Revue belge de numismatique et de sigillographie

527
ciseau, le tour, le marteau et le feu ou avoir assisté à ces
opérations ou, mieux encore, imiter l'exemple de feu le
duc de Luynes qui avait installé un véritable atelier pour
se rendre compte des procédés monétaires des anciens.
Très rares sont les essais monétaires romains, l'auteur,
en bien des années de recherches, n'ayant pu en réunir que
vingt-six en tous métaux et de toutes les formes! Et cepen-
dant, il a dû en exister un assez grand nombre quand on
songe que l'artiste, gravant alors directement en creux sur
les coins, devait éprouver le besoin de s'assurer fréquem-
ment de l'avancement et de l'effet de son travail. La grande
difficulté d'obtenir une bonne empreinte sur un flanc,
même chauffé au rouge, en or, en argent ou en cuivre,
a dû nécessairement pousser les graveurs de l'époque à se
servir, au cours de leur travail, du plomb, métal facilement
fusible et malléable. C'est donc parmi les plombs antiques,
souvent considérés à tort par les anciens comme monnaies
fausses, qu'il faut espérer trouver le plus de ces essais
monétaires, monuments si intéressants pour l'histoire et
l'art de ces temps éloignés.
Le Père Garrucci, dans ses Piombi scritli, mentionne
des épreuves de coins qui sont indiscutables. Il en cite de
nombreux exemples dans son chapitre VÏII. Le savant
italien ne fut malheureusement que peu suivi dans cette
voie. Le champ à explorer est cependant vaste, car combien
de changements ont dû être apportés, au cours de la gra-
vure et avant la frappe, aux innombrables types monétaires
antiques, tant par les modifications successives dues aux
artistes eux-mêmes que par celles imposées par les fonc-
tionnaires chargés de recevoir les coins nouveaux ! Ces
épreuves peuvent donc nous révéler maint fait intéressant
dont il ne reste pas trace sur la monnaie définitive.