AUTEURS LATINS - latin, grec, juxta

80 æneis. liber iv.
Dardanus, et nostræ secum ferat omina mortis. »
Dixerat ; atque illam media inter talia ferro
Collapsam adiciunt comites, ensemque cruore
Spumantem, arsasque manus : it clamor ad alta
Atria ; concussam bacchatur Fama per urbem ;
Lamentis gemituque, et femineo ululatu
Tea fremunt ; resonat magnis plangoribus æther.
Non aliter quam si immissis ruat hostibus omnis
Carthago, aut antiqua Tyros, flammæque furentes
Culmina perque hominum volvantur perque Deorum.
Audiit exanimis, trepidoque exterrita cursu,
Unguibus ora soror fœdans et peora pugnis
Per medios ruit, ac morientem nomine clamat :
« Hoc illud, germana, fuit ! me fraude petebas !
Hoc rogus iste mihi, hoc ignes aræque parabant !
665
670
675
ces flammes qui vont me consumer, qu’il en repaisse ses yeux,
et qu’il emporte avec lui le présage certain de mon trépas ! »
À ces mots, qu’elle achevait à peine, ses femmes la voient
tomber sous le fer ; elles voient l’épée encore fumante, et
ses mains couvertes de sang. Un cri d’effroi perce les voûtes
du palais ; la Renommée parcourt comme une bacchante la
ville épouvantée de la fatale nouvelle. On n’entend partout
que gémissements, que plaintes lamentables, que hurlements
de femmes éplorées ; l’air retentit de clameurs lugubres. On
dirait que Carthage inondée par des flots d’ennemis, ou
l’antique ville de Tyr s’écroule, et que les flammes furieuses
s’élancent en épais tourbillon au-dessus de la demeure des
hommes et des temples des dieux.
À cette nouvelle, Anna, hors d’elle-même, accourt épouvantée.
Déchirant son visage, se meurtrissant le sein, elle se
précipite à travers la foule, et appelle par son nom Didon
mourante. « Il est donc vrai, ma sœur, tu m’abusais ! voilà
donc ce que me préparaient
hauriat oculis
hunc ignem,
et ferat secum
omina nostræ mortis. »
Dixerat ;
atque comites
adiciunt illam
collapsam ferro
inter media talia,
ensemque
umantem cruore,
manusque arsas :
clamor it
ad atria alta ;
Fama bacchatur
per urbem concussam ;
tea fremunt
lamentis gemituque,
et ululatu femineo ;
æther resonat
magnis plangoribus.
Non aliter
quam si Carthago omnis,
aut antiqua Tyros
ruat
hostibus immissis,
flammæque furentes
volvantur
perque culmina
hominum,
perque deorum.
Soror audiit
exanimis,
exterritaque ruit
per medios
cursu trepido,
fœdans ora unguibus,
et peora pugnis,
ac clamat
morientem
nomine :
« Hoc fuit illud, germana !
petebas me fraude !
Hoc iste rogus,
hoc ignes aræque
parabant mihi ?
Quid querar primum
énéide. livre iv. 81
puise de ses yeux (contemple)
ce feu,
et qu’il emporte avec lui
des présages de notre mort. »
Elle avait dit ;
et ses compagnes
aperçoivent elle
tombée sous le fer
au milieu de telles paroles,
et l’épée
écumante de sang,
et ses mains arrosées de sang :
un cri va (s’élève)
vers les bâtiments élevés ;
la Renommée se répand
dans la ville alarmée ;
les maisons frémissent
de lamentations et de gémissements,
et de hurlements de-femmes ;
l’air retentit
de grandes clameurs.
Non autrement
que si Carthage tout entière,
ou l’antique ville de Tyr
s’écroulait
les ennemis y étant lancés,
et si les flammes furieuses
se roulaient (se propageaient)
et par les faîtes (les maisons)
des hommes,
et par les temples des dieux.
La sœur de Didon entendit les cris
tremblante,
et épouvantée elle se précipita
à travers le milieu des habitants
par une course empressée,
meurtrissant son visage avec ses ongles,
et sa poitrine avec ses poings,
et elle appelle-en-criant
Didon mourante
par son nom :
« C’était donc là ce sacrifice, ô ma sœur !
tu attaquais moi par un mensonge !
Voilà ce que ce bûcher,
ce que ces feux et ces autels
préparaient à moi ?
De quoi me plaindrai-je d’abord