Programme de rétablissement du béluga - BAPE - Gouvernement ...
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<strong>Programme</strong> <strong>de</strong> <strong>rétablissement</strong> <strong>du</strong> <strong>béluga</strong>, population <strong>de</strong> l’estuaire <strong>du</strong> Saint-Laurent 2012<br />
Les baleines à <strong>de</strong>nts utilisent ces sons pour s’i<strong>de</strong>ntifier, pour coordonner les activités <strong>de</strong><br />
prédation, pour la cohésion sociale, la détection, la localisation et la caractérisation <strong>de</strong>s proies et<br />
<strong>de</strong>s obstacles par écholocation (Richardson et coll., 1995). Chez le <strong>béluga</strong>, les sifflements et les<br />
tons pulsés utilisés pour la communication ont principalement une fréquence comprise entre 0,5<br />
et 3,5 kHz, tandis que les clics et tons pulsés utilisés pour l’écholocation sont émis à <strong>de</strong>s<br />
fréquences beaucoup plus hautes, soit entre 30 et 60 kHz (Bédard et Simard, 2006).<br />
Le bruit d’origine anthropique a considérablement augmenté dans les océans lors <strong>de</strong>s 50<br />
<strong>de</strong>rnières années, et ce, à l’échelle mondiale. En plus <strong>du</strong> trafic maritime <strong>de</strong> toutes sortes,<br />
plusieurs activités in<strong>du</strong>strielles et militaires ont contribué à l’augmentation <strong>du</strong> bruit ambiant<br />
(Richardson et coll., 1995; NRC, 2003; Tyack, 2008). Par exemple, l’in<strong>du</strong>strie pétrolière et<br />
gazière génère <strong>de</strong> forts niveaux <strong>de</strong> bruit dans l’océan, en particulier à l’étape <strong>de</strong> l’exploration<br />
sismique où on enregistre habituellement les plus hauts niveaux <strong>de</strong> bruit, en comparaison <strong>de</strong>s<br />
autres métho<strong>de</strong>s d’exploration et <strong>de</strong>s étapes d’exploitation <strong>de</strong> ces ressources (Richardson et coll.,<br />
1995).<br />
Cette augmentation <strong>du</strong> bruit ambiant pourrait être exacerbée par une ré<strong>du</strong>ction <strong>du</strong> pH <strong>de</strong> l’eau.<br />
Les scénarios <strong>du</strong> Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution <strong>du</strong> climat montrent que<br />
le pH <strong>de</strong>s eaux <strong>de</strong> surface <strong>de</strong>s océans diminuera <strong>de</strong> 0,3 à l’échelle mondiale d’ici 2050 (Brewer,<br />
1997). Les changements climatiques combinés à l’eutrophisation 4 ont déjà entraîné une<br />
diminution <strong>de</strong> 0,2 à 0,3 <strong>du</strong> pH <strong>de</strong> l’eau profon<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’estuaire <strong>du</strong> Saint-Laurent (M. Starr, MPO,<br />
données non publiées). Hester et coll. (2008) ont montré qu’une diminution <strong>de</strong> pH <strong>de</strong> 0,3<br />
résulterait en une diminution <strong>de</strong> l’ordre <strong>de</strong> 40 % <strong>de</strong> l’absorption <strong>du</strong> bruit par les masses d’eau<br />
pour <strong>de</strong>s fréquences inférieures à 10 kHz. Donc, le bruit d’origine anthropique pourrait se<br />
propager sur <strong>de</strong> plus gran<strong>de</strong>s distances et affecter davantage la communication chez les cétacés<br />
dans l’estuaire.<br />
Un <strong>de</strong>s effets importants <strong>de</strong> l’augmentation <strong>de</strong>s bruits ambiants dans les océans est le phénomène<br />
<strong>du</strong> masquage. Il affecte la probabilité qu’un <strong>béluga</strong> détecte correctement un son d’écholocation<br />
qu’il a pro<strong>du</strong>it ou même les signaux envoyés par ses congénères (NRC, 2003). Le potentiel d'un<br />
bruit à être enten<strong>du</strong> dépend <strong>de</strong> l'intensité et <strong>de</strong>s fréquences auxquelles le bruit est pro<strong>du</strong>it, ainsi<br />
que <strong>de</strong>s capacités auditives <strong>de</strong> l'animal (niveaux <strong>du</strong> seuil d'audition). Les espèces comme le<br />
<strong>béluga</strong>, dont l'ouïe est hautement directionnelle, détiennent <strong>de</strong>s outils additionnels pour ré<strong>du</strong>ire le<br />
masquage (Erbe et Farmer, 1998; Mooney et coll., 2008). En présence <strong>de</strong> bateaux, les <strong>béluga</strong>s<br />
ré<strong>du</strong>isent le nombre et la diversité <strong>de</strong> leurs vocalises, augmentent la <strong>du</strong>rée et l’intensité <strong>de</strong><br />
certains signaux et répètent les sons plus fréquemment et à <strong>de</strong>s fréquences où l’interférence<br />
causée par le bruit <strong>de</strong> l’embarcation est ré<strong>du</strong>ite (Lesage, 1993; Lesage et coll., 1999). De même,<br />
une hausse <strong>du</strong> volume <strong>de</strong>s sons émis ou une cessation <strong>de</strong> toute activité vocale, en réaction à <strong>de</strong><br />
hauts niveaux <strong>de</strong> bruit ambiant, ont été observées chez les <strong>béluga</strong>s <strong>du</strong> Saint-Laurent (Lesage et<br />
coll., 1999; Scheifele et coll., 2005; Erbe, 2008).<br />
Finalement, les bruits d’origine anthropique peuvent aussi provoquer <strong>de</strong>s modifications<br />
temporaires ou permanentes <strong>de</strong>s seuils d’audition, la pro<strong>du</strong>ction d’hormones <strong>de</strong> stress et <strong>de</strong>s<br />
dommages physiques tels que la formation <strong>de</strong> bulle d’air chez les cétacés suite à une remontée<br />
4<br />
Enrichissement excessif <strong>de</strong>s cours d’eau par les nutriments et prolifération <strong>de</strong> la végétation aquatique et <strong>du</strong><br />
plancton.<br />
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