Die Zauberflöte - cercle lyrique de metz
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ancienne pour naître à une vie nouvelle. On peut lire cette histoire comme<br />
celle d’un passage <strong>de</strong> l’enfance à l’âge adulte pour les héros, Papageno<br />
restant l’éternel enfant. D’ailleurs, il ne pense qu’à en faire ! Monostatos,<br />
au contraire, ne peut atteindre cette maturité puisqu’il est justement<br />
dépourvu <strong>de</strong> toute innocence enfantine. Les Trois Garçons, seuls véritables<br />
enfants, connaissent le chemin qui mène au temple <strong>de</strong> la Sagesse, preuve<br />
que pureté et connaissance sont liées.<br />
Si on considère Monostatos non comme un caractère, mais comme un<br />
élément dans le dispositif dramatique qui oppose <strong>de</strong>ux mon<strong>de</strong>s, il apparaît<br />
comme le double « noir » <strong>de</strong> Papageno. Symptomatique est la scène où<br />
tous <strong>de</strong>ux se trouvent nez à nez et se font mutuellement peur. Ils sont donc<br />
aussi bouffes l’un que l’autre : l’un doit faire rire par sa naïveté, l’autre par<br />
sa méchanceté. Le côté démoniaque <strong>de</strong> Monostatos s’affaiblit alors au<br />
profit <strong>de</strong> sa fonction comique et sa présence chez Sarastro étonne moins.<br />
On peut aussi rappeler que, dans l’iconographie traditionnelle, notamment<br />
au Moyen-âge, les personnages diaboliques étaient peints en noir et qu’au<br />
XVIII e , dans les croyances populaires, on voyait dans les hommes à la peau<br />
noire <strong>de</strong>s envoyés <strong>de</strong> l’Enfer et on doutait qu’ils eussent une âme. Aussi le<br />
statut <strong>de</strong> Monostatos, Cerbère <strong>de</strong> Sarastro, se situe-t-il à mi-chemin entre<br />
celui <strong>de</strong> l’homme et celui <strong>de</strong> l’animal, comme le montre la scène où le son<br />
magique du Glockenspiel le subjugue pour l’éloigner, avec ses esclaves,<br />
comme le son <strong>de</strong> la flûte <strong>de</strong> Tamino attire, à l’inverse, les animaux<br />
sauvages, <strong>de</strong>venus pacifiques.<br />
Ajoutons que le besoin, aujourd’hui, <strong>de</strong> changer la littéralité du texte dans<br />
les mises en scène, tient au fait que nous ne comprenons plus la valeur<br />
et la fonction <strong>de</strong>s symboles. Nous sommes tellement formatés par le<br />
« politiquement correct » actuel, que nous nous effarouchons <strong>de</strong> la<br />
misogynie <strong>de</strong> certains dialogues <strong>de</strong> La Flûte et du rôle négatif attribué aux<br />
femmes, comme <strong>de</strong> la noirceur, dans tous les sens du terme, <strong>de</strong> Monostatos.<br />
Il <strong>de</strong>vient intolérable que le Mal puisse s’incarner dans ces personnages.<br />
Alors que l’essentiel n’est pas dans la lettre mais dans l’esprit, dans la<br />
leçon que cachent et révèlent, tout à la fois, les mots et les actes.<br />
Lectures multiples<br />
En dépit <strong>de</strong> quelques incertitu<strong>de</strong>s, l’œuvre laisse peu d’impression <strong>de</strong><br />
disparate. Surtout si l’on s’en tient à la fonctionnalité <strong>de</strong> chaque<br />
personnage et <strong>de</strong> chaque épiso<strong>de</strong>. Le public se rendait au Freihaustheater<br />
avant tout pour s’amuser, d’où la nécessité d’établir une connivence entre<br />
la scène et la salle. C’est la raison essentielle d’un personnage comme<br />
Papageno. De ce point <strong>de</strong> vue, l’opéra prend parfois <strong>de</strong>s allures <strong>de</strong><br />
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