Die Zauberflöte - cercle lyrique de metz

maçonnerie, celui de Compagnon, signifiant que Tamino a encore à subir
une dernière épreuve avant de devenir un Maître-maçon (troisième grade) :
les trois bémols de la tonalité de mi bémol majeur. Les multiples de 3
jouent un rôle important : Sarastro apparaît à la scène 18 du premier acte,
nombre qui correspond dans le rite, dit écossais, au grade de chevalier
Rose-Croix. Dans l’introduction orchestrale à la scène significative où les
Hommes armés annoncent la dernière épreuve de Tamino (acte deux,
scène 28), il y a exactement dix-huit notes avant le début du fugato. Les
thèmes de fraternité, de tolérance, l’importance du silence, le soleil, sont
généralement connus pour être au centre de pratiques franc-maçonnes. La
musique rituelle des deux airs de Sarastro, de la marche des prêtres et des
chœurs, a beaucoup en commun avec la musique maçonnique de Mozart :
tonalité, rythmes, instrumentation. Le prélude de choral sur cantus firmus,
pour les Hommes en armes à l’acte II, rappelle tout particulièrement la
Musique funèbre maçonnique, composée six ans plus tôt.
La Flûte enchantée semble donc conçue comme un opéra maçonnique
puisant dans ses rites et symboles. À cela s’ajoute la valeur symbolique du
serpent dans la scène initiale (il faut fuir le Mal), du cadenas symbolisant
le silence à garder sur les secrets réservés aux initiés, de la flûte enchantée,
les clochettes magiques, du feu et de l’eau figurant les principes masculin
et féminin, de l’obscurité et de la lumière. La conclusion de l’opéra,
« la force triomphante couronne de récompenses la beauté et la sagesse
éternellement sacrée », est tirée mot pour mot de l’ancien rituel
maçonnique.
Cela n’implique pas pour autant que le spectateur doive posséder un savoir
ésotérique pour comprendre l’œuvre : tous les éléments évoqués sont plus
largement porteurs d’une philosophie et d’un humanisme accessibles à la
compréhension du plus grand nombre. La profondeur de La Flûte n’est pas
circonscrite à une signification unique. L’opéra reflète avant tout les
systèmes de connaissance et la philosophie de la Franc-maçonnerie
d’Europe centrale dont Mozart, Schikaneder et Giesecke faisaient partie.
Mais l’œuvre s’adresse au public le plus large comme l’indique le recours
aux traditions populaires viennoises, spécialement dans les scènes de
Papageno, avec leur humour vulgaire à la HansWurst, divertissement
populaire.
Une vision humaniste
Au centre du récit, se trouve une belle histoire d’amour, qui ne raconte pas
une folle passion mais la construction d’un couple, au sens le plus noble
du terme. Elle se confond avec un cheminement spirituel fondé sur la
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