Die Zauberflöte - cercle lyrique de metz

étaient des hommes de sciences, des intellectuels d’esprit libéral qui se
passionnaient pour les mystères antiques, la cosmologie, les méthodes
scientifiques de leur temps. Mais pourquoi Sarastro, vertueux personnage,
garde-t-il à son service le pervers Monostatos et pourquoi les Trois
Garçons, si bienveillants, sont-ils envoyés par la Reine de la Nuit ?
Pourquoi les éléments naturels, qui servent aux épreuves, sont-ils ramenés
à deux sur quatre, le Feu et l’Eau ?
Le changement d’orientation de l’histoire arriverait quand Tamino
découvre les trois temples, mais le changement moral du plan révisé est
annoncé, sinon expliqué, dans le premier trio des Trois Garçons, et dans le
duo Bei Männer. Seul le nombre trois, nombre sacré et heureux pour les
Maçons comme pour les non Maçons, est à peu près transparent mais il se
retrouve dans les deux camps : trois Temples côté Soleil, Trois Garçons,
Trois Dames, côté Nuit. D’où la tentation, pour certains metteurs en scène, 2
de montrer une connivence entre Sarastro et la Reine de la Nuit, ce qui
n’existe ni dans le premier ni le second livret de Schikaneder, ni dans la
suite imaginée par Goethe. D’ailleurs cette idée, séduisante dans un
premier temps, contredit le rejet du monde de la Nuit au dénouement. Aussi
certain metteur en scène à Nancy, en 2005, fit disparaître Sarastro avec la
Reine de la Nuit, au finale, pour laisser la place au jeune couple. Dans les
deux cas, cela ne correspond pas à la lettre du texte. Bergman dans son film
(1975), présente Sarastro comme le père de Pamina, ce qui peut expliquer
qu’il prenne le jeune couple sous sa protection. Mais le risque est de faire
passer son hostilité contre la Reine de la Nuit comme la banale querelle
d’un couple séparé qui se dispute la garde de leur enfant.
On a fait retomber les faiblesses du livret sur Schikaneder présenté comme
un esprit peu distingué, peu féru d’ésotérisme, et imposant à Mozart ses
trivialités qu’une musique sublime tenterait de gommer. On y a vu la
preuve d’une tension entre Mozart et Schikaneder. C’est faire peu de cas
de l’expérience théâtrale du premier et oublier que le compositeur
partageait l’humour de son vieil ami, auquel il n’hésita pas à jouer
quelques tours, pendant les représentations : un soir, il fit sonner, en
coulisse, le Glockenspiel à contretemps avec l’instrument postiche que
Papageno maniait sur la scène, ajoutant ainsi un gag non prévu. La
complicité des deux hommes est sensible dans les airs écrits pour
Papageno, pleins de cordialité et d’enthousiasme.
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Robert Carsen, pour la production d'Aix-en-Provence en 1994, a imaginé que Sarastro et la Reine de la Nuit travailleraient
de conserve pour l'initiation de Tamino et Pamina. Il fait siéger, au début du second acte, autour de la même table,
Sarastro, le Récitant et les deux prêtres, mais également la Reine de la Nuit, les trois Dames, les Trois Garçons et
Papagena. Tout le monde, y compris Monostatos, est « sauvé » à la fin.
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