvantée de ses destins,
implore la mort ;
il lui pèse de voir les voûtes du ciel.
Afin qu’elle accomplisse
davantage (avec plus de résolution)
son entreprise (son dessein),
et qu’elle quitte la lumière,
elle a vu,
tandis qu’elle plaçait des présents
sur les autels qui-brûlent-l’encens,
prodige horrible à être dit !
elle a vu les liqueurs sacrées
devenir-noires,
et les vins répandus
se tourner (se changer)
en un sang de-sinistre-augure.
Elle n’a conté cette vision
à personne,
elle ne l’a pas dite à sa sœur même.
De plus il y avait dans le palais
un temple de marbre
de son ancien époux,
qu’elle vénérait