Bulletin de liaison et d'information - Institut kurde de Paris

kA VIE OUVRIERE
(SUITE)
voyage sans titre de transport et j'al
des probltJmes avec les contr6-
leurs. J'essaie d'expliquer. Mals
comment pourraient-lis comprendre
?
A cette violence quotidienne qui
atteint les travailleurs dans leur
dignité, dans leurs droits, dans leur
possibilité de vivre, s'ajoutait une
autre forme de violence plus physique,
qui visait è les tenir par la peur.
Et cette forme de violence n'a fait
qu'augmenter après l'Implantation
de la CGT chez Plrault.
• Le 30 octobre, raconte José,
Jean-Pierre Plrault est venu me voir
A l'atel/er. 1/ tenait It la maIn une
bombe lacrymogtJne et 1/ me menaçait
en dIsant :. Celle-lA est assez
grande pour endormIr dIx personnes
I. Le chef d'atelier Qui
l'accompagnait était armé d'une
carabIne I I/s m'ont coincé dans
l'usine pendant deux heures .•
Muslum, lui aussi, a dO faire face
à des menaces • et en plus,
expllque-t-II, 1/ m 'a traité de chien ...
de chien de la CGT. Je lui al
répondU Que /e connaissais l'histoire
et Que l'avaIs confiance dans
la CGT. Alors, 1/ m 'a dit Que mon billet
était pr~t pour me ramener en
Turquie et Que, lA-bas, /e pourrais
t'ter de la prison I.
VIOLENCES
DEVANT TEMOINS
Muslum, comme plusieurs de ses
camarades et comme l'ètalt Kémal,
est ~ et réfugié politique. Dans
so n.,-&ys, sa vie est en danger. En
France? Après ce qui s'est passé,lI
ne salt plus ... Aux Kurdes, Pirault
Imposait neuf heures et demie de
travail par Jour et parfois, selon son
bon vouloir, les faisait travailler le
samedi matin. l'un de ses Jeux.
favoris consistait è « monter. les
travailleurs les uns contre les
autres, en Jouant sur les différentes
nationalités.
Cette violenCe n'avait pas pour
seul cadre les murs de l'entreprise
ou les chantiers. A deux reprises au
moins, elle è éclaté publiquement
devant témoins et pas n'Importe
quels témoins: la police et le souspréfet.
la première fois, c'était
début octobre. Face è l'Impossibilité
d'obtenir leur salaire par la
négociation, et cela malgré les
mises en demeure faites par l'inspection
du travail aux Plrault, les
salariés décidaient la grève le 5
octobre. A l'occupation des locaux,
rèpondent les Inlures. les menaces,
les provocations le 11 octobre,
une décision de Justice exige
l'évacuation des ateliers. Rapide
pour une. fois, la justice r le jour
mème, sans attendre l'IPplicatlOn
de cette décision par les forces de
police, les Pirault attaquent l'usine
lU bulldozer et aux grenades lacrymogènes.
Deux coups de feu sont
tirés. Une douille est retrouvée.
la deuxième fais, c'était deux
Jours plus tard. le 13 octobre. Des
négociations s'ouvrent. la souspréfecture,
aous l'égide des pouvoirs
publics. le soir' la sortie de
la négociation, les militants sont
attaqués par la famille Plrault, renforcée
de quelques Individus, dont
le videur d'un dancmg du coin.
Sous les bombes lacrymogènes,
les menaces de coups et les Injures,
les militants se réfugient dans
\a sous-préfecture. Tout cela s'est
passé en présence du sous-préfet
et du commissaire de police de
Mantes. C'était un mals Ivant le
meurtre.
Malgré cela, un protocole
d'accord est signé le 14 octobre. la
direction s:engagellt, entre
,autres,: è assurer le mllntlen des
:. emplois, à appliquer les lois socla-
\ les et la convention collective, à
respecter la dignité de chique salarié,
è procéder • l'étlbllssement
d'un programme en matière
d'hygiène et sècurlté, • effectuer le
.',.'
.':::::~{.;~7r'
"ehmet OZOUL ne "'re"e plUB Bon fr're Keme/, feuch. ~ "eube de ee rIe,
de"",, ceB gril/sB ~ Epone, Frence. Victime d.1I rlo/enceB pelrone/eB.
palemen{de-s salaires à date fixe, à
régler le solde des arriérés de salaires
pour le 30 octobre.
DES PME, LABORATOIRES
DU CNPF
le 16 octobre le travail reprend.
le 24, quinze salariés reçoivent leur
lettre de licenciement. le 31, le
solde des arriérés de salaire n'est
pas versé. Du 2 au 9 novembre, de
nombreuses démarches sont effectuées
auprès des pouvoirs publics,
des dossiers déposés aux
prud'hommes. le 10 novembre, la
grève de la faim est décidée par
quarante salariés. Vers 18 heures,
Ils arrivent è l'usine. les coups de
feu,la panique, la mort.
Kémal Ozgul ne reverra jamais sa
fiancée qui vit en Allemagne. Il
attendait de toucher ses arriérés de
salaire pour se marier. Il avait Juste
vingt ans et toute la vie devant luI.
'Un patron français a réussi ce que
les militaires turca ont raté. le tuer.
les Pirault sont-Ils un cas? Combien
de petites entreprises où chaque
Jour les travailleurs sont confrontés
au non-respect des lois, aux,
atteintes è leur dignité ... et où Ils,
doivent se taire. le patron y est
aeul mattre à bord. lea lois, " ne
veut pas connattre. Comment ce
genre de patron ne serait-II pas
-encouragé par les discours du
CNPF qui, à cor et à cri, dénoncent
les protections sociales «antléconomiques.
? N'applique t-II pas
chez lui ce que le CNPF réclame?
Et d'ailleurs, a t-on déjà vu le CNPF
dénoncer ce g.enre de pratiques
pourtant quotidiennes, tant qu'II n'y
a pas de drame?
Allons, messieurs, rentrez vos
larmes de crocodile et écoutez ce
Qu'ont à vous dire, Muslum, Claude
et Huseyln. Ecoutez ce que demandait
Kémal. Ca se résume en deux
mots: dignité et Justice.
Y.D.
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