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Figure 1.4 : Structure et fonctions du champ sportif (Pociello, 1991 54 )
Venue des Etats-Unis et gagnant la France au début des années soixante-dix, la « folie de
la course 55 » contée en détail par Segalen rassemble bientôt des millions de français qui –
sous les effets d’une disposition commune à la contestation à la fin des années soixante qui
touche en priorité les étudiants et certaines fractions de cadres – veulent courir libres et
loin des stades, espaces étroitement assignés par les institutions.
Des coureurs bénévoles réunis en associations régies par la loi de 1901 commencent à organiser
des compétitions dont l’idée maîtresse est de réunir tous les coureurs, quel que soit
leur niveau, dans des « courses populaires » ou « courses de masse » où « épreuve
et plaisir
peuvent et doivent faire bon ménage 56 » et où tous reçoivent la même médaille.
Ces rassemblements prennent principalement la forme de courses
de fond et de grand
fond : semis marathons (21,975 Km) et marathons (42,195 Km).
Pour Yonnet, l’endurance – faculté qu’a l’organisme d’accomplir un effort musculaire de
faible intensité permettant l’établissement d’un équilibre entre l’apport d’oxygène et sa
consommation – témoigne d’un renversement de tendance d’une société en pleine croissance
économique qui ne prônait jusque là que la « vitesse » et la « résistance » et sent le
vent tourner a u début
des années soixante-dix. « Il ne s’agit plus de courir pour la galerie
mais de durer 57 . »
La mode ainsi lancée, qui renoue avec les courses populaires du XIX
prit
e siècle, est en totale
contradiction avec les normes de la course établies par la Fédération Française
d’Athlétisme (FFA). C’est « l’image inversée de l’athlétisme de stade 58 » présentée par
Defrance : course pour soi/course pour la performance, cadre naturel/cadre artificiel, es
pacifique/esprit agressif, autonomie/encadrement étroit, style libre/normes techniques.
Sur le Marvejols-Mende, symbole de la nouvelle course libre, créé en 1973 en Lozère, les
coureurs parcourent 25 kilomètres en grimpant à plus de 1 000 mètres d’altitude en plein
soleil. Mais leurs efforts sont récompensés par un dîner bien arrosé qui rassemble tous les
54 è
POCIELLO C., « Le futur comme une nouvelle forme d’enjeu », Sport et pouvoir au XX siècle, Grenoble :
Presses Universitaires de Grenoble, 1994.
55
SEGALEN M., Les enfants d’Achille et de Nike, Paris : Metaillé, 1994.
56
SEGALEN M., Les enfants d’Achille et de Nike, Paris : Metaillé, 1994.
57
YONNET P., Jeux, modes et masses, Paris : Gallimard, 1985.
58
DEFRANCE J., « La course libre ou le monde athlétique renversé. Sociologie des représentations
collectives de deux variantes de la course à pied », Travaux et recherches en EPS. Histoire sociale des
pratiques sportives, 1985, INSEP, p. 128-136.
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