Chaîne du froid Chaque maillon compte ! - FOOD MAGAZINE
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Il y a des cibles qui sont prêtes. Nous avons<br />
même observé des utilisations qui n’étaient<br />
pas prévues : dans certaines administrations<br />
ou sociétés qui <strong>compte</strong>nt 15 à 20 personnes,<br />
vous ne pouvez pas faire de cantine. Si vous<br />
mettez un congélateur, des plats cuisinés, un<br />
micro-ondes, vous avez votre propre cantine.<br />
Fabriquez-vous sur place ces plats<br />
surgelés ?<br />
Nous avons investi dans une grosse usine<br />
pour fabriquer les plats cuisinés et les aides<br />
culinaires. Au début nous voulions construire<br />
le marché en étant purement importateur,<br />
sans prendre le risque de construire une<br />
usine : on importe, on voit ce qui se passe et<br />
ensuite on investit. Mais dans le secteur des<br />
plats cuisinés, il y a des freins sanitaires. Pour<br />
importer un plat cuisiné avec de la viande au<br />
Maroc, il faut prouver que la viande utilisée<br />
est née et élevée en France ou en Argentine.<br />
Les sources de viande autorisées à rentrer au<br />
Maroc sont très petites. Et puis la viande doit<br />
être halal. Donc cette nécessité de traçabilité<br />
est un frein à l’importation. D’ailleurs, si<br />
vous regardez les plats cuisinés importés en<br />
grande distribution sous MDD, vous verrez<br />
que ce sont des pro<strong>du</strong>its à base de légumes<br />
ou de poisson. Si vous voulez mettre sur le<br />
marché des plats cuisinés avec de la viande<br />
rouge, vous les fabriquez.<br />
Exportez-vous ou prévoyez-vous<br />
d’exporter des surgelés ?<br />
Sur les pro<strong>du</strong>its fabriqués localement, nous<br />
avons juste la capacité de suivre la demande.<br />
Nous n’avons donc pas une stratégie<br />
d’exportation car nous estimons qu’il y a<br />
encore beaucoup de choses à faire au Maroc.<br />
Comment évolue votre activité food<br />
service ?<br />
Cette activité concerne les glaces en bacs<br />
de 5 litres et les surgelés et représente<br />
20% de notre activité globale. Ce segment<br />
évolue énormément car il bénéficie <strong>du</strong><br />
développement <strong>du</strong> tourisme, des ouvertures<br />
de grandes stations. Nous avons été les<br />
seuls à aller sur la station de Saïdia : il a<br />
fallu livrer des glaces, de la viande, des<br />
frites à tous ces hôtels. Nous avons mis en<br />
place une navette pour les livrer à Oujda.<br />
Lorsque les différentes stations <strong>du</strong> Plan Azur<br />
seront opérationnelles, ce marché devrait<br />
doubler. Et dans le surgelé, nous aimons les<br />
concentrations, car ce sont des économies<br />
d’échelle au niveau de la logistique : le<br />
volume est important, les coûts logistiques<br />
partagés, et nous avons alors des prix très<br />
compétitifs.<br />
Comment gérez-vous votre<br />
logistique <strong>froid</strong> ?<br />
Nous avons commencé avec <strong>du</strong> stockage<br />
propre et <strong>du</strong> stockage loué. Nous avons<br />
<strong>FOOD</strong> <strong>MAGAZINE</strong> - N° 17 / Du 15 Déc. 2009 au 15 Jan. 2010 34<br />
d’abord construit les volumes, nous n’allions<br />
pas partir la fleur au fusil dans des grands<br />
locaux de stockage. Aujourd’hui nous<br />
sommes complètement autonomes en<br />
stockage masse. Et en surgelé, vous êtes<br />
parfois obligés d’avoir chez vous toujours au<br />
moins 60 jours de stock sur la référence pour<br />
garantir à votre client qu’il ne va pas être en<br />
rupture.<br />
Nous avons également 14 agences régionales<br />
équipées en stockage sécurité et en camions<br />
de picking, qui font les tournées régionales<br />
quotidiennes. Ensuite, il y a une logistique en<br />
juste-à-temps entre la plate-forme principale<br />
et les agences. Cent camions de picking<br />
opèrent en permanence. Comme ils ouvrent<br />
et ferment leurs portes très souvent, ils sont<br />
équipés de plaques eutectiques pour garantir<br />
une température pendant 36 heures, sans<br />
avoir à être branché.<br />
Dans la gestion de la température, il existe<br />
un lieu commun : tout le monde pense qu’on<br />
garantit la température <strong>du</strong> camion en mettant<br />
un thermomètre. Non, le thermomètre est là<br />
souvent pour vous dire que la température<br />
est mauvaise, mais c’est trop tard. Le risque<br />
est surtout dans le picking : il faut donner au<br />
camion assez de <strong>froid</strong> pour partir et revenir,<br />
même si les portes sont ouvertes plusieurs<br />
fois à Marrakech en plein été. Quand il rentre<br />
à l’entrepôt, il est encore à température.<br />
Maîtriser la chaîne <strong>du</strong> <strong>froid</strong><br />
chez vous est une chose, mais<br />
concrètement, comment la<br />
surveillez-vous chez le client ?<br />
C’est la même chose, si vous voulez être<br />
sûr d’avoir un respect de la chaîne <strong>du</strong><br />
<strong>froid</strong> chez le client, il faut l’équiper. Nous<br />
entretenons et livrons des dizaines de<br />
milliers de congélateurs chez nos clients.<br />
C’est aujourd’hui la seule manière de le<br />
garantir. Il faut aussi former le client. Il y a<br />
quelques années, il était difficile d’expliquer<br />
aux épiciers que débrancher le meuble le soir<br />
leur coûtait plus cher en électricité que le<br />
laisser branché. C’est une sensibilisation en<br />
permanence.<br />
Voyez-vous les épiciers évoluer<br />
dans leurs pratiques ?<br />
Oui, les épiciers ont aujourd’hui une bonne<br />
connaissance <strong>du</strong> <strong>froid</strong>, car nous ne sommes<br />
pas les seuls opérateurs impliqués. Nous<br />
les avons formés sur le <strong>froid</strong> négatif, mais<br />
ils sont aussi équipés par les in<strong>du</strong>striels des<br />
boissons gazeuses, les laitiers… Aujourd’hui<br />
ils sont sensibilisés sur l’aspect économique :<br />
ça leur coûte plus cher de mal gérer le <strong>froid</strong><br />
que de bien le gérer. Nous avons choisi de ne<br />
pas prendre en charge tous les pro<strong>du</strong>its qu’ils<br />
abîmaient. Si nous les avions pris en charge,<br />
ils n’auraient pas fait l’effort. Le travail de<br />
l’ensemble des in<strong>du</strong>striels <strong>du</strong> frais et <strong>du</strong> <strong>froid</strong><br />
porte ses fruits maintenant.<br />
Quel est votre constat général sur la<br />
chaîne <strong>du</strong> <strong>froid</strong> au Maroc ?<br />
Si on compare la situation d’il y a 5 ans et<br />
celle d’aujourd’hui, on constate une très<br />
bonne évolution. Un des facteurs clés de<br />
cette évolution est la baisse des droits de<br />
douane sur les meubles. A un moment, c’était<br />
effrayant. Il fallait payer 50% de droits alors<br />
que le Maroc n’a jamais eu une in<strong>du</strong>strie<br />
réelle de fabrication de meubles de <strong>froid</strong>.<br />
Aujourd’hui, avec le démantèlement douanier<br />
avec l’Europe, tous les gros opérateurs<br />
équipent systématiquement les points de<br />
vente. Maintenant on a même le problème<br />
inverse : on ne sait plus où poser notre<br />
meuble ! Et c’est très positif. Cette baisse des<br />
droits de douane, associée à la sensibilisation<br />
des points de vente, et à la prise de<br />
conscience <strong>du</strong> consommateur qui, entre deux<br />
points de vente, choisit celui qui est équipé en<br />
<strong>froid</strong>, fait évoluer les choses, même si vous<br />
aurez toujours des resquilleurs.<br />
Quels sont vos projets sur le<br />
segment des surgelés ?<br />
Aujourd’hui, nous sommes sur une cible<br />
petite, homogène, mais lorsque l’utilisation<br />
<strong>du</strong> surgelé va s’étendre, des segmentations de<br />
la clientèle vont se présenter et il y aura un<br />
travail marketing pour déterminer les attentes<br />
des nouveaux segments et leur faire une offre<br />
adaptée. Aujourd’hui par exemple, nous ne<br />
faisons pas de plats traditionnels marocains.<br />
Nous pourrions les faire, mais à cette étape<br />
<strong>du</strong> surgelé, il serait inconcevable de le faire<br />
acheter à la ménagère. Il ne faut pas heurter<br />
les habitudes. Mais dans les marchés mûrs, le<br />
top ten des ventes est constitué de pro<strong>du</strong>its <strong>du</strong><br />
terroir. En France, c’est <strong>du</strong> hachis parmentier,<br />
<strong>du</strong> cassoulet…<br />
Et on en revient également au prix. Si<br />
demain, nous offrons aux ménagères des<br />
plats cuisinés à faible prix, ça les arrangerait.<br />
Mais aujourd’hui, avec une TVA à 20%,<br />
les coûts d’amortissement et de logistique,<br />
comment rester compétitifs par rapport au<br />
fait maison ?<br />
Aujourd’hui, notre axe de développement<br />
principal est le surgelé. Le biscuit est un<br />
marché mûr. Lorsque nous avons commencé<br />
les glaces, elles représentaient par rapport<br />
aux biscuits ce que les surgelés représentent<br />
aujourd’hui par rapport aux glaces. Et<br />
nous espérons que dans 5 ans, les surgelés<br />
seront notre relais de croissance et que nous<br />
trouverons alors un autre relais à mettre en<br />
place.<br />
Propos recueillis<br />
par Florence<br />
CLAIR