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ProChoix
n° 47 - mars 2009
de Berlin, la fin de l’apartheid en Afrique du Sud et le processus de paix
entre les palestiniens et le israéliens. Nous observions déjà des dérives
dans les discussions onusiennes, mais l’espoir était le plus grand. Et nous
imaginions que le génocide au Rwanda, la guerre dans les Balkans etc…
étaient en quelque sorte des dommages collatéraux aux transformations
du monde qui immanquablement ne pouvait aller, à force de volonté,
de dialogues et de persévérance, vers un futur qui sonnerait l’avènement
de des droits humains. D’ailleurs l’adoption du statut de Rome en 1998
pour la Cour Pénale internationale est tout à fait symbolique du foisonnement
et des avancées des années 1998.
Avec le recul, je me rends compte à quel point j’ai été naïve emportée
par ces espoirs fous. Au tournant du millénaire, force est de constater
que le rêve s’est transformé en cauchemar. Le processus de réforme
a encore accéléré le délitement des cadres. Le Conseil des droits de
l’homme créé en 2006 en est le plus parfait exemple. Il a précipité la
rhétorique d’inversion et a favorisé la main mise des pays autoritaires
sur les institutions et l’élaboration des normes du 21ème siècle. Pour
moi le plus grave réside dans la capitulation des démocraties qui ne
défendent plus les principes fondamentaux et les liberté individuelles,
pour des raisons qui ont principalement à voir avec la Realpolitik et
des contingences économiques et/ou énergétiques, quand ce n’est pas
l’inquiétude du terrorisme. Je situe l’ancrage de ces dérives en 1993 lors
de la Conférence des droits de l’homme à Vienne en 1993, et leur consécration
lors de la Conférence mondiale contre le racisme en Afrique du
sud. A partir de là, nous sommes passés de l’autre côté du miroir et nous
avons assisté à une accélération de l’inversion des normes référentielles
et à leur instrumentalisation.
Quel est votre souvenir de la conférence de Durban ?
La conférence de Durban a été un moment tout à fait unique dans les
conférences mondiales qui avaient rythmées les années 1990. Nous
connaissions les batailles sémantique, la guerre des mots, les tensions,
les focalisations prétextes, mais nous n’avions jamais assisté à un tel
éclatement des cadres. Du côté du Forum des ONG, la violence s'est
déversée sans retenue et avec une force incroyable, un antisémitisme
ouvert et violent, la mise à silence des femmes, mais aussi le putsch du
caucus des ONG européennes, c’est à dire la destruction et du coup
la censure du regroupement des ONG d'Europe de l’Ouest dans une
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