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Die Zauberflöte - cercle lyrique de metz

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Misogynie ?<br />

Ce qui ne signifie pas que Mozart soit toujours d’accord avec son<br />

librettiste. La féminité espiègle et sensuelle <strong>de</strong>s trois Dames tempère –à<br />

moins qu’elle ne l’accentue !- les passages, assez nombreux, d’un<br />

antiféminisme sans nuance. Ce mépris <strong>de</strong> la femme n’est pas seulement<br />

d’origine populaire, il était également partagé par les Francs-maçons, pour<br />

lesquels la femme ne pouvait accé<strong>de</strong>r à la pleine connaissance initiatique<br />

réservée à l’homme. Aussi les épreuves s’adressent-elles à Tamino, seul<br />

susceptible d’être initié. S’il est vainqueur, il obtiendra la main <strong>de</strong> Pamina<br />

à qui, au départ, personne n’a <strong>de</strong>mandé son avis. Récompense, elle <strong>de</strong>vient<br />

épreuve quand il est interdit à Tamino <strong>de</strong> lui adresser la parole. Mais le<br />

compositeur prend une distance ironique avec ces poncifs, grâce à la<br />

musique : les prêtres, quand ils énoncent <strong>de</strong>s avis sentencieux sur le sujet,<br />

sont dotés à ce moment-là, d’accents qu’on peut entendre comme ironique<br />

(même dans le duo Pamina-Sarastro au 2 e acte), à force <strong>de</strong> solennité<br />

soulignée, comme pour les <strong>de</strong>ux Hommes armés, Mich schreckt kein Tod.<br />

En revanche, la partition dévolue à Pamina en fait un personnage empli <strong>de</strong><br />

dignité et <strong>de</strong> force (surtout le duo, Tamino et Pamina, Schnelle Füsse).<br />

Quelle que soit la situation où elle se trouve (désespoir, aria Bei Männern,<br />

tentation du suici<strong>de</strong>, Ach, ich fühl’s, Du also bist et surtout dans le<br />

dialogue avec Tamino avant les épreuves ultimes), elle exprime une vérité<br />

humaine qui en impose à tous les auditeurs. Avec une simplicité<br />

lumineuse, elle exprime l’évi<strong>de</strong>nce <strong>de</strong> son amour : « Tamino mein !».<br />

Mozart pousse plus loin l’audace : Tamino n’est pas seul pour son<br />

initiation, comme le voudrait la règle, quoique les maçons soient reçus<br />

<strong>de</strong>ux par <strong>de</strong>ux, mais avec la femme qu’il aime. A l’exception <strong>de</strong> la France<br />

où existaient <strong>de</strong>s loges féminines, les femmes ne jouaient aucun rôle dans<br />

la Maçonnerie et Sarastro et ses prêtres tiennent <strong>de</strong>s propos peu amènes à<br />

l’égard <strong>de</strong>s femmes. L’idée <strong>de</strong> donner une telle place à Pamina semble<br />

propre à Mozart. Non seulement elle affronte les épreuves avec Tamino,<br />

mais c’est elle qui le conduit tandis qu’il la suit, en jouant <strong>de</strong> la flûte<br />

magique. C’est ensemble, qu’ils seront proclamés vainqueurs. Dans tous<br />

les opéras <strong>de</strong> la maturité, les femmes jouent un rôle vital, et Mozart fut<br />

le premier compositeur d’opéras à étudier la psychologie féminine, à<br />

interpréter avec bienveillance leurs motifs et leurs réactions, alors qu’elles<br />

sont généralement victimes <strong>de</strong>s hommes : la Comtesse et Suzanne tiennent<br />

tête au Comte avec intelligence, et l’épouse bafouée pardonne avec<br />

générosité : si Fiordiligi faiblit, son tourment la grandit. A leur façon, ces<br />

femmes triomphent <strong>de</strong> leurs épreuves et trouvent dans leur amour sincère<br />

et désintéressé, une gran<strong>de</strong> force. Le pardon n’est d’ailleurs pas leur seul<br />

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