M - Institut français de l'éducation
M - Institut français de l'éducation
M - Institut français de l'éducation
Create successful ePaper yourself
Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.
170 JOURNAL DES INSTITUTEURS ET DES INSTITUTRICES 10 déc. 3»<br />
blier ; car un trop grand nombre <strong>de</strong>s recrues<br />
qu'ils ont fournies à l'immigration gar<strong>de</strong>nt à<br />
leur patrie d'origine une fidélité que leur patrie<br />
d'adoption ne peut pas considérer sans<br />
inquiétu<strong>de</strong>. Le gouvernement fasciste <strong>de</strong><br />
Rome intensifie à cet égard la politique <strong>de</strong><br />
ses prédécesseurs et multiplie les efforts pour<br />
encadrer les Italiens dans ses cohortes. Les<br />
Allemands sont moins nombreux, mais,<br />
comme partout, sont naturellement portés à<br />
se sentir les cou<strong>de</strong>s, à s'organiser ; leur langue,<br />
qui n'a rien <strong>de</strong> commun avec l'idiome du cru,<br />
renforce ce particularisme. Et l'on se plaint<br />
que les écoles alleman<strong>de</strong>s, malgré les menaces<br />
<strong>de</strong> fermeture et les amen<strong>de</strong>s, n'appliquent<br />
point la loi qui impose le brésilien<br />
comme langue véhiculaire <strong>de</strong> l'enseignement.<br />
Toutes choses auxquelles on prêterait peutêtre<br />
moins d'attention., s'il n'y avait la « propagan<strong>de</strong><br />
», qu'on soupçonne volontiers <strong>de</strong> ne<br />
point se désintéresser <strong>de</strong>s affaires intérieures<br />
du Brésil.<br />
S'agit-il <strong>de</strong>s Japonais ? C'est d'une véritable<br />
phobie que sont pris certains Brésiliens.<br />
Que ne vous diront-ils ? Que les Japonais<br />
ont disposé leurs établissements <strong>de</strong><br />
l'Amazonie <strong>de</strong> façon à faciliter l'incursion<br />
d'une flotte japonaise. Que certaines écoles<br />
japonaises dispensent bien l'enseignement en<br />
brésilien durant l'année scolaire,' mais se<br />
rouvrent pendant les vacances officielles<br />
pour donner <strong>de</strong>s cours en japonais. Même<br />
ceux qui ne polémiquent pas ainsi affirment<br />
que les Japonais sont indésirables parce<br />
qu'inassimilables ; ils admettent volontiers<br />
que les mérites <strong>de</strong> travailleurs <strong>de</strong>s jaunes, qui<br />
font d'eux d'excellents pionniers <strong>de</strong> colonisation,<br />
les rendraient souhaitables pour le<br />
Brésil ; mais ils se refusent à laisser se constituer<br />
<strong>de</strong>s noyaux ethniques, dont le danger<br />
pourrait s'accroître du fait <strong>de</strong>s visées qu'on<br />
suppose, à tort ou à raison, à leur pays d'origine...<br />
Ainsi, <strong>de</strong> quelque nation <strong>de</strong> l'axe qu'il<br />
s'agisse, ce n'est point sans.quelque méfiance<br />
que le Brésil regar<strong>de</strong> vers elle.<br />
* *<br />
AIS alors, la France ? Il est bien entendu<br />
M que les Français ne sont pas plus nombreux<br />
au Brésil que dans tout autre pays<br />
étranger. Ils l'ont été beaucoup plus au<br />
xix e<br />
siècle, où ils géraient à Rio le commerce<br />
et en particulier tout le commerce <strong>de</strong> luxe ;<br />
telle rue <strong>de</strong> la capitale était bordée uniquement<br />
<strong>de</strong> boutiques <strong>français</strong>es. Il faut aujourd'hui<br />
un bien grand hasard pour tomber sur<br />
un magasin tenu par un compatriote. En<br />
revanche, quelle heureuse surprise <strong>de</strong> voir<br />
les <strong>de</strong>vantures <strong>de</strong>s librairies abondamment<br />
garnies <strong>de</strong> publications <strong>français</strong>es <strong>de</strong> tout<br />
ordre : revues, romans, sciences, critique<br />
littéraire, philosophie, religion, manuels scolaires<br />
même, tout est représenté. A la Bibliothèque<br />
nationale <strong>de</strong> Rio, sur une moyenne<br />
mensuelle <strong>de</strong> dix mille livres consultés, six<br />
mille sont en brésilien, trois mille environ en<br />
<strong>français</strong>. Rares sont les Brésiliens <strong>de</strong>s classes<br />
moyennes qui ne lisent pas le <strong>français</strong>. Dans<br />
les milieux cultivés, combien s'expriment<br />
avec une pureté <strong>de</strong> langue et d'accent que<br />
maint Français leur envierait ; combien<br />
témoignent d'une connaissance intime et raffinée<br />
<strong>de</strong> notre littérature, <strong>de</strong>puis les classiques<br />
jusqu'aux contemporains 1<br />
Les Brésiliens ont ainsi adopté le <strong>français</strong><br />
il y a un siècle environ, quand leur pays commença<br />
à vivre sa vie propre. Le <strong>français</strong> était<br />
alors la seule langue <strong>de</strong> culture ; il s'imposait<br />
à qui voulait entrer dans le courant général <strong>de</strong><br />
la civilisation européenne.. Les hasards matrimoniaux<br />
qui amenèrent à la cour du Brésil<br />
<strong>de</strong>s princesses <strong>français</strong>es ne purent nuire à sa<br />
<strong>de</strong>stinée. Mais surtout son caractère <strong>de</strong> langue<br />
romane lui était favorable en le rendant plus<br />
accessible que les parlers anglo-saxons à un<br />
euple <strong>de</strong> fond latin. Depuis, il est resté à la<br />
ase même <strong>de</strong> toute instruction qui ne s'en<br />
tient pas au niveau élémentaire, à quoi ont<br />
contribué les maisons d'éducation religieuses,<br />
dirigées souvent par <strong>de</strong>s ordres <strong>français</strong>...<br />
On ne saurait omettre enfin, pour l'époque<br />
présente, le rôle du professeur Georges Dumas,<br />
l'éminent psychologue <strong>de</strong> laSorbonne,<br />
mais aussi le mainteneur et le propagateur <strong>de</strong><br />
l'influence <strong>français</strong>e dans toute l'Amérique<br />
du Sud. La sympathie respectueuse et confiante<br />
dont l'entoure le mon<strong>de</strong> lettré, universitaire,<br />
politique du Brésil, a compté pour<br />
beaucoup dans l'appel que ce pays a fait à<br />
<strong>de</strong>s professeurs <strong>français</strong>. L'Université <strong>de</strong><br />
Saint-Paul, celle <strong>de</strong> Rio <strong>de</strong> Janeiro ont ainsi<br />
leur équipe <strong>français</strong>e, au grand dépit <strong>de</strong> certains<br />
Etats européens, qui auraient volontiers<br />
pris la place. Le seul fait que ces maîtres<br />
font leurs cours en <strong>français</strong> témoigne^ <strong>de</strong><br />
quelle audience notre langue jouit là-bas...<br />
Elle n'est au service d'aucun impérialisme,<br />
d'aucune tentative <strong>de</strong> pénétration, elle n'a<br />
rien d'inquiétant pour personne ; seules les<br />
sottises que nos journaux et nous-mêmes<br />
débitons à notre propre sujet peuvent nuire<br />
au rayonnement <strong>de</strong> la France au Brésil.<br />
PHILIPPE ARBOS,<br />
Professeur à la Faculté <strong>de</strong>s lettres <strong>de</strong> Clermont-Ferrand.<br />
LA<br />
BLOC-NOTES<br />
SCHLAGUE<br />
LES écoliers allemands doivent être dans<br />
la joie. Un écho radiophonique annonce<br />
qu'on va restaurer, à leur usage, les<br />
châtiments corporels. On s'étonne même<br />
qu'on ait attendu si longtemps pour le faire.<br />
La Schlaguel Voilà un mot spécifiquement<br />
prussien et qui ne saurait renier son origine<br />
(schlagen : battre). A leur tour, les petits<br />
Allemands pourront dire : « Tout ce qui est<br />
national est nôtre»... en présentant leurs jeunes<br />
<strong>de</strong>rrières.<br />
Ainsi se renouera la tradition avec le Roi-<br />
Sergent qui, volontiers, nous dit-on, bâtonnait