Die Zauberflöte - cercle lyrique de metz
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seulement Mozart ne s’enferme pas dans un genre déterminé, mais il<br />
réussit le tour <strong>de</strong> force <strong>de</strong> réunir, <strong>de</strong> façon étonnante, érudition musicale et<br />
mélodies populaires : les chœurs d’inspiration religieuse <strong>de</strong>s Prêtres<br />
côtoient <strong>de</strong>s épiso<strong>de</strong>s tout droits sortis d’une Hanswurstia<strong>de</strong>, grosse farce<br />
germanique. La Flûte enchantée Mozart dépasse parfois les limites<br />
stylistiques d’une structure donnée, notamment dans le traitement du<br />
récitatif, en particulier, dans le finale <strong>de</strong> l’acte I, entre Tamino et l’Orateur,<br />
d’une importance dramatique cruciale. Cette scène a laissé son empreinte<br />
non seulement sur le Fi<strong>de</strong>lio <strong>de</strong> Beethoven, mais sur pratiquement tout<br />
l’opéra allemand du XIX e siècle.<br />
Loin <strong>de</strong> mener à la cacophonie, l’ensemble donne l’impression d’un<br />
déroulement musical harmonieusement naturel, preuve <strong>de</strong> la gran<strong>de</strong><br />
maîtrise technique, musicale et théâtrale, du compositeur. Chaque<br />
personnage, chaque situation trouve son expression propre. L’unité<br />
stylistique venant sans doute <strong>de</strong> la légère ironie que met Mozart dans les<br />
passages sérieux et <strong>de</strong> l’humanité dont il dote Papageno, personnage<br />
auquel il semble s’attacher le plus, sans nuire à sa force comique : il<br />
rapproche ainsi les <strong>de</strong>ux mo<strong>de</strong>s stylistiques en gommant les contrastes trop<br />
flagrants.<br />
La conception que se faisait Mozart <strong>de</strong> l’amour ne cadrait obligatoirement<br />
pas avec celle <strong>de</strong> Schikane<strong>de</strong>r et leurs autres compères. Sans les affronter<br />
<strong>de</strong> front, il fait en sorte que la puissance <strong>de</strong> la musique emporte tout, au<strong>de</strong>là<br />
<strong>de</strong>s préjugés. Il axe tout son opéra sur l’amour et l’union du couple,<br />
englobant même celui que Papageno, l’homme-nature (Naturmensch),<br />
forme avec Papagena. Cette <strong>de</strong>rnière n’est pas pour rien dans l’éducation<br />
amoureuse du rustre. Ce sont bien les femmes, mues par l’amour, à<br />
l’exclusion <strong>de</strong> la Reine <strong>de</strong> la Nuit, qui « sauvent » les hommes. L’ensemble<br />
<strong>de</strong> l’opéra est en quelque sorte subverti par l’expression d’une tendresse<br />
humaine, apanage essentiel <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux héros. Elle trouve sa source dans la<br />
foi maçonnique du compositeur et dans l’optimisme <strong>de</strong>s Lumières, et non<br />
dans l’amour passion ou dans la concupiscence qui, à <strong>de</strong>s <strong>de</strong>grés divers,<br />
motivent les Trois Dames et Monostatos.<br />
Le merveilleux dans l’opéra vient moins <strong>de</strong>s machineries que d’un état<br />
esprit à l’œuvre dans toute la partition. D’une can<strong>de</strong>ur et d’une naïveté<br />
jamais mièvres, il correspond à ce qu’on sait <strong>de</strong> la nature profon<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />
Mozart et <strong>de</strong> son amour <strong>de</strong> l’humanité. En totale adéquation avec<br />
l’atmosphère propre aux contes <strong>de</strong> fées, les Märchen, que Schikane<strong>de</strong>r et<br />
Mozart ont choisi <strong>de</strong> nous raconter. Loin d’occulter les résonnances<br />
profon<strong>de</strong>s <strong>de</strong> l’œuvre, ce retour à un esprit d’enfance invite à la réflexion<br />
sur <strong>de</strong>s questions essentielles et concrètes que se pose tout homme. Dès le<br />
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