Programme de rétablissement du béluga - BAPE - Gouvernement ...
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<strong>Programme</strong> <strong>de</strong> <strong>rétablissement</strong> <strong>du</strong> <strong>béluga</strong>, population <strong>de</strong> l’estuaire <strong>du</strong> Saint-Laurent 2012<br />
<strong>du</strong> Saint-Laurent échoués et examinés présentaient une ou plusieurs tumeurs cancéreuses<br />
terminales (tableau 1).<br />
Malheureusement, les étu<strong>de</strong>s toxicologiques sur les <strong>béluga</strong>s et les possibilités d’établir <strong>de</strong>s<br />
relations <strong>de</strong> cause à effet sont très limitées par la difficulté posée par l’échantillonnage <strong>de</strong> tissus<br />
frais et la con<strong>du</strong>ite <strong>de</strong> travaux expérimentaux. Bien que les seuils critiques auxquels ces<br />
contaminants se révèlent toxiques chez les <strong>béluga</strong>s soient inconnus, certains seuils ont été établis<br />
pour d’autres espèces <strong>de</strong> mammifères marins tel que le phoque commun (Ross et coll., 1996).<br />
D’autre part, l’Accord relatif à la qualité <strong>de</strong> l'eau dans les Grands Lacs, ratifié par le Canada et<br />
les Etats-Unis, a établi <strong>de</strong>s seuils maximaux <strong>de</strong> concentrations <strong>de</strong> composés organochlorés et <strong>de</strong><br />
mercure dans les proies pour protéger la santé <strong>de</strong>s oiseaux et mammifères piscivores (CMI,<br />
1978). Les concentrations <strong>de</strong> BPC et <strong>de</strong> mercure chez certaines proies potentielles <strong>du</strong> <strong>béluga</strong> ont<br />
diminué au cours <strong>de</strong>s <strong>de</strong>rnières décennies, mais sont encore au <strong>de</strong>ssus <strong>du</strong> seuil <strong>de</strong> protection <strong>de</strong>s<br />
prédateurs (Couillard, 2009). Pour plus <strong>de</strong> détails sur chaque groupe <strong>de</strong> contaminants voir<br />
l’annexe 2.<br />
Il est important <strong>de</strong> considérer l’effet synergique entre les différents contaminants qui risque<br />
d’augmenter la toxicité <strong>de</strong> ces pro<strong>du</strong>its. Par exemple, De Guise et coll. (1998) ont démontré qu’il<br />
y avait une baisse <strong>de</strong> la prolifération <strong>de</strong>s splénocytes <strong>de</strong> <strong>béluga</strong> (cellules qui ont un rôle dans le<br />
système immunitaire) exposées in vitro à certains mélanges <strong>de</strong> congénères <strong>de</strong> BPC, alors que ces<br />
mêmes congénères pris indivi<strong>du</strong>ellement et aux mêmes concentrations n’avaient pas d’effet<br />
notable. Eriksson et coll. (2006) ont démontré que les BPC et les PBDE ont <strong>de</strong>s effets cumulatifs<br />
sur le comportement <strong>de</strong>s souris. Il peut exister également une interaction entre les contaminants<br />
et les autres facteurs environnementaux (revue dans Couillard et coll., 2008a; Couillard et coll.,<br />
2008b). Par exemple, une diminution <strong>de</strong> la quantité <strong>de</strong> proies à un moment critique <strong>de</strong> l’année,<br />
pourrait entraîner une mobilisation <strong>de</strong>s contaminants accumulés dans le gras <strong>de</strong>s <strong>béluga</strong>s et<br />
augmenter le risque d’effets toxiques. L’effet <strong>de</strong>s contaminants pourrait également être amplifié<br />
par les changements climatiques ou les agents pathogènes. Les modifications <strong>de</strong> température, <strong>de</strong><br />
pH et <strong>de</strong> salinité résultant <strong>de</strong>s changements climatiques peuvent affecter la toxicité et la<br />
biodisponibilité <strong>de</strong>s contaminants (revue dans Schie<strong>de</strong>k et coll., 2007).<br />
En somme, la contamination <strong>de</strong>s <strong>béluga</strong>s <strong>du</strong> Saint-Laurent constitue encore une menace sérieuse<br />
au <strong>rétablissement</strong> <strong>de</strong> l’espèce. Malgré la ré<strong>du</strong>ction <strong>de</strong>s rejets <strong>de</strong> certains pro<strong>du</strong>its toxiques, les<br />
concentrations <strong>de</strong> contaminants dans les tissus <strong>de</strong>s <strong>béluga</strong>s ne baissent que très lentement. De<br />
plus, <strong>de</strong> nouveaux contaminants persistants ont été intro<strong>du</strong>its dans le milieu aquatique et<br />
s’accumulent dans les tissus <strong>de</strong>s <strong>béluga</strong>s (voir annexe 2). Les <strong>béluga</strong>s pourraient donc être<br />
affectés par les contaminants pendant encore plusieurs décennies. Les juvéniles et les a<strong>du</strong>ltes<br />
continuent d’être exposés par le biais <strong>de</strong> leur alimentation, tandis que les veaux reçoivent <strong>de</strong>s<br />
doses élevées par transfert <strong>de</strong> leur mère ce qui entrave le processus <strong>de</strong> décontamination <strong>du</strong><br />
<strong>béluga</strong>. Étant donné que certaines pathologies associées aux contaminants prennent plusieurs<br />
années à se développer (15 à 25 ans), il est justifié <strong>de</strong> s’inquiéter <strong>de</strong>s effets <strong>de</strong> la contamination<br />
passée <strong>du</strong> milieu sur l’état <strong>de</strong> santé <strong>de</strong>s animaux vivant actuellement. De plus, si les<br />
contaminants venaient à affecter le système repro<strong>du</strong>cteur <strong>de</strong>s <strong>béluga</strong>s, ils pourraient alors ré<strong>du</strong>ire<br />
le taux <strong>de</strong> croissance déjà faible <strong>de</strong> cette population.<br />
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