Die Zauberflöte - cercle lyrique de metz
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Faut-il pour autant, si ce n’est pas toujours l’autre qui est mauvais et si<br />
chacun est porteur d’une part <strong>de</strong> ce mal qui déchire le mon<strong>de</strong>, opter pour<br />
le choix <strong>de</strong> Robert Carsen, dans sa mise en scène à Aix-en-Provence ?<br />
Parce que Papageno est « repêché », et que ce metteur en scène conçoit<br />
une Reine <strong>de</strong> la Nuit complice <strong>de</strong> Sarastro, il montre l’accueil <strong>de</strong><br />
Monostatos parmi les initiés, au nom <strong>de</strong> la valeur du pardon. Le principe<br />
est généreux mais fausse le message : nul ne peut transcen<strong>de</strong>r sa condition<br />
s’il n’expulse loin <strong>de</strong> lui ses mauvaises tentations. L’erreur est <strong>de</strong> voir dans<br />
le rejet <strong>de</strong> la Reine <strong>de</strong> la Nuit, un sentiment sexiste et dans celui <strong>de</strong><br />
Monostatos, du racisme : ce ne sont pas les personnes qui sont anéanties<br />
mais les erreurs philosophiques qu’ils incarnent.<br />
La sérénité finale <strong>de</strong> la musique indique mieux que tous les choix<br />
arbitraires interprétatifs la signification <strong>de</strong> l’œuvre. En établissant une<br />
dialectique entre la musique et les dialogues, elle permet l’unification <strong>de</strong>s<br />
différentes composantes <strong>de</strong> l’œuvre.<br />
UNE SOMME MUSICALE<br />
Caractères et situations sont traduits par le choix <strong>de</strong>s tonalités et <strong>de</strong>s<br />
instruments, les effets et les aspirations <strong>de</strong>s personnages symbolisés par les<br />
vieilles techniques du contrepoint, les accords par trois rappelant la<br />
signification symbolique <strong>de</strong>s événements.<br />
Dans les <strong>de</strong>rniers mois <strong>de</strong> sa vie, Mozart écrit trois œuvres capitales<br />
ressortissant à trois genres auxquels il n’avait plus touché <strong>de</strong>puis dix ans :<br />
l’opera seria italien, La Clémence <strong>de</strong> Titus, le Singspiel allemand, <strong>Die</strong><br />
Zauberflöte, et la musique sacrée, le Requiem. Il est d’autant plus tentant<br />
<strong>de</strong> chercher un testament musical dans le <strong>de</strong>rnier opéra représenté <strong>de</strong><br />
Mozart que son premier grand succès, à Vienne, avait été un autre<br />
Singspiel, L’Enlèvement au Sérail, comme si un cycle se refermait. Genre<br />
peu codifié, contrairement aux grands genres, le Singspiel permet au<br />
compositeur <strong>de</strong> jouer, en toute liberté, avec tous les styles en usage, et<br />
Mozart reprend toutes les formes <strong>lyrique</strong>s qu’il a expérimentées dans la<br />
vingtaine d’opéras qu’il a écrits.<br />
Sa pratique <strong>de</strong> la tragédie italianisante, <strong>de</strong> Lucia Silla (1772) à La<br />
Clémence <strong>de</strong> Titus (1791), en passant par Idoménée (1781), se retrouve<br />
dans les airs brillants <strong>de</strong> la Reine <strong>de</strong> la Nuit. Dans le ton <strong>de</strong> l’opéra<br />
baroque, celui <strong>de</strong> ré mineur, elle exprime courroux et désir <strong>de</strong> vengeance.<br />
L’éclat <strong>de</strong> ses vocalises pyrotechniques porte la marque du sublime et <strong>de</strong> la<br />
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