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M - Institut français de l'éducation

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178 JOURNAL DES INSTITUTEURS ET DES INSTITUTRICES 10 déc. 38<br />

Marie se détendait, se reprochait confusément d'apprécier<br />

une tranquillité trop chèrement acquise...<br />

N'être plus battue... rudoyée... Son visage sans ecchymoses<br />

révélait <strong>de</strong>s traits assez fins. Qu'elle ne fût pas<br />

vieille encore, cela surprenait. Depuis le temps qu'on<br />

ne la regardait plus !<br />

Mieux tenue, moins harassée, elle gardait, avec ses<br />

fils, un maintien craintif. Des hommes !... N'eussentils<br />

pas pu la maltraiter, eux aussi, en l'absence du père ?<br />

Ils n'y songeaient point, lui remettaient leur ganu<br />

Elle respirait, délivrée. Elle <strong>de</strong>vait à Marcel cette<br />

accalmie, à Marcel qui s'était sacrifié pour elle. Elle<br />

disait son nom avec tendresse, avec douleur ; un jour<br />

vint où elle le prononça avec gratitu<strong>de</strong> : « Mon Marcel ! »<br />

Le dimanche, elle se faisait belle pour lui. Les cheveux<br />

lisses, lavée à fond, elle revêtait du linge frais et se<br />

rendait au cimetière. Sur la tombe du petit, elle pleurait...<br />

pleurait... Cela <strong>de</strong>venait presque doux. Elle<br />

pouvait s'attar<strong>de</strong>r tant qu'il lui plaisait, jusqu'à ce<br />

qu'on annonçât la fermeture <strong>de</strong>s grilles. Nul ne lui<br />

dirait rien. Au crépuscule, apaisée, elle s'en retournait,<br />

en flânant un peu, les yeux rouges, les bras ballants.<br />

Interrogés, les jeunes gens avaient déclaré au juge<br />

qu'ils n'avaient rien vu, étant rentrés juste après le<br />

drame. On ne leur en <strong>de</strong>mandait pas davantage. Deux<br />

mois... trois mois s'écoulèrent. Marie ne se décidait pas<br />

à aller à la prison.<br />

Plusieurs fois, aux jours prescrits, elle se dirigea <strong>de</strong><br />

ce côté. Une présence invisible l'empêchait <strong>de</strong> poursuivre<br />

son chemin. Elle croyait entendre le choc inégal<br />

<strong>de</strong> la béquille sur le pavé : «toc... toc-toc... ». Légère,<br />

une ombre la <strong>de</strong>vançait et, se retournant, barrait la<br />

route. Un instant paralysée, Marie ne retrouvait la<br />

liberté <strong>de</strong> ses mouvements qu'en revenant sur ses pas.<br />

Longtemps silencieux, Emile écrivit, réclamant du<br />

linge.<br />

Elle dit en tendant la lettre :<br />

— 11 va falloir aller là-bas.<br />

Le papier lui resta aux doigts. Occupé à clouer une<br />

planche, Maurice continua sa besogne. Henri, les mains<br />

dans ses poches, contemplait le plafond.<br />

Elle les considérait, désemparée, l'un après l'autre.<br />

Devrait-elle donc aller elle-même porter ce paquet ?<br />

Elle s'y résigna. La veille, elle savonna son fichu, repassa<br />

sa jupe. Lorsqu'on <strong>de</strong>scend « en Ville », n'est-ce<br />

pas, il convient <strong>de</strong> se tenir bien propre... on peut rencontrer<br />

du mon<strong>de</strong>... Elle crut que Maurice l'inspectait,<br />

rougit.<br />

Un parloir divisé en <strong>de</strong>ux parties... <strong>de</strong>s hommes <strong>de</strong><br />

l'autre côté <strong>de</strong> la barrière <strong>de</strong> bois... <strong>de</strong>s gardiens qui<br />

vous épient... Emile parut, le visage couleur <strong>de</strong> cendre,<br />

tout rongé <strong>de</strong> barbe. Elle pâlit en le revoyant. Sans<br />

col, sous l'uniforme infamant, faible et hagard, comme<br />

tous ceux qu'on sèvre brusquement d'alcool, il n'avait<br />

plus l'air méchant. Elle retrouvait, dans cette figure<br />

défaite, un fugace reflet <strong>de</strong> jeunesse, du temps où il<br />

ne buvait pas encore. « D'abord, on a été heureux..» »<br />

— C'est un malheur, ma pauvre Marie ! Un affreux<br />

malheur 1<br />

Elle n'ajouta rien, pleurant à petits coups, tamponnant<br />

ses yeux <strong>de</strong> son mouchoir trempé, roulé en boule.<br />

Quand la cloche sonna, annonçant la fin <strong>de</strong>s visites,<br />

U <strong>de</strong>manda humblement : . *<br />

— Tu reviendras jeudi ?<br />

A présent, c'était lui qui implorait.<br />

Marie ne promit rien, revint pourtant.<br />

Elle cherchait, sans y parvenir, à démêler ce qui se<br />

passait en elle. Pourquoi se rendait-elle à cet appel ?<br />

Elle se répétait, honteuse : « Il a tué le petit... il a tué<br />

le petit... Depuis qu'il boït, il n'a jamais été qu'une<br />

brute. » Qu'importe qu'il l'eût frappé, elle ! « Même<br />

si j'oubliais ses mauvais traitements... il a tué Marcel... »<br />

Malgré tout, <strong>de</strong>rrière ses barreaux, il lui faisait pitié.<br />

En regagnant le logis, elle se répétait ses paroles :<br />

« Ce pauvre gosse ! Je ne me consolerai pas ! » Il semblait<br />

sincère. Une épave qu'elle ne pouvait repousser<br />

du pied !...<br />

Elle allait, ruminant ses pensées, insensible aux<br />

heurts <strong>de</strong>s passants... Certainement, il ne toucherait<br />

plus un verre... L'image <strong>de</strong> l'enfant étendu, le flanc<br />

troué, le retiendrait : « Avant, c'était un bon ouvrier... »<br />

(A suiçre.) HUGUETTE GARNIER.<br />

ACTIVITÉS<br />

Q<br />

kUELS agréables<br />

sujets<br />

d'occupation<br />

que les<br />

préparatifs <strong>de</strong> l'arbre<br />

<strong>de</strong> Noël I Peutêtre<br />

ne pourronsnous<br />

pas avoir un<br />

véritable sapin ;<br />

mais nous ne renoncerons<br />

pas pour<br />

cela à présenter les<br />

ca<strong>de</strong>aux <strong>de</strong> Noël<br />

dans un joli décor<br />

<strong>de</strong> verdure. Ici<br />

s'exercera l'esprit<br />

inventif <strong>de</strong> chacun ; quelques branches d'if, <strong>de</strong> sapin,<br />

<strong>de</strong> cyprès ou <strong>de</strong> fusain, que nous disposerons habilement,<br />

pourront figurer un arbre ; nous garnirons <strong>de</strong> lierre<br />

une carcasse <strong>de</strong> bois et <strong>de</strong> fil <strong>de</strong> fer.<br />

Enfin, à défaut <strong>de</strong> toute verdure, nous fabriquerons<br />

un arbre <strong>de</strong> bois découpé qui aura la silhouette <strong>de</strong> l'arbre<br />

<strong>de</strong> Noël ; nous le peindrons en vert ; puis nous le<br />

garnirons <strong>de</strong> clous à crochets pour suspendre les décors,<br />

et <strong>de</strong> petits pitons pour placer les bougies ; nous donnerons<br />

à cet arbre un peu <strong>de</strong> stabilité en le vissant le long<br />

d'une caisse factice à laquelle nous laisserons cependant<br />

la faça<strong>de</strong> et les <strong>de</strong>ux côtés plus ou moins profonds, afin<br />

d'assurer la stabilité <strong>de</strong> l'ensemble (voir croquis).<br />

Quel qu'il soit, notre arbre, s'il est généreusement<br />

garni et bien illuminé, aura tout autant, <strong>de</strong> prestige aux<br />

yeux <strong>de</strong>s petits que le plus beau <strong>de</strong>s sapins.<br />

Pour la garniture, nous aurons <strong>de</strong>ux choses à envisager<br />

: la garniture proprement dite, qui a pour but <strong>de</strong><br />

donner à l'arbre un aspect magnifique : ce sont d'abord<br />

les « scintillants », que l'on trouve facilement dans le<br />

DIRIGÉES<br />

ARBRES DE NOËL<br />

commerce : étoiles,<br />

cheveux d'ange,<br />

boules <strong>de</strong> verre coloré<br />

; puis les bougies,<br />

que l'on fixe<br />

à l'arbre par <strong>de</strong><br />

petites pinces spéciales.<br />

(Ne les achetons<br />

pas n'importe<br />

où ; les prix varient du simple au double; le mieux est<br />

<strong>de</strong> faire une comman<strong>de</strong> au Bazar <strong>de</strong> l'Hôtel-<strong>de</strong>-Ville si<br />

nous avons un arbre assez important à garnir.) Nous<br />

aurons aussi <strong>de</strong> l'aci<strong>de</strong> borique en paillettes pour simuler<br />

la neige, et, enfin, le PÈRE NOËL, soit que nous achetions<br />

un bonhomme, soit que nous le fabriquions avec<br />

un masque à barbe blanche et un vêtement <strong>de</strong> coton<br />

blanc.<br />

Ensuite, nous penserons aux ca<strong>de</strong>aux : il faut, autant<br />

que possible, éviter les objets lourds et <strong>de</strong> couleurs<br />

ternes : quelques petits paquets enveloppés <strong>de</strong> papier<br />

bien blanc et noués d'une ficelle d'or intrigueront les<br />

petits.<br />

Nous préparerons aussi quantité <strong>de</strong> « noix surprises ».<br />

Ayant réservé <strong>de</strong> belles coquilles <strong>de</strong> noix, nous les peindrons<br />

avec <strong>de</strong>s bronzes liqui<strong>de</strong>s : or, argent, bronze,<br />

cuivre rose ; nous mettrons dans ces noix <strong>de</strong> petits<br />

objets tels que dés, petites bagues, billes, piécettes <strong>de</strong><br />

monnaie, ou <strong>de</strong>s friandises, pastilles <strong>de</strong> chocolat, grains<br />

<strong>de</strong> café, petites fraises confites. On place à l'extrémité<br />

un bout <strong>de</strong> ruban plié double, qui servira à suspendre la<br />

noix, et on la referme avec <strong>de</strong> la colle. Les enfants, qui<br />

adorent les surprises, apprécieront vivement ces petits<br />

ca<strong>de</strong>aux.<br />

Nous placerons aussi sur notre sapin <strong>de</strong>s jouets en<br />

tissu bourré : ours, canards, etc., que nous essaierons <strong>de</strong><br />

confectionner nous-mêmes d'après un patron. Nous

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