RAPPORT GENERAL DE L'ATELIER ... - Nefisco.org
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L’accès et le partage de la ressource poisson par les différents groupes de pêcheurs ont mis à<br />
rude épreuve la stratégie d’intervention du Projet. Difficilement, le processus est parvenu,<br />
avec l’appui des structures promues à faire respecter les conditions et les règles de partage de<br />
la ressource entre les différents groupes. L’attitude beaucoup trop paternaliste du Projet à<br />
l’égard des groupements a constamment contrarié les autres groupes de pêcheurs qui<br />
exprimaient un sentiment de frustration et surtout de méfiance. Cette marginalisation ou<br />
exclusion de facto des autres groupes a biaisé le jeu des rapports de force qui aurait pu faire<br />
émerger un consensus local qui règlerait deux (2) conditions essentielles de la gestion<br />
participative : les conditions d’accès à la ressource et le partage entre les différents groupes. Il<br />
se pose ici la question de l’identification de l’institution gestionnaire mais aussi celle du<br />
pouvoir local de gestion de ressources au niveau local. Au cœur de cette problématique, deux<br />
(2) logiques d’appropriation de la ressource sont en conflit :<br />
une appropriation de droit relevant d’une règle sociale pour les pêcheurs autochtones qui font<br />
prévaloir leur droit de premier occupant sur l’espace ressource. Celui ci s’appuie sur<br />
l’<strong>org</strong>anisation sociale traditionnelle et implique l’appartenance au groupe social.<br />
L’exploitation du poisson est complémentaire à d’autres activités de production.<br />
une appropriation de fait pour les pêcheurs migrant allochtones qui exercent une pêche<br />
commerciale guidée par la recherche du profit monétaire mais aussi pour tous les autres<br />
pêcheurs autochtones non membres du groupement. L’accès au poisson se fonde alors sur une<br />
règle économique ou moderne ( permis de pêche, taxation)<br />
L’opposition de ces deux (2) logiques résume à elles seules toute la complexité de la gestion<br />
participative des ressources piscicoles :<br />
Comment obtenir un consensus local autour de l’accès et du partage de la ressource ?<br />
Qui assurera le contrôle des règles de gestion ?<br />
Les comités de gestion des pêcheries promus avaient pour vocation, entre autre, d’arbitrer et<br />
de réguler ce jeu social. Ils ont été peu efficaces dans cette entreprise, confrontés à des crises<br />
de légitimité et/ou de légalité, imputables en partie au statut ouvert de la ressource et aux<br />
nouvelles formes d’appropriation de la ressource par les communautés locales qui en sont<br />
légalement dépossédées. Ils n’ont pas pu acquérir l’autorité pour répondre à leur nécessité<br />
fonctionnelle : le rôle décisif de médiation dans les conflits d’intérêts qui apparaissent au<br />
cours des usages alternatifs du plan d’eau ou entre les différents groupes de pêcheurs. Les<br />
méthodes participatives développées pour renforcer qualitativement la participation<br />
communautaire n’a pas eu raison des intérêts divergents et souvent contradictoires nés de<br />
l’accès et du partage de la ressource.<br />
Les <strong>org</strong>anisations promues et le Projet n’ont pas su répondre efficacement aux situations<br />
conflictuelles et s’articuler pour proposer une solution locale appropriée.<br />
Les fondements sociaux de la gestion participative des pêcheries sont très complexes et se<br />
situent à l’ensemble de la communauté. Il faut bien se convaincre des clivages sociaux, des<br />
dynamiques conflictuelles, des hiérarchies sociales qui structurent l’espace social dans lequel<br />
l’innovation est conduite.