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La Peau et ses maladies, d'après un traité de médecine tardif

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poursuit par exfoliation au Suwābū (pâte <strong>de</strong> cendres <strong>et</strong> d’argile <strong>de</strong> foulon) suivie d’<strong>un</strong>massage à l’huile parfumée. Le corps est ensuite éclairé par <strong>un</strong>e onction <strong>de</strong> peinture ocreja<strong>un</strong>e tirant sur le doré. L’œil passé au kḥul noir, les sourcils allongés <strong>et</strong> noirciscomplètent c<strong>et</strong> œil particulier, les cils noircis ou épilés, les pomm<strong>et</strong>tes rosies, la boucherosée ou carminée achèvent <strong>de</strong> donner <strong>un</strong> éclat au visage sacré. Les ongles <strong>de</strong>s mains <strong>et</strong><strong>de</strong>s pieds polis sont passés au henné. 150Alors que l’Egypte brille d’éclats précieux, la Grèce homérique (XIIe-VIIIe siècle av. J.-C)ne connaît que les soins rituels <strong>de</strong> l’hospitalité <strong>et</strong> <strong>de</strong> la toil<strong>et</strong>te. Les bains parfumés àl’ambroisie, les massages d’huiles odorantes font toute la beauté du héros <strong>et</strong> <strong>de</strong> l’héroïnehomérique. Cependant, d’après la mythologie, la beauté féminine est sous la tutelled’Aphrodite, harmonieuse <strong>et</strong> douce, <strong>et</strong> <strong>de</strong> Pandore, trompeuse <strong>et</strong> fatale. Ainsi les femmesqui se parent détruisent-elles, à l’image <strong>de</strong> Pandore, les harmonieu<strong>ses</strong> dispositions <strong>de</strong> lanature <strong>et</strong> exercent-elles <strong>un</strong>e sorte <strong>de</strong> démesure qui contrevient à la beauté naturelle. ASparte, Lycurge avait banni les cosmétiques <strong>et</strong> interdit d’utiliser la peinture corporelle,corruptrice <strong>de</strong>s manières <strong>de</strong>s femmes. A Athènes, où l’influence <strong>de</strong>s fards orientaux sedéveloppe à l’âge classique (Ve- IVe siècle avant J.-C), les femmes sont maintenues dansle gynécée <strong>et</strong> leur peau est d’<strong>un</strong>e pâleur extrême. 151Pendant la pério<strong>de</strong> hellénistique (IIIe-Ier), l’interdit s’assouplit. <strong>La</strong> femme grecque,comme toutes les femmes <strong>de</strong> la méditerranée, va avoir <strong>un</strong> engouement pour le blanc <strong>de</strong>Céruse ou carbonate <strong>de</strong> plomb. Ce plâtre ou craie recouvre <strong>de</strong> blanc les visages <strong>de</strong>femmes. C<strong>et</strong>te blancheur est rompue par <strong>de</strong>s fards rouges, végétaux ou minéraux sur lesjoues. Les yeux sont peints au safran ou à la cendre, les cils <strong>et</strong> les sourcils noircis àl’antimoine ou brillantinés d’<strong>un</strong> mélange <strong>de</strong> blanc d’œuf <strong>et</strong> <strong>de</strong> gomme ammoniaque.Dans la Rome antique, la toil<strong>et</strong>te matinale <strong>de</strong> la femme impériale (à partir <strong>de</strong> 29 av. J.-C.) ressemble à <strong>un</strong> parcours du combattant. Tous les orifices du corps sont n<strong>et</strong>toyés,raclés, frictionnés, le corps étrillé au strigile subit l’épilation <strong>de</strong> la poitrine, <strong>de</strong>s bras, <strong>de</strong>saisselles, <strong>de</strong>s jambes, du <strong>de</strong>ssus <strong>de</strong>s lèvres <strong>et</strong> <strong>de</strong> l’intérieur du nez, les cheveux sontrenforcés par <strong>de</strong>s cheveux br<strong>un</strong>s, blonds ou roux, les <strong>de</strong>nts émaillées à la corne pilée,l’haleine est parfumée au persil. Le visage sera cérusé, les yeux cendrés d’antimoine ousafranés, les joues rougies d’orcan<strong>et</strong>te ou <strong>de</strong> minium.A l’époque hafsi<strong>de</strong> les femmes se servaient beaucoup <strong>de</strong> teintures, <strong>de</strong> fards <strong>et</strong>d’onguents : le henné, teinture corporelle, ou le kḥul collyre au sulfure <strong>de</strong> l’antimoine 152 ;elles se faisaient entre les sourcils, la raie noire appelée Ḥarḳūs 153 . Les bédouinesmultipliaient les peintures corporelles, aussi bien sur la face que sur les membres <strong>et</strong> l<strong>et</strong>ronc 154 . En réalité, il ne s’agit pas toujours là <strong>un</strong>iquement <strong>de</strong> parures, mais aussi <strong>de</strong>marque prophylactiques ou thérapeutiques, comme le cas du Kḥul 155 <strong>et</strong> <strong>de</strong>s tatouages.1. <strong>Peau</strong> <strong>et</strong> critères <strong>de</strong> beautéLivre VII, Chapitre 2, Paragraphe 3 « Ce qui embellit la peau <strong>et</strong> la fait rougir »« C’est d’éviter <strong>de</strong> s’exposer au soleil <strong>et</strong> aux vents inten<strong>ses</strong>, Evacuation <strong>de</strong>smauvai<strong>ses</strong> humeurs néfastes <strong>et</strong> certains aliments tels que le pois chiche <strong>et</strong> leja<strong>un</strong>e d’œuf <strong>et</strong> la vian<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’agneau mâle, <strong>de</strong> poul<strong>et</strong> je<strong>un</strong>e, <strong>de</strong> l’ail, du chou, <strong>de</strong>l’oignon, du piment, <strong>de</strong>s œill<strong>et</strong>s, du safran, du sport modéré avant le repas, <strong>de</strong>sbains avec <strong>de</strong> l’eau douce <strong>et</strong> le port <strong>de</strong> vêtements doux. Un bon topique avec <strong>de</strong>la poudre <strong>de</strong> pois chiche, <strong>de</strong> fèves, d’orge, <strong>de</strong> lentille, <strong>de</strong> gomme adragante,d’amidon, <strong>de</strong> lupin, <strong>de</strong>s noyaux <strong>de</strong> graines <strong>de</strong> melon, <strong>de</strong>s courges, du cerisiersainte-Lucie, <strong>de</strong>s aman<strong>de</strong>s, du b<strong>de</strong>llium, <strong>de</strong> la coque d’œuf, <strong>de</strong>s os vermoulus,<strong>de</strong>s décoctions <strong>de</strong> sabot <strong>de</strong> veau, du ladanum, <strong>de</strong> la sciure d’ivoire, du litharge,<strong>de</strong>s graines <strong>de</strong> radis, du scille, du narcisse simple ou composé avec du lait. Onles applique abondamment sur le visage.Ce qui rend le visage ja<strong>un</strong>e ou le pigmente, c’est l’excès d’exposition aux150 Ibid, p.17151 Paqu<strong>et</strong> (D), Miroir, op. cit, pp.18-19152 Br<strong>un</strong>schvig (R), <strong>La</strong> berbérie orientale,TII op cit, p.281153 Burzullī , TI, p121154 Br<strong>un</strong>schvig (R), <strong>La</strong> berbérie orientale, TII, op cit, p.281155 Al- Ṣiḳillī (A), Encyclopédie <strong>de</strong> la mé<strong>de</strong>cine populaire, TII, Dār al Fikr al Lubnānī, 1993, p 6027

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