Bulletin de liaison et d'information - Institut kurde de Paris
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LA VIE OUVRIERE<br />
(SUITE)<br />
Ils s'appellent Muslum, Huseyin ou Clau<strong>de</strong>.<br />
Dans leurs yeux, l'incompréhension, l'Incrédulité.<br />
Trois jours après le meurtre d'Epône le<br />
choc <strong>et</strong> les nuits sans sommeil marquent durement<br />
les visages. Leur camara<strong>de</strong>, leur collègue<br />
<strong>de</strong> travail, Ozgun Kemal est mort. Fauché à<br />
l'aube <strong>de</strong> sa vie. A l'hôpital, leur copain Asian<br />
se bat contre la mort. Pourquoi? Oui, pourquoi?<br />
D'une voix douce chargée<br />
d'émotion Ils racontent: la<br />
•<br />
vie quolidlenne chez Plrault<br />
<strong>et</strong> Fils, les bnma<strong>de</strong>s les injures les<br />
coups, les menaces <strong>de</strong> mort.<br />
Traités <strong>de</strong> • chiens », traités<br />
comme <strong>de</strong>s chiens, Ils ont voulu<br />
défendre leur dignité d'homme,<br />
leurs droits <strong>de</strong> travailleurs comme<br />
<strong>de</strong>s travailleurs. Ils racontent la<br />
mise sur pied du syndicat ia grève<br />
pour obtenir simplement leur dû :<br />
un salaire pour un traval!... Ils<br />
racontent la signature d'un protocole<br />
d'accord à la souspréfecture<br />
... <strong>et</strong> le patron qui renie<br />
sa signature ... <strong>et</strong> encore, <strong>et</strong> toujours,<br />
la violence <strong>et</strong> les menaces.<br />
Ils racontent enfin ce samedi noir<br />
<strong>de</strong> novembre où, mains nues, mals<br />
forts d'une décision collective Ils se<br />
présentent à "usine d'EpOne pour<br />
entamer une gréve <strong>de</strong> la faim. En<br />
face, les fusils crachent pour tuer.<br />
Et Ils tuent.<br />
Au milieu <strong>de</strong>s clameurs qui,<br />
autour d'eux, cnent à la violence<br />
réciproque ou à la récupération,<br />
leurs voix prennent une force particulière.<br />
Elles oarlent d'un patron<br />
qUI, lorsqu'il entend les mots<br />
• droit» <strong>et</strong> • 101», voit rouge <strong>et</strong> sort<br />
son fusil.<br />
• Je travaifle chez Plrau/t <strong>de</strong>puis<br />
un an, raconte Huseyin. En douze<br />
mOIS,je n '., touché qu'une seule<br />
fOIS mon sa/aire régufiérement.<br />
C'était fe 5 janvier <strong>de</strong>rnter. Les<br />
autres fois, soit J'éta/s payé en<br />
r<strong>et</strong>ard, parfoIs avec <strong>de</strong>s chèques<br />
sans pro Vis/on, soit Je touchais <strong>de</strong>s<br />
acomptes sans papier nt fIche <strong>de</strong><br />
pale ... <strong>et</strong> puis I/ y avait tout /e reste.<br />
l'absence <strong>de</strong> sécurité sur les chant/ers,<br />
fes toil<strong>et</strong>tes dans /a boue, pas<br />
d'endroit propre pour manç;er<br />
Comme <strong>de</strong>s escfaves ... vraIment.<br />
c'est comme ce/a qu'on étaIt<br />
traité ....<br />
Du mals <strong>de</strong> Juill<strong>et</strong> à la signature<br />
du protocole d'accord, le 14 octobre,<br />
la majorité <strong>de</strong>s salariés n'ont<br />
rien touçhé. Chaque vendredi, Ils<br />
se présentaient au bureau, à la fin<br />
<strong>de</strong> la journée du travail, vers 18 heures,<br />
<strong>et</strong> attendaient... jusqu'à<br />
21 heures, 22 heures parfoIs. Rien,<br />
rien, sinon <strong>de</strong>s Injures <strong>et</strong> <strong>de</strong>s provocations<br />
.• Le patron venait nous voir<br />
<strong>et</strong> il nous disait: • Je n'al pas<br />
d'argent, m~me pour ach<strong>et</strong>er <strong>de</strong>s<br />
cigar<strong>et</strong>tes ... " <strong>et</strong> 1/ nous <strong>de</strong>mandait<br />
<strong>de</strong>s cigar<strong>et</strong>tes. Il montrait nos v~tements<br />
<strong>et</strong> nous disait:. Vous n'avez<br />
pas d'argent? Alors, avec quoi<br />
vous ach<strong>et</strong>ez cela 7. Nous, nous<br />
rest/ons calmes <strong>et</strong> nous lui <strong>de</strong>mandions<br />
: • Pourquoi vous nous faites<br />
cela 7 Vous nous dites <strong>de</strong> venir <strong>et</strong><br />
vous nous faites attendre <strong>de</strong>s heures<br />
pour rien .• Et il nous répondait<br />
: • La porte est ouverte, pourquoi<br />
vous restez Ici 7...•<br />
LA LOI ? ..<br />
QUELLE LOI ?<br />
Souvent, le lundi suivant,<br />
Husey!n, qui est délégué syndical,<br />
se faisait apostropher sur le chantlEI(:<br />
• Pourquoi tu montes tes<br />
r.:8mara<strong>de</strong>scontre mol 7 SI toi tu as,<br />
besoin d'argent, Je peux t'en donner...<br />
Et 1/ me montrait un b/ll<strong>et</strong> <strong>de</strong><br />
200 F... qu'II rem<strong>et</strong>tait dans sa<br />
poclle .•<br />
Clau<strong>de</strong>, chef d'équipe, a aussi <strong>de</strong><br />
l'axpérlsnce en la matière. Il se rappelle<br />
lUI certain 20 juill<strong>et</strong> 1984, où Il<br />
décida <strong>de</strong> réclamer son salaire <strong>de</strong><br />
juin: • J'al a peine ell II] temps <strong>de</strong><br />
réal/ser ce Qui se passait Quej'étais<br />
<strong>de</strong>hors. Le pere Plrault, d'un c"té,<br />
un <strong>de</strong> ses fils <strong>de</strong> l'autre ... I/s m'onf<br />
pris chacun par un bras <strong>et</strong> je me<br />
,suis fait proprement éjecter ... mes<br />
pieds n 'ont m~me pas touché<br />
terre I. .<br />
Quelques Jours plus tard, parce<br />
qu'II réclamait toujours <strong>et</strong> son<br />
salaire <strong>et</strong> ses congés, Clau<strong>de</strong> était<br />
Informé, par l<strong>et</strong>tre recommandée,<br />
que son pISste <strong>de</strong> chef d'équipe<br />
était supprimé <strong>et</strong> qu'il <strong>de</strong>vait réintégrer<br />
l'atelier pour prendre un travail<br />
en équipe <strong>de</strong> nuit. .. la loi? Quelle<br />
101 ?<br />
Aprés plusieurs mals <strong>de</strong> salaires<br />
• non payés <strong>et</strong> <strong>de</strong> • chèques en<br />
bols », les <strong>de</strong>ttes se sont accumulées.<br />
• En rentrant <strong>de</strong> vacances,<br />
, raconte Sellm,j'alemprunté 5.000F<br />
a <strong>de</strong>s copains. J'ai envoyé 1.000Fa<br />
/a famlfle <strong>et</strong> j'ai vécu avec /e reste<br />
pendant trois mals. Aujourd'hui, Je<br />
dois 2.800 F <strong>de</strong> loyer au foyer. Et je<br />
n'al toujours pas pu rembourser les<br />
amis. D'a/lleurs, a la fin, Ils ne lTIe<br />
croyaient plus quand je leur <strong>de</strong>mandais<br />
<strong>de</strong> m'ai<strong>de</strong>r. C'est difficile <strong>de</strong><br />
croire qu'on travaille sans toucher<br />
<strong>de</strong> salaire I... Depuis un moment, le<br />
. . • G'S ,,,'fe ~<br />
• ne \a,ss<strong>et</strong>G \Gm I<br />
GStG\te, on .'" ,es<br />
On ne \G\ss<strong>et</strong>G 9 4to\\5, GUI~\U<strong>et</strong> l'<br />
II " as ,out\\<strong>et</strong> QUI \\<br />
on ne \,,\ss<strong>et</strong>G , .' s 4e "o\te ,G1 5 • u~E.<br />
• Je5 'tG~G\\\eUf Gérard G~ Is CGT<br />
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