AUTEURS LATINS - latin, grec, juxta

84 æneis. liber iv.
Tum Juno omnipotens, longum miserata dolorem
Difficilesque obitus, Irim demisit Olympo,
Quæ luantem animam nexosque resolveret artus.
Nam, quia nec fato, merita nec morte peribat,
Sed misera ante diem subitoque accensa furore,
Nondum illi flavum Proserpina vertice crinem
Abstulerat, Stygioque caput damnaverat Orco.
Ergo Iris croceis per cælum roscida pennis,
Mille trahens varios adverso sole colores,
Devolat, et supra caput adstitit : « Hunc ego Diti
Sacrum jussa fero, teque isto corpore solvo. »
Sic ait, et dextra crinem secat : omnis et una
Dilapsus calor, atque in ventos vita recessit.
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Alors la puissante Junon, ayant pitié de ces longues souffrances et
de cette pénible agonie, envoie Iris, du haut de l’Olympe, pour dégager
cette âme qui luttait contre les liens du corps ; car Didon périssant
viime, non de la loi commune ou d’un arrêt des destins, mais d’une
mort prématurée, et par l’effet d’une soudaine fureur, Proserpine
n’avait pas encore enlevé à son front le cheveu fatal, et dévoué sa tête
au dieu des enfers. Iris donc, déployant dans les airs ses ailes humides
de rosée, et que nuancent de mille couleurs les rayons opposés du soleil,
suend son vol au-dessus de la tête de la reine. « Je porte à Pluton,
dit-elle, ce tribut sacré, et par l’ordre des dieux, je te délivre de la
prison du corps. » Elle dit, et sa main coupe le cheveu fatal. Aussitôt
toute la chaleur se dissipe, et le souffle de la vie s’exhale dans les airs.
Tum omnipotens Juno,
miserata
longum dolorem
obitusque difficiles,
demisit Irim Olympo,
quæ resolveret
animam luantem
artusque nexos.
Nam, quia peribat
nec fato,
nec morte merita.
sed ante diem,
misera,
accensaque subito furore,
Proserpina
nondum abstulerat illi
vertice
crinem flavum,
damnaveratque caput
Orco Stygio.
Ergo Iris,
devolat per cælum
pennis croceis,
roscida,
trahens mille colores varios
sole adverso,
et adstitit supra caput :
« Ego jussa
fero Diti hunc sacrum.
solvoque te isto corpore. »
Ait sic,
et secat crinem dextra :
et una omnis calor
dilapsus,
atque vita
recessit in ventos.
énéide. livre iv. 85
Alors la toute-puissante Junon,
ayant pris-pitié
de sa longue souffrance
et de son trépas difficile,
envoya Iris de l’Olympe,
qui déliât (pour dégager)
son âme qui luttait
et ses membres attachés à son âme.
Car, parce qu’elle ne périssait
ni par le destin,
ni par une mort méritée,
mais avant le jour (le temps),
malheureuse,
et enflammée d’une folie subite,
Proserpine
n’avait pas encore ôté à elle
de la tête
le cheveu blond,
et n’avait pas encore dévoué sa tête
à Orcus le Stygien.
En conséquence Iris,
descend-en-volant à travers le ciel
à l’aide de ses ailes couleur-de-safran,
humide-de-rosée,
traînant mille couleurs diverses
sous le soleil opposé,
et se tint au-dessus de sa tête :
« Moi en ayant-reçu-l’ordre
je porte à Pluton ce cheveu sacré,
et je délie toi de ce corps. »
Elle dit ainsi,
et coupe le cheveu de sa droite :
et en même temps toute chaleur
se dissipa,
et la vie
se retira (se perdit) dans les vents.