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ProChoix<br />
n° 47 - mars 2009<br />
La traite d’esclaves en direction de l’Europe est el<strong>le</strong> aussi en p<strong>le</strong>ine<br />
expansion. La traite se fait par des "intermédiaires", des "convoyeurs"<br />
jusqu'à l'avion, comme <strong>le</strong>s autres formes de traite dans <strong>le</strong> pays (promesse<br />
d'argent, puis voyage en minibus ou en voiture jusqu'à l'aéroport).<br />
Ensuite, des "rabatteurs" prennent en charge <strong>le</strong>s fil<strong>le</strong>ttes à la descente<br />
de l'avion et <strong>le</strong>s proposent, au mois, à des coup<strong>le</strong>s aisés, pour en faire<br />
des esclaves domestiques. <strong>Pour</strong> encourager <strong>le</strong>s famil<strong>le</strong>s à abandonner<br />
<strong>le</strong>urs fil<strong>le</strong>s, on a recourt à toute sorte de mensonges : camp d’hiver, tournoi<br />
sportif, défilé de mode… On rapporte même l’histoire de famil<strong>le</strong>s<br />
convaincues d’avoir obtenu pour <strong>le</strong>urs enfants une audience papa<strong>le</strong>.(1)<br />
A la descente de l’avion, <strong>le</strong>s jeunes Africaines de neuf à douze ans sont<br />
« prise en charge » par des rabatteurs, qui <strong>le</strong>s louent ensuite, au mois, à<br />
des particuliers, généra<strong>le</strong>ment des coup<strong>le</strong>s aisés. Les fil<strong>le</strong>ttes, isolées du<br />
monde extérieur, sans contact avec <strong>le</strong>ur famil<strong>le</strong>, travail<strong>le</strong>nt dix-huit heures<br />
par jour, dorment à même <strong>le</strong> sol et subissent souvent viols, coups et<br />
insultes. En 2000, <strong>le</strong> Comité contre l’Esclavage Moderne (CCEM) estime<br />
que trois à cinq mil<strong>le</strong> jeunes fil<strong>le</strong>s africaines étaient ainsi acheminées<br />
en France pour servir d’esclaves. Le secrétaire général du CCEM Marc<br />
Béziat rapporte « des cas de jeunes victimes enfermées dans des caves,<br />
d’autres obligées de se laver dans <strong>le</strong>s toi<strong>le</strong>ttes» ainsi que l’existence de<br />
trafiquants en région parisienne. (2)<br />
L’amp<strong>le</strong>ur du drame de l’esclavage moderne requiert une réponse urgente<br />
et musclée. En janvier 2009, lors d’une session préparatoire de<br />
la Conférence contre <strong>le</strong> racisme (dite Durban II) aux Nations Unies,<br />
l’International Humanist and Ethical Union (IHEU) (3) rédige de ce fait<br />
une note de briefing insistant sur ce fléau. (4)<br />
La réaction de la Mission Permanente de la République du Bénin aux<br />
Nations Unies ne se fait pas attendre. En lieu et place de remerciements<br />
pour avoir rappelé ce problème, <strong>le</strong>s représentants officiels critiquent<br />
l’IHEU durant la session et distribuent une réponse écrite au vitriol.<br />
Accusant <strong>le</strong>s délégués présents de « manquer de preuves formel<strong>le</strong>s »<br />
tions, December 2001 http://www.un.org/ecosocdev/geninfo/afrec/subjindx/childpdf/<br />
childgha.pdf<br />
1 «In the grip of Benin’s child traffickers”, op.cit.<br />
2 Afrik.com, http://www.afrik.com/artic<strong>le</strong>774.html<br />
3 Organisation internationa<strong>le</strong> laïque, regroupant cinq millions de membres dans<br />
quarante pays.<br />
4 IHEU, Briefing Note on Slavery and Slave Trade, Durban Review Conference Working<br />
Group, Geneva, 20 janvier 2009<br />
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