M - Institut français de l'éducation
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186 JOURNAL DES INSTITUTEURS ET DES INSTITUTRICES «r~ 10 déc. 38<br />
à la gar<strong>de</strong> du fort qu'on venait <strong>de</strong> fon<strong>de</strong>r. Le 19 mars<br />
1687, avant même d'avoir quitté le Texas, Cavelier,<br />
victime d'agissements mystérieux, était assassine<br />
à la suite d'une querelle par quatre <strong>de</strong> ses compagnons,<br />
qui insultèrent sen cadavre et l'abandonnèrent<br />
auxfauves. Us croyaient se venger ainsi <strong>de</strong>sahauteur,<br />
et n'étaient que les instruments <strong>de</strong> ses ennemis.<br />
COURS SUPÉRIEUR t« ANNÉE<br />
«llllllllllllllllllllMIIIIIIIIIMIIIIIIirillllllllllllllllllllItlIIIIIIIIIIIIMIIIIIIIIIIIIIII*<br />
Voltaire (1694-1778).<br />
Voltaire domine tout son siècle par sa prodigieuse<br />
intelligence et par l'énorme influence<br />
que son esprit universel exerça sur ses contemporains.<br />
Il estleplusillustre<strong>de</strong>s« philosophes».<br />
8a jeunesse. — François-Marie Arouet, né à<br />
Paris, se fit <strong>de</strong> bonne heure remarquer par la vivacité<br />
<strong>de</strong> son esprit et la pétulance <strong>de</strong> son caractère.<br />
Il fut l'élève <strong>de</strong>s Jésuites au collège <strong>de</strong> Clermont<br />
(Louis-le-Grand) jusqu'à l'âge <strong>de</strong> seize ans. Au<br />
cours <strong>de</strong> sa jeunesse tourmentée, il fut enfermé<br />
onze mois à la Bastille parce que soupçonné d'avoir<br />
fait un écrit injurieux à l'adresse <strong>de</strong> Louis XIV. En<br />
1725, ayant eu un démêlé avec le chevalier <strong>de</strong><br />
Rohan-Chabot, celui-ci le fit bâtonner par ses<br />
laquais dans un guet-apens. U essaya en vain<br />
d'obtenir justice, attendit une réparation qui ne<br />
lui fut pas accordée, reprit <strong>de</strong> nouveau le chemin<br />
<strong>de</strong> la Bastille, et, après quelques semaines <strong>de</strong> liberté,<br />
dut partir pour l'Angleterre où il resta trois ans,<br />
admirant beaucoup les mœurs anglaises et surtout<br />
le respect <strong>de</strong> ce peuple pour la pensée libre.<br />
8a carrière. — De retour en France, il voit sa<br />
renommée grandir d'année en année. Il <strong>de</strong>vient<br />
l'ami, puis, en 1750, l'hôte du roi <strong>de</strong> Prusse Frédéric<br />
II. Plus tard, il s'établit aux Délices et à Ferney,<br />
dans une gran<strong>de</strong> propriété à cheval sur la frontière<br />
franco-suisse, <strong>de</strong> telle sorte qu'il put échapper sans<br />
peine à toute tentative d'arrestation. Là, il mon<strong>de</strong><br />
la France <strong>de</strong> lettres et <strong>de</strong> brochures que tout le<br />
mon<strong>de</strong> dévore. U entretient une correspondance<br />
suivie avec tous les souverains d'Europe, les reçoit<br />
chez lui et, âgé <strong>de</strong> quatre-vingt-quatre ans, assiste,<br />
en 1778, année <strong>de</strong> sa mort, au couronnement <strong>de</strong> son<br />
buste, solennité qui prend l'allure d'une apothéose.<br />
L'homme. — En 1760, il a soixante-six ans. Dans<br />
la figure encadrée d'une large perruque, les saillies<br />
du nez et du menton ressortent à l'excès, les yeux<br />
sont toujours brillants, le sourire exprime l'habitu<strong>de</strong><br />
<strong>de</strong> la moquerie. Tout en disant qu'il meurt, il<br />
travaille dix-huit et vingt heures par jour. U a bien<br />
<strong>de</strong>s travers, bien <strong>de</strong>s petitesses. Il s'avilit dans les<br />
injures qu'il prodigue à ses adversaires. Il est prêt<br />
à toutes les comédies pour se mettre à l'abri du<br />
danger. Il ne signe pas ses ouvrages ou les signe<br />
<strong>de</strong> faux noms. Mais son excuse est qu'il ne peut se<br />
soustraire à la Bastille ou à l'exil que car les mensonges<br />
et les simagrées. Quand il joignit les actes<br />
aux paroles et qu'il se fut fait l'avocat <strong>de</strong> toutes<br />
les causes justes, quand il fut le refuge <strong>de</strong>s Calas,<br />
<strong>de</strong>s Sirven et <strong>de</strong>s La Barre, alors ses petitesses <strong>de</strong><br />
caractère s'évanouirent dans l'éclat <strong>de</strong> son action<br />
humanitaire.<br />
L'œuvre. — Dans l'œuvre immense <strong>de</strong> Voltaire,<br />
tour à tour historien, poète, auteur dramatique,<br />
philosophe et savant, il a à l'occasion vivement<br />
attaqué les lettres <strong>de</strong> cachet et l'arbitraire royal,<br />
il a <strong>de</strong>mandé l'abolition du servage et la suppression<br />
<strong>de</strong> la torture, ainsi que <strong>l'éducation</strong> du peuple.<br />
La monarchie, comme elle est établie en France, lui<br />
paraît d'ailleurs bonne si elle respecte les lois. Mais<br />
il a surtout attaqué la superstition et l'intolérance.<br />
Son influence fut prodigieuse à tel point qu'on l'a<br />
appelé « le roi Voltaire ». Ce riche bourgeois a contribué<br />
plus que personne à rendre la Révolution nécessaire,<br />
il a ruiné le respect <strong>de</strong>s croyances et <strong>de</strong>s<br />
institutions qui maintenaient l'ancien régime. U a<br />
amené aux Etats généraux <strong>de</strong> 1789 une foule <strong>de</strong><br />
prêtres et <strong>de</strong> nobles, « philosophes » humanitaires,<br />
qui ont travaillé à jeter bas l'édifice dont les ruines<br />
<strong>de</strong>vaient les écraser.<br />
COURS SUPÉRIEUR 2 e<br />
ANNÉE ET<br />
•iMiiiin iiiiiiiiiiiiillllillllllttlllllllllilllllilllllMM nuillltlIMHIIil liilillll 11 mil llll 1111><br />
CLASSE DE FIN D'ÉTUDES PRIMAIRES<br />
I I II IIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIHIIIH k • 111 • 11 ru I • 111 11 I M M III M 1111111 1 » • I • 1111 11 • 11111111<br />
Les classes agricoles dans la Gaule franque.<br />
Dans la Gaule franque, la situation <strong>de</strong>s colons<br />
ou fermiers empire, celle <strong>de</strong>s esclaves s'améliore.<br />
L'esclavage disparaît lentement. Un<br />
grand nombre d'esclaves <strong>de</strong>viendront les serfs<br />
<strong>de</strong> l'époque féodale.<br />
Le colon et l'esclave. — La loi romaine établissait<br />
une distinction très nette entre le colon et<br />
l'esclave. Le colon est attaché à la terre qu'il cultive,<br />
mais il est un homme libre et un citoyen. U<br />
peut, quoique travaillant comme un fermier pour<br />
le propriétaire, <strong>de</strong>venir propriétaire lui-même. U<br />
peut intenter une action et prêter serment <strong>de</strong>vant<br />
les tribunaux, être enrôlé dans l'armée : l'esclave<br />
ne le peut pas. Le colon contracte un vrai mariage.<br />
L'esclave ne peut contracter mariage : sa femme<br />
et ses enfants sont, comme lui, la chose du maître.<br />
Le colon, attaché à la glèbe, trouve dans cette servitu<strong>de</strong><br />
même une garantie : si la terre est vendue<br />
à un autre maître, il n'en est point séparé, pas plus<br />
qu'on ne peut le séparer <strong>de</strong> sa femme et <strong>de</strong> ses<br />
enfants. On n'a pas <strong>de</strong> ces scrupules pour l'esclave :<br />
on vend l'homme sans la terre, le mari sans la<br />
femme, le père sans les enfants. U est un bien meuble,<br />
tandis que le colon, propriété aussi, est un immeuble.<br />
Leur situation se transforme.—Les colons formaient<br />
l'immense majorité <strong>de</strong>s populations <strong>de</strong> la<br />
Gaule. Mais, dans les guerres franques, <strong>de</strong>s milliers<br />
<strong>de</strong> colons ont été arrachés à leur pays et vendus sur<br />
les marchés. Même en temps <strong>de</strong> paix, on ne se<br />
faisait pas scrupule <strong>de</strong> les arracher à leurs champs :<br />
quand on mariait la fille d'un roi, on dépeuplait<br />
tout un canton pour lui donner un cortège <strong>de</strong> serviteurs<br />
digne d'elle. Donc si l'usage subsistait <strong>de</strong> ne<br />
vendre les colons qu'avec la terre et la terre avec<br />
les colons, cet usage n'était plus inviolable comme<br />
sous la loi romaine.<br />
En revanche, la condition <strong>de</strong>s esclaves s'était<br />
améliorée. Les Germains avaient horreur <strong>de</strong>s villes<br />
et vivaient à la campagne, comme les Gallo-Romains,<br />
dans leur « villa » qui était tout un village, où les<br />
chaumières <strong>de</strong>s paysans se groupaient autour <strong>de</strong><br />
l'habitation du maître. Dès lors, la foule <strong>de</strong>s esclaves<br />
qui pullulait dans les palais romains, occupée à <strong>de</strong>s<br />
travaux industriels ou <strong>de</strong> luxe (tisserands, teinturiers,<br />
coiffeurs, parfumeurs, baigneurs), disparaît,<br />
inutile, ou bien travaille la terre comme les colons.<br />
Leur situation se rapproche et se confond<br />
presque. —Dès lors, la différence entre le colon et<br />
l'esclave s'atténue. L'esclave reste une chose, mais<br />
le christianisme a sur sa condition une action morale<br />
bienfaisante. La loi chrétienne lui reconnaît la qualité<br />
d'homme, elle lui constitue par le mariage une<br />
famille, lui reconnaît une femme légitime, <strong>de</strong>s enfants<br />
légitimes. Sans doute, il se doit tout entier avec tout<br />
ce qu'il possè<strong>de</strong>.<br />
Mais que reste-t-il au colon quand il "a payé la<br />
re<strong>de</strong>vance à son propriétaire, la dîme à l'Eglise,<br />
qu'il a subi les réquisitions, les corvées, etc. ? Pourtant,<br />
au ix e<br />
siècle, une différence subsiste : les colons<br />
d'un village forment une sorte <strong>de</strong> municipalité, et celleci<br />
peut enleur nom porter plainte au roi ou à ses agents.<br />
L'esclavage disparaît lentement. — Les lois<br />
civiles et religieuses s'efforcent d'entraver la traite<br />
<strong>de</strong>s blancs. Le concile <strong>de</strong> Châlons, en 643, interdit<br />
<strong>de</strong> vendre <strong>de</strong>s esclaves chrétiens hors du royaume.<br />
D'autre part, les affranchissements qui permettent<br />
<strong>de</strong> passer <strong>de</strong> l'esclavage à une condition intermédiaire<br />
entre l'esclavage et la liberté se multiplient.<br />
C'est <strong>de</strong>s anciens esclaves que <strong>de</strong>scen<strong>de</strong>nt sans doute<br />
ces serfs <strong>de</strong> mainmorte qui, au moyen âge <strong>français</strong>,<br />
ne possè<strong>de</strong>nt rien en propre, qui ne peuvent disposer<br />
<strong>de</strong> rien à leur mort et dont les meubles mêmes<br />
appartiennent au seigneur.<br />
H. PETITEAU,<br />
'Inspecteur honoraire <strong>de</strong><br />
l'Enseignement primaire.<br />
iMimimiiMiiiiuuniiiinMiiiiiiiiiMiiiiiimiiiimuimiiiiiipliiMMMiiiiiiiiiHMiinHMnimiMMiniiN^<br />
A. CARLIER. Tableaux d'histoire et <strong>de</strong> civilisation. 3 séries <strong>de</strong> 10 tabi. chac: 20 fr.<br />
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