Chaîne du froid Chaque maillon compte ! - FOOD MAGAZINE

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comme la France, le débat sur l’inflation
consécutive au passage à l’Euro et
ressentie par les consommateurs par
opposition aux mesures économiques
et institutionnelles de l’INSEE, est
relativement récent. En Allemagne,
par contre, il est né immédiatement
après le basculement. D’ailleurs, la
crainte du renchérissement des prix,
suscitée par l’Euro, a été exploitée par
les distributeurs alimentaires dès la
fin 2001, notamment avec une forte
campagne publicitaire de l’enseigne
Aldi, affirmant : « Chez nous, aucun
produit ne sera plus cher en passant
à l’Euro ». Cette campagne visait
doublement à fidéliser une clientèle
réduisant ses dépenses alimentaires et à
conforter les positions du discount dans
un paysage de la distribution alimentaire
en pleine restructuration.
Les géants allemands
du discount
Depuis le début de la décennie,
l’Allemagne a conforté son engagement
pour ce mode de distribution. Elle a
même donné naissance à de véritables
géants du discount tels que Lidl ou
Aldi. Le premier a ainsi étendu sa zone
d’activité aux pays européens et y glane
le leadership en matière de part de
marché discount. Or, si les Allemands
l’ont compris avant les autres, il n’en
reste pas moins que le discount est une
tendance mondiale et le savoir-faire
allemand en la matière devrait trouver
des débouchés internationaux plus
facilement à l’avenir. D’ailleurs, on parle
même de l’arrivée prochaine de Lidl au
Maroc. « Le marché agroalimentaire
allemand est un marché important de
par sa taille et très particulier de par
sa structure. En effet, la distribution est
dominée par le segment
du « Hard discount » qui
totalise plus de 50% des
ventes sur le marché et
ceci s’explique par le fait
que les consommateurs
allemands sont
particulièrement attentifs
aux prix et très sensibles
aux promotions, bien plus
que dans d’autres pays
européens », rapporte
Hassan Khalil, DG de
Dari Couspate dont les
produits sont exportés
en Allemagne. Une chose est sûre, les
professionnels de l’agroalimentaire
allemand sont très sensibles aux
tendances de consommations. C’est
pourquoi ils œuvrent dans le sens de
l’anticipation de ces tendances et à titre
d’exemple, l’élément démographique
est pris au sérieux. Ainsi, la population
diminue et les ménages comptent
de moins en moins de personnes.
Cette donne pousse les industriels de
l’agroalimentaire du pays de Goethe
à réagir en proposant de plus en plus
d’unités d’emballage réduites. Les
produits « convenience », notamment
les produits frais réfrigérés, préparés
le jour même, sont plus recherchés
que jamais. Toutefois, une autre donne
démographique pèse de tout son poids
sur la réflexion des industriels…
Les agro-industriels à l’affût
des tendances
En 2050, plus de 30% de la population
allemande aura 60 ans et plus.
L’opportunité à saisir consiste donc
à développer et à commercialiser des
produits pour répondre aux nouveaux
besoins. Pour les seniors, ce sont par
exemple des produits synonymes de
santé et de bien-être ou des produits
fonctionnels grand âge et anti âge. Par
ailleurs, l’augmentation du nombre de
personnes qui présentent une surcharge
pondérale est une autre conséquence de
l’évolution de la société. Le commerce
allemand de produits alimentaires réagit
donc à cette tendance en multipliant
les initiatives d’information du
consommateur et en mettant en avant
des produits diététiques à basse teneur
calorique. Les produits au label bio sont
aussi mis en exergue avec un chiffre
d’affaires de 5 milliards d’Euros en
2007. Les acteurs de l’agroalimentaire
allemand sont donc à l’affût des
tendances et de l’évolution de la société.
Bien leur en prend car cela leur donne
une avance certaine au niveau mondial.
La grande messe de l’agroalimentaire
se tient d’ailleurs en Allemagne : le
salon Anuga réunit chaque année le
gotha de l’agro-industrie mondiale
qui vient y confronter les différentes
expériences. C’est aussi l’occasion pour
les participants d’opérer un benchmark
géant, profitant de la présence des
différentes délégations. A ce propos,
Hassan Khalil confie : « la
participation à l’Anuga nous permet
de prospecter le marché allemand, de
rencontrer nos clients sur place et de
découvrir également les innovations
et les nouveautés relatives au marché
de l’agroalimentaire. De plus, la
participation à un salon est une étape
dans un processus de vente. En ce qui
concerne l’Anuga, nous avons pu y
conclure cette année des affaires qui
étaient déjà entamées et rencontrer de
nouveaux prospects avec lesquels nous
comptons développer notre volume
d’activités ». Bon résultat à un haut
niveau : quelques 153.500 visiteurs
professionnels de plus de 180 pays se
sont déplacéq à Cologne. Ce n’est pas un
hasard si ce salon se tient en Allemagne,
étant donné que ce pays fait office de
référence mondiale de la discipline…
Fiche technique
de l’agroalimentaire allemand
164,3 milliards d’Euros, c’est
le chiffre d’affaires global
du commerce de produits
alimentaires en 2008.
53 milliards d’Euros, c’est le
chiffre record des exportations
agricoles allemandes, atteint
en 2008.
Bière, pâtisseries, chocolat,
viande de porc fraîche,
spiritueux et vins : ce sont les
produits stars allemands à
l’export.
10%, c’est la part de la
population active allemande
employée par le secteur de
l’agro-industrie.
41,9%, c’est la part du chiffre
d’affaires global glanée par les
discounters.
FOOD MAGAZINE - N° 17 / Du 15 Déc. 2009 au 15 Jan. 2010 45